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imaginaire

Publié le 06/12/2021

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imaginaire n.m. (angl. Imaginary; allem. [das] Imaginàre). Catégorie de l'ensemble terminologique élaboré par J. Lacan, réel, symbolique et ima­ginaire, et constituant le registre du leurre et de l'identification.

L'ensemble terminologique et con­ceptuel «réel, symbolique, imaginaire« a fait l'objet d'un séminaire de Lacan en

1974-75, intitulé            On ne peut pen‑
ser l'imaginaire que dans ses rapports avec le réel et le symbolique. Lacan les représente par trois ronds de ficelle noués borroméennement, c'est-à-dire d'une manière telle que, si l'on défait l'un des ronds, les deux autres se défont aussi. (— mathème.)

Lacan parle du « registre imaginaire «, du «registre symbolique« et du réel. Ces deux registres sont des outils de travail indispensables à un analyste pour se repérer dans la direction de la cure, le réel étant à repérer comme de l'ordre de l'impossible. L'imaginaire est à entendre à partir de l'image. C'est le registre du leurre, de l'identification. Dans la relation intersubjective, quel­que chose de factice s'introduit tou­jours qui est la projection imaginaire de l'un sur le simple écran que devient l'autre. C'est le registre du moi avec ce qu'il comporte de méconnaissance, d'aliénation, d'amour et d'agressivité dans la relation duelle.


LE STADE DU MIROIR

Pour comprendre l'imaginaire, il faut partir du stade du miroir. Il est une des phases de la constitution de l'être humain qui se situe entre six et dix-huit mois, période caractérisée par l'imma­turité du système nerveux. L'enfant auparavant se vit comme morcelé, il ne fait aucune différence entre ce qui est lui et le corps de sa mère, entre lui et le monde extérieur. Porté par sa mère, il va reconnaître son image dans le miroir, anticipant imaginairement la forme totale de son corps. Mais c'est comme un autre, l'autre du miroir en sa structure inversée, que l'enfant se vit tout d'abord et se repère; ainsi s'ins­taure la méconnaissance de tout être humain quant à la vérité de son être et sa profonde aliénation à l'image qu'il va donner de lui-même. C'est l'avène­ment du narcissisme primaire. Narcis­sisme dans le plein sens du mythe car il indique la mort, mort liée à l'insuffi­sance vitale dont ce moment est issu.

On peut repérer ce temps de recon­naissance de l'image de son corps par l'expression jubilatoire de l'enfant, qui se retourne vers sa mère pour lui demander d'authentifier sa décou­verte. C'est parce que l'enfant est porté par une mère dont le regard le regarde, une mère qui le nomme — «oui c'est toi Pedro, Pierre, Paul, ou Jacques, mon fils« — que l'enfant prend rang dans la famille, dans la société, dans le registre symbolique. La mère l'instaurant dans son identité particulière, elle lui donne une place, à partir de quoi le monde pourra s'organiser, un monde où l'ima­ginaire peut inclure le réel et du même coup le former. On peut comprendre ainsi le stade du miroir comme la règle de partage entre l'imaginaire, à partir de l'image formatrice mais aliénante, et le symbolique, à partir de la nomina­tion de l'enfant, car le sujet ne saurait être identifié par rien d'autre qu'un signifiant, qui dans la chaîne signifiante renvoie toujours à un autre signifiant.


LES IDENTIFICATIONS DANS LA CURE

Il y a tout un travail dans la cure qui se fait autour des identifications. Malgré ses défenses et ses étreintes narcis­siques, le patient aura à reconnaître qu'il parle d'un être qui n'a jamais été que son oeuvre dans l'imaginaire : dis­cours imaginaire du patient qui semble parler en vain de quelqu'un qui lui res­semble à s'y méprendre, mais qui ne se joindra jamais à l'assomption de son désir.

C'est pourquoi le psychanalyste ne répond pas à ce discours et, à ne pas souligner par ses interventions ce qui est du registre imaginaire, à ne pas s'en­gager avec le patient dans sa méprise, permet à celui-ci de repérer la béance, la discordance primordiale entre le moi et l'être, son ex-centration en tant que sujet par rapport au moi; et, pour tenter de le dire simplement, passant du registre imaginaire au registre symbo­lique, c'est-à-dire avec un travail sur le signifiant, il permet au sujet, en tant que sujet désirant, d'advenir.

