Inde (1982-1983) L'explosion des régionalismes
Publié le 16/09/2020
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Inde 1982-1983
L'explosion des régionalismes
Depuis 1948, l'histoire de l'Inde s'identifie au destin de la famille Nehru, une
dynastie élue qui domine le pays et ses quelque 730 millions d'habitants.
Nehru
était hier Premier ministre ; aujourd'hui, c'est sa fille Indira Gandhi, 66 ans
en 1983, qui est au pouvoir depuis 1966 - à l'exception d'une éclipse entre 1977
et 1980.
Trois ans après son triomphal retour au pouvoir en janvier 1980, Indira Gandhi
semblait avoir toutefois perdu de son charisme auprès des foules indiennes.
Son
fils aîné, Rajiv, l'héritier présomptif de la couronne, avait du mal à
s'imposer.
Tout au long de l'année 1982 et au début de 1983, les résultats des
élections partielles et régionales ont traduit un désenchantement de l'opinion,
une usure du pouvoir.
Ce n'était pas encore la montée des périls pour la
dynastie Nehru, mais le pouvoir central était grignoté par l'émergence
d'oppositions multiformes à base régionaliste, même si celles-ci ne pouvaient
s'additionner: qu'existe-t-il de commun en effet entre un sikh et un Assamais?
Paradoxe enfin d'une Inde qui paraissait douter d'une Indira qui, en 1982 et
1983, s'était pourtant imposée comme jamais sur la scène internationale, à
Washington, Rome, Paris et enfin à New Delhi où elle a présidé en mars 1983 le
Mouvement des non-alignés, créé par son père.
Politicienne dans l'âme, Indira Gandhi sait que cette reconnaissance mondiale
n'assurera jamais son pouvoir dans son pays.
Elle a ainsi affronté
l'inextricable problème de l'Assam, cet État des confins de l'Inde, à 3 000 km
de New Delhi, où elle s'est rendue à deux reprises au cours du premier trimestre
1983.
Plusieurs millions d'"immigrés" (deux à cinq millions) sont à l'origine
des troubles dans cet État de vingt millions d'habitants.
Attirés par la
richesse de l'Assam, ces immigrés en général musulmans, à la différence d'une
population locale hindouiste, ont plutôt mieux réussi dans les affaires,
l'administration ou l'agriculture que les Assamais de souche.
Entraînée par des
étudiants diplômés et chômeurs, la population de l'Assam a laissé éclater son
ressentiment, dénonçant pêle-mêle ceux qu'elle appelle les "immigrés" et New
Delhi qui "pille ses richesses naturelles" (notamment le thé et le pétrole dont
l'Assam est un grand producteur mais dont il retire peu de profits).
Cette agitation, relayée par les membres des tribus qui constituent une part
importante de la population, a dégénéré en une violence endémique, obligeant le
pouvoir central à dépêcher en permanence des milliers de militaires sur place.
En quatre ans, ce conflit lointain a fait des centaines de morts.
Mais ce sont les élections locales organisées en février 1983 par Mme Gandhi qui
ont mis le feu aux poudres.
Durant les quelques semaines de parodie de campagne
électorale et de scrutin, au moins 2 500 habitants de cet État, toutes
communautés mêlées, ont été massacrés à coups de machettes, flèches ou haches,
30 000 maisons ont été brûlées et des milliers de réfugiés ont quitté l'État.
Les associations nationalistes assamaises avaient appelé au boycott de ces
élections tant que des "immigrés" seraient inscrits sur les listes.
Seuls dix.
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