Intermezzo de Jean GIRAUDOUX (Résumé & Analyse)

« Après Amphitryon 38 (1929) et Judith (1931), Intermezzo est, en 1933, la troisième pièce de Giraudoux mise enscène par Louis Jouvet.

Dans cette pièce, Jouvet a trouvé « un vrai texte », une élégance verbale essentielle poursoutenir le jeu de l'acteur.Le titre Intermezzo a été choisi par Giraudoux pour deux raisons : il s'agit d'un intermède dans ses sourcesd'inspiration, car Intermezzo n'évoque ni légende grecque ni mythe antique, ses sujets privilégiés ; la pièce est aussiun intermède de fantaisie et de rêve dans la réalité quotidienne, mesquine et dérisoire. Dans un petit village du Limousin, une jeune institutrice entretient des rapports étranges avec un mystérieuxspectre.

De curieux phénomènes se produisent qui déroutent les notables.

Giraudoux donne libre cours à safantaisie... ContexteEcrite et présentée au plus fort de la collaboration entre l'auteur et Louis Jouvet, cette pièce connaît un fortsuccès.

Comme dans la plupart des oeuvres de Giraudoux, le surnaturel y tient une place prépondérante. Principaux personnages- Isabelle, jeune institutrice douce et rêveuse ;- le contrôleur, amoureux d'Isabelle ;- l'Inspecteur, spécialiste du surnaturel, envoyé spécialement de Limoges ;- le droguiste ;- le spectre, beau jeune homme doux et convainquant. RésuméLe maire, le droguiste, l'inspecteur et le contrôleur ont rendez-vous dans un champ, à l'abri des regards indiscretsafin de convenir de la marche à suivre pour se débarrasser d'un spectre qui terrorise le village.

Ils attendent lesdemoiselles Mangebois - vieilles filles austères dont l'une est sourde - qui doivent leur faire des révélations.

Lessoeurs accusent Isabelle d'être responsable de tous ces maux.

Celle-ci, convoquée, arrive avec sa classe, de retourd'un cours en plein air.

Sa pédagogie, véritable hymne à la beauté de la nature et au rêve, est mise à mal parl'Inspecteur, qui confie la classe au contrôleur.

Restée seule, Isabelle, comme tous les soirs, s'entretient avec lespectre.

Ce dernier essaie de la convaincre de le rejoindre au royaume des Morts.

Doté de pouvoirs nouveaux,l'Inspecteur embauche deux bourreaux à la retraite pour tuer le spectre.

Cachés, ils attendent que celui-ci rejoigneIsabelle et lui tirent dessus.

Alors que le spectre renaît aussitôt, Isabelle tombe dans une sorte de coma, dont seull'amour du contrôleur pourra la sortir.

Aidé du droguiste et du "Choeur Provincial", formé de tous les personnages etdes petites filles, il tente de persuader la jeune fille de la beauté d'une vie humaine simple...et y parvient.

Lespectre s'en va et tout rentre dans l'ordre.

Le monde à l'enversLa petite ville est en effervescence.

Il se passe des phénomènes étranges depuis que Mlle Isabelle remplacel'institutrice.

Toute la morale bourgeoise est « cul par-dessus tête » : le plus pauvre gagne le gros lot à la tombola,on répond sincèrement aux questionnaires officiels, et Isabelle a, dit-on, des rendez-vous avec un spectre qui rôdeaux alentours.

L'inspecteur d'Académie, dont la spécialité est la chasse au surnaturel, arrive tout exprès de Limogespour mettre fin à ces désordres intolérables.

Aidé des notables locaux, le maire, le droguiste et le contrôleur despoids et mesures, il espionne la charmante Isabelle et constate qu'elle fréquente bel et bien un spectre qu' elleretrouve tous les soirs.

Il décide de procéder à un examen de sa classe avant de prendre des sanctions : Isabelleadopte une pédagogie curieuse qui le met dans une rage folle.

Il veut aussi tuer le spectre.

Mais son rationalisme etses pièges sont impuissants contre l'invisible.

Seul l'amour du contrôleur réussit à désenchanter Isabelle, et toutredevient alors normal : « L' argent va de nouveau aux riches, le bonheur aux heureux, la femme au séducteur.

» La route du bonheur humainL'inspecteur est un personnage caricatural: il incarne un rationalisme étroit, imperméable à l'imagination.

Tous sesgestes sont guidés par la routine administrative, dans ce qu'elle peut avoir de plus inhumain.

Isabelle est sonantithèse : elle apprend à ses élèves les mystères de la nature dans une classe en plein air, leur montre commentdialoguer avec l'au-delà, leur enseigne comment « le mystère s'installe sur le moment le plus vulgaire ».

Grâce auspectre, elle se familiarise avec la mort.

Pour Giraudoux, Isabelle est malgré tout prisonnière d'un univers surnaturelet court au danger.

Elle semble flotter entre la vie et la mort.

Le dénouement dégage une philosophie humaniste,entre la tentation du surnaturel et le positivisme borné de l'inspecteur : le droguiste ramène Isabelle à la vraie vie enlui montrant, dans un langage poétique, les pouvoirs de l'amour humain.

Revenue à la réalité, elle peut trouver lebonheur avec le contrôleur.. »