Indonésie 1998-1999 La victoire de Megawati
Publié le 16/09/2020
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Indonésie 1998-1999
La victoire de Megawati
Après une année de tempête politique et de désastre économique, l'Indonésie a
semblé connaître une accalmie en 1999 et entrer peu à peu en démocratie.
La
chute du président Suharto, le 21 mai 1998, après trente-deux ans de pouvoir
autoritaire, a été suivie d'une série de réformes politiques importantes.
La
liberté de la presse apparaissait désormais "acquise", plus de 1 000 nouveaux
titres ayant fait leur apparition depuis la fin de la dictature.
Le
multipartisme a été légalisé dès le mois de juin et, en novembre 1998,
l'Assemblée votait une série de textes organisant la tenue d'élections libres,
qui ont eu lieu le 7 juin 1999.
Ces dernières visaient à pourvoir 462 sièges à
la chambre basse (DPR), 68 sièges restant réservés par décret aux forces armées;
elles ont consacré la victoire du nationalisme intransigeant du Parti
démocratique indonésien - Combat (PDI-P) de Megawati Sukarnoputri.
En termes économiques, la roupie s'est stabilisée au taux de 8 000 pour 1 dollar
(premier semestre 1999) et l'inflation aura été de 61 % en 1998 durant la même
période.
Le rythme des licenciements a fortement diminué, et l'on notait même
une légère reprise de l'embauche dans le secteur des services, après une "série
noire" de banqueroutes.
Pourtant, les tensions sociales restaient fortes et
l'unité nationale se trouvait mise en péril par la renaissance de mouvements
séparatistes.
Une libéralisation politique limitée
Dès son accession à la Présidence, le 22 mai 1998, Bacharuddin Jusuf Habibie,
dauphin désigné du président Suharto, s'est trouvé contraint, pour désamorcer la
colère populaire, de rétablir certaines libertés publiques, comme le droit
d'association et d'expression.
Souhaitant engager le pays sur la voie d'une
réforme ("Reformasi") de grande ampleur, le nouveau chef de l'État a ainsi mis
fin au tripartisme de l'Ordre nouveau (en effet, depuis 1974, seuls trois partis
étaient autorisés à concourir lors des élections quinquennales: le PDI, le Parti
uni du développement - PPP - et le Golkar), et annoncé la tenue d'élections
libres.
Durant l'été 1998, des dizaines de partis politiques ont vu le jour.
Amien Raïs, critique virulent de Suharto et intellectuel islamique réformiste
dirigeant l'association Muhammadjiyah (laquelle affirme compter 26 millions de
membres), a créé le Parti du mandat national (PAN).
Il comptait rassembler les
suffrages des citadins des classes moyennes, mais son relatif échec électoral
(moins de 10 %) a laissé à penser que les nouveaux partis islamiques s'étaient
frayé un chemin dans les réseaux de l'islam réformiste.
Abdurrahman Wahid, le
leader de l'association conservatrice Nahdlatul Ulama (Renaissance des oulémas),
a fondé le Parti de l'éveil national (PKB), tablant sur le soutien des écoles
coraniques rurales pour rallier la petite paysannerie.
Megawati Sukarnoputri a
également profité de cette ouverture politique pour tirer avantage de la stature
mythologique que lui confère sa filiation avec Sukarno, premier président de la
République d'Indonésie et leader du mouvement nationaliste durant la période
coloniale.
Elle a tenu un discours nationaliste de plus en plus orthodoxe à
l'approche du scrutin, se déclarant notamment opposée à l'indépendance de Timor.
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