Indonésie (1994-1995) Nouveau durcissement du régime
Publié le 16/09/2020
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Indonésie 1994-1995
Nouveau durcissement du régime
L'ouverture politique prônée par le régime Suharto à partir de 1990 a pris fin
le 21 juin 1994 avec l'interdiction des trois hebdomadaires les plus lus, Tempo,
Editor et Detik.
Ils avaient profité du relâchement de la censure pour rendre
compte de sujets brûlants, tels une grave escroquerie bancaire impliquant des
proches du pouvoir ou le conflit opposant le ministre de la Recherche,
Bacharuddin Jusuf Habibie, à celui des Finances, Mar'ie Muhammad: le premier,
favori de Suharto et détesté par l'armée, réclamait 1,1 milliard de dollars pour
rénover 39 bateaux de guerre qu'il avait achetés à l'ex-RDA; le second a sabré
ce budget des deux tiers.
A la suite de cette triple interdiction, des manifestations ont eu lieu pour
défendre la liberté de la presse et une Association des journalistes
indépendants (AJI) s'est créée, publiant sans permis un journal, Independen.
Mais la presse, dans son ensemble, est revenue à l'autocensure.
En mars 1995,
une vague d'arrestations a frappé des membres de l'AJI, ainsi que des étudiants
appartenant à la Fondation Pijar, qui s'est donné pour objectif de coordonner la
contestation.
Par ailleurs, fin 1994, un décret renforçait le contrôle du
pouvoir sur les ONG (organisations non gouvernementales).
L'une d'elles
n'a-t-elle pas porté plainte (sans succès, bien sûr) contre le président Suharto
lui-même pour avoir alloué à l'usine aéronautique de B.J.
Habibie des fonds
prévus pour le reboisement?
Le durcissement a également été sensible dans la suite donnée à la grève de
Medan en avril 1994: les dirigeants du syndicat indépendant Prospérité (non
autorisé) ont été condamnés à quatre et trois ans de prison.
Quant aux familles
de paysans contestataires qui luttaient depuis des années pour obtenir une
indemnisation plus équitable de leurs terres, noyées par le barrage de Kedung
Ombo (Java-Centre), et à qui un juge avait très étonnamment donné complète
satisfaction en juillet, elles ont vu ce jugement annulé dès novembre 1994 par
la Cour suprême.
Une opposition toujours existante, mais surveillée
Si la santé du président Suharto (soixante-quatorze ans) a donné des inquiétudes
en août 1994 - l'empêchant de se rendre à la conférence internationale sur la
population et le développement qui s'est tenue au Caire du 5 au 13 septembre
1994 -, il n'en a pas moins continué de renforcer son contrôle sur les
institutions et notamment l'armée, en plaçant à sa tête, en février 1995, le
général Hartono, son ancien aide de camp, musulman pratiquant, proche de la
faction Habibie.
D'autres généraux, proches de l'ancien homme fort, le général
Murdani, ont été écartés.
L'armée est apparue de plus en plus divisée entre pro-
et anti-Suharto.
Par ailleurs, deux députés contestataires ont été "rappelés" et
remplacés, pratique qui n'est pas inhabituelle.
Lors du troisième congrès du PPP (Parti unité développement; opposition), fin
août 1994, des personnalités du Nahdatul Ulama (NU, Renaissance des oulémas) ont.
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