Insecticides

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On estime à 3 millions le nombre d'espèces d'insectes actuellement existantes et à un milliard de milliards le nombre d'individus vivant à un instant donné.

Par le nombre, le monde des insectes se trouve donc en tête, et de loin, du règne de la vie.

Parmi cette multitude, seule une faible proportion (0,1 Ofo), représentant néanmoins un nombre considérable d'Individus, est nuisible à l'homme, en propageant des mala· dies ou en détruisant des récoltes.

La grande majorité est inoffensive, quelquefois utile ou même indispensable (pollinisation).

2.

Longtemps désarmé contre les fléaux apportés par certains insectes (malaria, peste, typhus, maladie du sommeil, etc.), l'homme apprit tardivement à lutter contre eux au }"Oyen de substances chimiques: le pétrole répandu sur les marais tuait les larves de l'anophèle, vecteur de la malaria; l'arséniate de plomb et la nicotine empoi­ sonnaient les insectes qui les absorbaient.

Toutefois ces substances, que l'on peut qualifier d'insecticides de la première génération, restaient d'une efficacité limitée.

3.

La première arme puissante dans la lutte contre les insectes ne fut découverte qu'au début des années quarante, avec la synthèse du DDT (dichlorodiphényltrichloré· thane): un simple contact avec l'insecticide suffisait, dans les premiers temps, à pro­ voquer la mort.

Au bout de quelques années pourtant, la plupart des insectes avaient acquis l'Immunité vis-à-vis du DDT.

Alors s'engagea une sorte de course entre les chimistes, synthétisant des insecticides de plus en plus puissants, et les insectes, s'accoutumant rapidement à chaque nouveau poison.

4.

Conséquence de cette compétition qui dure encore, la production annuelle d'insecticides atteint des tonnages considérables.

Les substances toxiques déversées dans la nature.

mais progressivement tolérées par les insectes, menacent l'ensemble du règne animal, à commencer par les oiseaux insectivores.

L'Américaine Rachel Carson, dans " Le Printemps silencieux "• donne l'alarme: là santé publique même est en danger.

Plus grave encore, l'anophèle s'accoutume aux insecticides, en même temps que le microbe responsable aux drogues antipaludéennes, provoquant ainsi une recrudescence de la malaria.

La peste, de même, regagne du terrain.

5.

Au moment où le besoin d'une troisième génération d'insecticides se fait sentir avec acuité, le progrès des connaissances dans la physiologie des insectes apporte l'espoir d'une solution.

Une substance sécrétée par tous les insectes (hormone juvé­ nile) à certains stades de leur métamorphose (jeune larve et adulte complet) leur est néfaste aux autres stades.

Si l'œuf ou l'insecte est mis en contact avec l'hormone juvénile pendant ces périodes, il ne peut poursuivre sa croissance normale et meurt.

6.

L'hormone juvénile parait n'avoir d'action que sur les insectes, à l'exclusion de toute autre forme de vie, et pourrait donc être l'Insecticide parfait.

Sa structure molé­ culaire ayant été élucidée, des substances analogues ont pu être synthétisées, qui possèdent le même pouvoir.

Fait curieux, un sapin américain, Inconnu en Europe, produit une substance de ce type, que l'on retrouve dans le papier fabriqué aux Etats-Unis et au Canada.

Au contraire du papier européen, le papier américain se trouve donc doué d'une activité Insecticide, ce qui d'ailleurs a provoqué la découverte de la substance. 2 / 2. »