interprétation philosophique Isocrate

« EDS.HLP.S1.

Texte d’Isocrate, extrait de Sur l’échange Question d’interprétation philosophique . Le texte d’Isocrate, extrait de son ouvrage Sur l’échange, met en avant les nombreux mérites de la parole afin de montrer que tout le pouvoir de celle-ci réside dans le lien étroit qu’elle entretient avec la notion de pensée.

C'est la raison pour laquelle à la fin de sa longue énumération des pouvoirs de la parole, l'auteur présente celle-ci comme « guide » de toutes nos pensées (et par suite de toutes nos actions). L'auteur commence par montrer que la conscience humaine constitue le fondement commun à la parole et la pensée .

La parole se définit comme l'expression personnelle, libre et nouvelle dont fait preuve un individu humain.

Cette expression est également compréhensible pour autrui.

Elle réside dans l'appropriation des données d'une langue particulière et du langage général.

Ainsi la parole apparaît bien comme une activité consciente dans la mesure où elle témoigne de la capacité qu'à l'homme de se détacher d'une expression spontanée de ses besoins pour se représenter la réalité extérieure, tout comme sa propre intériorité, d'une manière subjective et communicable.

Cela renvoie au pouvoir de nous "affranchir de la vie sauvage », comme l'indique l'auteur, et ceci, en clarifiant notre volonté, en usant de notre capacité à convaincre et en se donnant des valeurs (« la justice et l'injustice », « le mal et le bien ») qui serviront de limites et de repères pour nos actions (d'où l'existence de lois).

Il est bien ici question de pensée avant tout puisque la pensée se définit par la faculté d'exprimer des réalités abstraites : c'est une activité intellectuelle qui suppose le travail de la raison mené par sujet de façon autonome.

Ce travail intellectuel requiert de l'attention et de la concentration de la part du sujet, qui elles-mêmes ne sont possibles que grâce à une mise à distance de ce qui est spontanément vécu par celui-ci, grâce à une prise de recul par rapport au monde et aux lois de la nature. Parole et pensée sont donc toutes les deux des activités conscientes qui semblent d'ailleurs confondues dans le terme grec « logos » (repris ici par Isocrate) qui désigne le discours construit par la raison et laisse entendre que la parole est à la fois l'expression construite d'une pensée et l'intention de communiquer cette pensée. Si la parole et la pensée ont un fondement commun, elles se rejoignent également à travers la finalité qu'elles visent . Sur le plan théorique, parole et pensée visent la vérité.

En effet, la parole est source de connaissance puisqu'elle construit des « arguments » et qu'elle permet d'« analyser des problèmes ».

Elle donne ainsi une structure à la pensée et par conséquent elle la fait exister.

C'est dans les mots qui lui donnent un cadre que la pensée prend forme, qu'elle élabore des jugements logiques et apprend ainsi à se découvrir elle-même.

Les concepts sont des cadres qui permettent de départager le vrai du faux, de qualifier ce qui existe : comme l'énonce l'auteur, en se faisant pensée, la parole se donne ainsi les moyens de démasquer la malhonnêteté et l'ignorance comme de reconnaître la vertu et la sagesse.

Hors des mots, la pensée se réduit à contenu vague et confus.

C'est par la parole que la pensée prend une forme aboutie et maîtrisée en mettant à distance ses ressentis. Par suite, sur le plan pratique, parole et pensée visent aussi le bien, l'action juste.

C'est ici encore le lien qu'elle entretient avec la pensée qui justifie l'impact direct de la parole sur le réel.

En effet la parole est source d'action morale puisqu'elle pose un cadre à celle-ci, puisqu’elle permet à l'individu de s'orienter dans ses choix et ses initiatives, puisqu’elle le fait agir en consultant sa raison sans se contenter de suivre simplement son instinct.

La parole rend possible une action qui tient compte de l'existence d'autrui.

Elle fait tendre les individus vers l’harmonisation de leurs intérêts par son intention de communiquer, par le dialogue qu'elle met en œuvre et à travers lequel a lieu une confrontation d'idées.

La fonction politique et pacifiste de la parole va de pair avec une pensée qui s'ouvre à la. »