Imaginez le dialogue entre un poète partisan de la poésie de la douleur et un poète qui préfère une poésie de la célébration de la vie et du bonheur.

« Imaginez le dialogue entre un poète partisan de la poésie de la douleur et un poète qui préfère une poésie de la célébration de la vie et dubonheur . Votre dialogue doit vous faire réfléchir sur le but, la finalité de la poésie :- la poésie est-elle l'expression (et la libération) de la douleur du poète, lieu dans lequel il épanche son cœur, ses maux, etc.

?- la poésie est-elle l'expression de la joie, de la vie, du bonheur, lieu dans lequel le poète chante la vie, etc.

? Vos poètes devront argumenter pour chacune de ces conceptions de la poésie alors à vous de réfléchir et de trouver, avant, au brouillon,des arguments.

Pensez à illustrer les propos de vos personnages par des citations, des exemples de poèmes.Lors de votre dialogue, veillez à ce que vos deux personnages s'écoutent et se répondent.

Ils ne doivent pas tous les deux disserter surleur avis, sans prendre en compte la parole de l'autre.

Ils doivent dialoguer.

Veillez aussi à ne pas faire de leurs discours un catalogue dela Redoute des avantages de chaque type de poésie choisie !NB : chaque poète doit être convaincant et doit essayer de « casser » les arguments de l'autre.

Une bonne façon de le faire est dereprendre l'argument de l'adversaire (cela donne l'impression de bien écouter, de respecter l'autre).

Donc, vous reconnaissez l'argumentde l'autre mais immédiatement après, vous le détruisez ! Phrases, structures du type : « En effet, comme vous le rappelez trèsjustement… mais… = > Et là, vous ajoutez votre argument qui détruit la thèse de l'autre ! (Tour rhétorique très efficace). Simon ‒ Bonjour Martial, je viens de lire la préface de ton nouveau recueil C'est beau la vie et j'ai remarqué à quel point pour toi, lapoésie est le lieu de l'expression du bonheur.

Étrange ! Pour moi, vois-tu, la poésie est l'expression de mes souffrances et de meschagrins.

Jamais je ne penserais fêter le printemps ou louer l'alouette.

Mes vers me permettent d'avouer mes peines.

Chaque vers estl'expression d'un sanglot.Parfois même, quand je sens monter l'angoisse, j'écris.

Je tente de traduire en rythme et en mot ce sentiment.

Je pense toutefois que jen'arriverais jamais à écrire un nouveau Spleen 4.

Quel immense talent que celui de Baudelaire, dans ce poème, il parvient à merveille àévoquer l'angoisse qui progressivement l'envahit… « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle »… Martial ‒ C'est une conception assez égoïste et dépressive de la poésie je trouve.

Personnellement, quand j'écris, je ne pense pas à mesmaux, sinon j'écrirais un journal intime.

Mes vers me permettent d'exprimer la vie, la chance que nous avons d'être sur terre.

Mes vers mepermettent de rendre hommage à la nature, si belle… J'évoque également les fleurs qui naissent et éclosent et nous montrent à quelpoint nous avons de la chance d'être en vie.

Je trouve que dans notre société moderne, on oublie la notion de bonheur si chère auxLumières.

On pense à soi, à ses « alloc.

», à sa retraite.

On est aigri, on critique le patron plus riche, la collègue plus fine, le jardin duvoisin plus grand… Et on oublie d'être heureux ! Mais heureusement que la poésie est là pour nous rappeler que la vie c'est aussi lebonheur ! Simon ‒ Un peu simplette, voire simpliste non, cette conception de la poésie.

Notre rôle de poète n'est pas d'être amuseur public… Martial ‒ Non, le rôle du poète n'est pas d'être amuseur public.

Le rôle du poète est de rendre beau le monde, de rappeler au lecteur quele monde est beau et qu'en cherchant bien, le bonheur est à portée de main.

Pense à l'amour ! Quelle chance nous avons d'êtreamoureux ! Quel plaisir de succomber à l'amour, aux charmes d'une belle demoiselle ! Les plus beaux vers sont d'ailleurs ceux quichantent l'amour.

Rappelle-toi les sonnets de Ronsard ! Pense à « Mignonne allons voir si la rose » : le poète dépasse le thèmeconventionnel de la jeune fille belle à l'image de la rose.

Il donne de l'amour l'image d'un jeu intelligent mettant en œuvre des imagesgracieuses, évocatrices et des raisons pour séduire.

Et quel mélodie, quels termes choisis ! L'œuvre du poète doit être belle et rappeler lebonheur de vivre ! Simon ‒ Je ne partage pas cet avis.

Et que fais-tu de la douleur ? Tu me peins un monde bien loin de celui de la réalité.

Et la mort, ledécès, tu y penses ? Dans « Demain, dès l'aube », Victor Hugo parle à sa fille.

Le poème lui permet de créer l'illusion qu'il lui parle, qu'ilva la retrouver.

« Vois-tu, je sais que tu m'attends »… Et « je n'ai plus que les os », Ronsard s'imagine déjà mort : le poème lui permetd'anticiper la mort, de l'apprivoiser.

Il se peint dans l'état de cadavre évoque, cette réalité brutale et peu poétique : la mort est montrée àtravers la décomposition du corps : « décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé », « descendre », « désassemble », « dépouillé » – tous lespréfixes « dé ».

Malgré son appréhension (« Je n'ose voir »…), il l'évoque.Tu sais que la mort est au cœur de la poésie.

La mort qui constitue la plus aigue des absences et donc des souffrances.

Martial ‒ Mais justement, le poète peut essayer de montrer les aspects positifs de cela.

Par exemple, dans « Sur la mort de Marie »,Ronsard donne l'immortalité à Marie, grâce aux mots et à la métamorphose de la femme en fleur « ton corps ne soit que roses ».

Simon ‒ Il ne la fait pas revivre pour autant.

Pense au Le temps déborde , ce recueil de P.

Eluard publié quelques mois après le décès brutal et inattendu de sa compagne Nush.

Connais-tu le poème « Notre vie », c'est un texte dans lequel la mort de Nush devient celle dupoète.

Cette mort est vécue comme une rupture, un basculement.

Étonnamment, les mots « souffrance » ou « douleur n'apparaissent »pas.

L'expression de la douleur, du déchirement est traduite par la constante alternance vie/mort, visible/invisible, présence/absence quiapparaît comme une tentative désespérée du poète de faire réapparaître Nusch.Et d'ailleurs, tu me parles de l'amour, mais l'amour n'est pas que joie, et dans les poèmes, on trouve surtout des œuvres d'être déchiréspar la séparation… À vous de continuer, bon courage.. »