Indonésie 1992-1993 Les succès de Suharto
Publié le 16/09/2020
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Indonésie 1992-1993
Les succès de Suharto
Comme on pouvait s'y attendre malgré les revendications d'opposants réclamant
une candidature multiple, le général Suharto a été comme d'habitude, l'unique
candidat présidentiel à qui l'Assemblée consultative du peuple (dont 60% des
membres sont nommés) a accordé à l'unanimité, le 10 mars 1993, un sixième mandat
de cinq ans.
Fait sans précédent, Guruh, fils de l'ancien président Sukarno
(1945-1967), s'était officiellement porté candidat, mais il n'a pas été soutenu
par son parti, le Parti démocratique indonésien (PDI, chrétien-nationaliste).
Suharto devant avoir soixante-dix-sept ans en 1998, le choix du vice-président -
au rôle jusqu'ici des plus modestes - a revêtu une importance particulière.
Les
forces armées ne s'y sont pas trompées et pour ne pas voir se renouveler leur
déconvenue de 1988, elles ont mis Suharto devant le fait accompli en prenant
l'initiative de désigner comme candidat leur commandant en chef, le général Try
Sutrisno, cinquante-sept ans, javanais et bon musulman, donc successeur
possible.
Réduisant à néant rumeurs et calculs, les trois autres formations (PPP
- Parti unité développement -, PDI et Golkar) ont suivi et Try Sutrisno a été
élu le 11 mars.
L'armée dont l'homme fort, le général Murdani, ne cachait plus
qu'il souhaitait le retrait de Suharto, a marqué ainsi sa volonté de s'assurer
un rôle dominant dans l'après-Suharto.
Succession et nouveau gouvernement
Le chef de l'État a, par ailleurs, favorisé l'ascension accélérée du général
Wismoyo Arismunandar (cinquante-trois ans), son beau-frère à qui il a confié en
avril 1993 la direction de l'armée de terre.
Il apparaissait comme un dauphin
possible pour 1998.
Suharto a placé des généraux qui lui sont personnellement
attachés aux postes clés, afin de renforcer sa position face à la grogne
militaire.
Le gouvernement mis en place en mars 1993 a également porté sa marque et
témoigné d'une volonté de rajeunissement et de renouvellement du pouvoir.
On n'a
compté que huit militaires sur quarante et un ministres (au lieu de onze dans le
précédent) mais vingt-deux nouveaux nommés.
Des rivaux potentiels, comme le
général Murdani, ont été écartés.
Le changement le plus frappant a été le départ
des "technocrates" formés aux États-Unis, qui avaient piloté l'économie
indonésienne à partir de la fin des années soixante dans la voie de la
libéralisation.
La tendance du "nationalisme" aura été, en revanche, bien
représentée.
Son chef de file, le ministre de la Recherche, Bacharuddin Jusuf
Habibie, un intime de Suharto (qui l'aurait peut-être voulu à la
vice-présidence), a préconisé de privilégier un progrès technologique rapide et
des industries de pointe (aéronautique), que les "technocrates" jugeaient
coûteuses.
Sans doute n'est-ce pas un hasard par ailleurs, si le nombre des
ministres chrétiens a fortement diminué par rapport à 1988 puisque Suharto, face
à une armée qui a pris ses distances, a recherché l'appui des milieux musulmans.
Des violences (églises attaquées ou brûlées) ont opposé les deux communautés
religieuses à Java est et Sumatra nord à la fin de 1992, montrant la fragilité.
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