INGMAR BERGMANN
Publié le 06/12/2021
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Cependant, aucune des œuvres réalisées jusqu’alors par Bergman ne prépare le public au choc que suscite Le septième sceau en 1957. Le titre est emprunté à l’Apocalypse. L’atmosphère de fin du monde qui règne dans cette œuvre austère (qui se déroule au Moyen Âge dans une Suède ravagée par la peste) sert de cadre à une ambitieuse allégorie de la vie et de la mort. Le personnage principal, Antonius Block, est un chevalier idéaliste qui rentre chez lui après les croisades. Au bord de la mer, il rencontre la Mort avec laquelle il commence une partie d’échecs, dont l’issue va déterminer son sort.
Parallèlement, Block poursuit son voyage en compagnie de son écuyer Jons, un «dur-à-cuire» cynique. Ils rencontrent divers personnages: un pillard, des chrétiens se flagellant pour expier leurs péchés, une jeune fille qui va être brûlée comme sorcière. Mais aucun ne leur apporte d’explication au chaos qui règne sur Terre. Le chevalier ne trouve d’autre certitude ou consolation que de poursuivre obstinément sa quête, dans l’espoir de comprendre un jour ce mystère. Block, Jons et leurs compagnons arrivent enfin au terme de leur voyage -au sens à la fois littéral et métaphorique du terme, puisque la partie d’échecs est terminée et que la Mort est en vue.
Ce film sombre mais passionnant, tourné en noir et blanc et primé au festival de Cannes, trouve un large public en Europe. Bergman confirme la même année sa réputation avec le film suivant, Les fraises sauvages.
Les fraises sauvages
Comme Le septième sceau, ce film est un récit de voyage. Tous deux sont cependant très différents. Le personnage principal, Isak Borg, un professeur de médecine à la retraite, se rend à Lund, pour y recevoir un titre honorifique. Le rôle est interprété par le réalisateur et acteur Victor Sjôstrôm, que Bergman considère comme son maître et qui apparaît à l’écran pour la dernière fois.
Un cauchemar lui fait perdre la maîtrise de lui-même et provoque une introspection qui transforme ce déplacement en un véritable voyage initiatique. Il revoit les lieux qu’il a fréquentés dans son enfance, replonge dans ses souvenirs et accepte ses échecs. Selon les termes mêmes de Bergman, le vieil homme atteint « la clarté et la
Kobal Collection
réconciliation». Le septième sceau et Les fraises sauvages marquent l’apogée de l’œuvre de Bergman, car au fil des ans ses films deviennent plus ardus et moins populaires.
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Arts
et Culture INGMAR [
BERG MANN
1
Les œuvres ambitieuses, austères
et souvent déchirantes, du metteur
en scène suédois Ingmar Bergman
ont contribué à placer le cinéma
au même rang que le roman,
le théâtre ou la peinture.
1 ngmar Bergman est né le 14 juillet 1918 à Upp
sala, en Suède.
Son père, un pasteur luthérien,
lui impose une éducation très stricte.
Le carac
tère austère de la religion luthérienne transparaît
d'ailleurs dans nombre de ses films: ses person
nages portent souvent en eux une profonde bles
sure émotionnelle et sont en outre confrontés au
doute religieux.
Enfant, Bergman est fasciné par
le théâtre; étudiant, il dirige et interprète de nom
breuses pièces à l'université de Stockholm.
Après
ses études, il entame une longue carrière théâ
trale qu'il va mener de pair avec son œuvre ciné
matographique qui est nettement plus connue.
En 1944, Bergman écrit le scénario d'un film
qui remporte un grand succès, Tourments.
Réa
lisé par le plus grand metteur en scène suédois
de l'époque, Alf Sjôberg, cette première œuvre lui
permet de réaliser l'année suivante son propre
film: Crise.
Si Tourments, adapté d'une pièce
danoise, reste encore inégal, son héros exprime
déjà les doutes, les appréhensions et les aspira- tions
personnelles du réalisateur.
Puis après
Bateau pour les Indes (1947) et Prison (1949),
son style s'affirme avec deux films: ln soif (1949)
et Vers la joie (1950), qui abordent le thème du
couple en crise.
Jeux d'été (1951) et Monika
(1953), deux histoires d'amour exaltant la nature
et les feux éphémères de la passion, le font
mieux connaître.
Comme pour ses chefs-d'œuvre
ultérieurs, Bergman est à la fois scénariste et réali
sateur.
Il constitue également une équipe, à la
fois de techniciens et d'acteurs, qui travaillent
toujours ensemble, comme une compagnie théâ
trale, ce qui confère à ses films un certain style.
Le succès international
C'est une comédie romantique pleine de quiprcr
quos, Sourires d'une nuit d'été (1955), qui vaut à
Bergman une réputation internationale.
Dans ce
film, qui reçoit le prix spécial du jury au festival
de Cannes, on frôle constamment la tragédie
comme, par exemple, dans la scène où deux
rivaux en amour s'affrontent en jouant à la rou
lette russe.
En fait, la balle qui «tue•• l'amoureux
n'est remplie que de suie, si bien que seul
l'amour-propre du héros est touché.
Les drames de Bergman sont le reflet
de la grande tension psychologique .....
qui l'habite depuis sa plus tendre enfance.
fU!iillhih
Le cinéma p.
775
L'art du comédien p.
859
Les grands réalisateurs p.
3483 .1 Scène extraite de Fanny et Alexandre a (1983).
Dans ce film, annoncé comme
sa dernière œuvre pour le grand écran,
Bergman s'est inspiré de sa propre histoire
ainsi que de celle de sa famille..
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