Indonésie 1985-1986 Révolution verte et choc pétrolier
Publié le 16/09/2020
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Indonésie 1985-1986
Révolution verte et choc pétrolier
L'année 1985 a été celle des anniversaires.
Apparaîtra-t-elle comme celle des
grands tournants? Quarante ans après la proclamation de l'indépendance (17 août
1945), trente ans après la conférence de Bandung (25 avril 1955) et vingt ans
après l'émergence du régime d'Ordre nouveau du général Suharto (1er octobre
1965), l'Indonésie s'est libérée de la contrainte alimentaire avec la
confirmation du succès de sa révolution verte.
Mais elle a dû faire face à la
convergence de trois défis: l'islamisme, l'extension du chômage, et la menace
d'une grave crise économique liée à la chute du prix du pétrole.
Les mois qui ont suivi les désordres islamiques et terroristes de la fin 1984 et
du début 1985 ont vu un certain retour au calme.
De la rue, la scène politique
s'est déplacée vers des lieux d'agitation plus feutrés: les allées du pouvoir et
les tribunaux.
Après sa "désislamisation" par les militaires et son adhésion
contrainte à l'idéologie séculariste de l'État (Pancasila), le parti musulman
officiel (Partai Persatuan Pembangunan, PPP) s'est scindé en deux factions
concurrentes, "obligeant" le ministre de l'Intérieur à intervenir à plusieurs
reprises dans ses affaires internes pour y rétablir un semblant d'union.
Très
affaibli, ce parti, qui avait jusque-là rallié l'essentiel de l'opposition
officielle, ne semblait guère en mesure de résister au Golkar (parti
gouvernemental) lors des élections législatives de 1987.
Raidissement
Les procès des islamistes impliqués dans les émeutes de Tanjung Priok (12
septembre 1984) et dans les divers attentats qui ont suivi ont été rondement
menés jusqu'à la fin de l'année 1985.
Les condamnations ont été lourdes (de
quinze à vingt ans en moyenne).
Parallèlement, le général Dharsono, qui avait
mis en cause le gouvernement dans l'affaire de Tanjung Priok, a été jugé pour
subversion, et son flirt avec les islamistes lui a valu une peine de dix ans de
prison (décembre 1985).
Ancien secrétaire général de l'ANSEA, et l'un des
fondateurs de l'Ordre nouveau, Dharsono anime depuis plusieurs années un groupe
de généraux en retraite devenus hostiles au président Suharto.
Le vieillissement du régime, la radicalisation et l'alliance éventuelles des
oppositions autour de l'islamisme, la diffusion dans les couches urbaines d'un
mécontentement lié aux difficultés sociales et la crainte d'une contagion de
l'exemple philippin (la chute du président Marcos) ont amené un certain
raidissement de la part du groupe dirigeant.
En outre, à un an des élections
législatives d'avril 1987, était à nouveau posé le problème de la succession du
général Suharto (né en 1921) dont le quatrième mandat présidentiel s'achève en
1988.
Les peines prononcées contre les islamistes et les généraux d'opposition
et la publicité donnée à leurs procès, mais aussi peut-être l'exécution de
plusieurs communistes emprisonnés depuis 1965, ont constitué autant
d'avertissements à l'opinion politique.
La réorganisation du système de défense
territoriale qui vise à améliorer l'efficacité en réduisant de dix-sept à huit
le nombre des commandements régionaux a aussi été interprétée comme un.
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