Le registre imaginaire est aussi un repérage d'un point de vue théorique. Par exemple, à propos du mot père, il importe de préciser si l'on parle du père réel, du père imaginaire ou du père symbolique.

Le père imaginaire est l'image pater­nelle née du discours de la mère, de l'image qu'il donne de lui et de la manière toute subjective dont cet ensemble d'éléments est perçu. (--« père réel, père imaginaire, père symbolique.)

LA DÉNÉGATION

Une des manifestations de ce qu'im­plique de méconnaissance le registre imaginaire est bien ce que S. Freud a appelé la Verneinung, c'est-à-dire la dénégation: «N'allez pas croire qu'il s'agit de ma mère «, dit le patient de Freud expliquant son rêve, et Freud immédiatement de conclure : «C'est sa mère. «


Le patient ne peut laisser parler le sujet, sujet de l'inconscient, que sous une forme niée. (—> dénégation.)

On retrouve la même difficulté pour ce qu'il en est du désir. L'homme n'a pas d'accès direct à son propre désir. C'est toujours en tant que « médiatisé « par le registre imaginaire qu'il peut en avoir quelque intuition; en effet, le désir de l'homme, c'est le désir de l'autre. Saint Augustin a décrit la jalou­sie violente (invidia) que ressent un enfant en regardant son frère de lait à la mamelle: c'est dans la complétude qu'il imagine de l'autre, l'enfant au sein, qu'il lui est possible de repérer son désir, mais il ne peut rien en dire.

Le registre imaginaire est le registre des sentiments que l'on pourrait écrire «senti - ment«: l'ambivalence en est la caractéristique.

On aime avec son moi, palais des mirages. L'objet est irrémédiablement perdu, l'objet substitutif ne peut donc qu'être interchangeable, mais on peut aussi, à l'opposé, évoquer l'histoire tra­gique de Werther: Werther, qui, à la vue d'une jeune fille donnant à manger à des enfants, tombe éperdument amoureux, amoureux jusqu'à en mou­rir.

Il y a là une rencontre, une coïn­cidence entre l'objet et l'image exacte de son désir.

imago n.f. (angl. Imago; allem. Imago). Terme introduit par C. G. Jung (1911) pour désigner une repré­sentation telle que le père (imago paternelle) ou la mère (imago mater­nelle), qui se fixe dans l'inconscient du sujet et oriente ultérieurement sa conduite et son mode d'appréhen­sion d'autrui.

L'imago est élaborée dans une rela­tion intersubjective et peut être défor­mée par rapport à la réalité. Ainsi, l'imago d'un père fort peut être substi­tuée à un père inconsistant dans la réa­lité.


inceste n.m. (angl. Incest; allem. Inzest). Relations sexuelles entre proches parents ou alliés dont le mariage est prohibé par la loi, par exemple père et fille, mère et fils, frère et soeur, oncle et nièce, tante et neveu.

Dans de nombreuses sociétés sont considérées comme incestueuses des relations entre de plus larges groupes de parents que les membres de la famille nucléaire (père, mère, fils, fille). Mais cela ne fait que confirmer l'uni­versalité de l'interdit lui-même et sa force. L'interdit de l'inceste, loi univer­selle réglant dans toutes les sociétés les échanges matrimoniaux, est le principe fondateur du complexe d'CEdipe.

Selon S. Freud, l'inceste est toujours inconsciemment désiré. Sa prohibition empêche pour l'être humain deux ten­dances fondamentales: tuer son père et épouser sa mère. Dans les sociétés modernes et de type occidental, son champ d'application est restreint psy-chanalytiquement au triangle père-mère-enfant et sa fonction est intériori­sée. Freud introduit dans Totem et Tabou (1912-13) le mythe originel du meurtre du père de la horde primitive, suivi de l'expiation des fils, pour rendre compte de l'intériorisation de cet interdit qui signe les débuts de la culture et de l'hu­manité comme telle.

Cette conception est contestée par C. Lévi-Strauss (le Totémisme aujour­d'hui, 1961), dont les travaux per­mettent de saisir, d'un point de vue structural, le clivage du couple nature-culture auquel s'articule la prohibition de l'inceste. Celle-ci ne dépend pas toujours des degrés de parenté réels, mais du rapport social qui désigne cer­tains individus au rang de père, mère, fils, soeur, etc. Aussi l'interdit de l'in­ceste est-il une règle qui a son origine dans la nature par son caractère d'uni­versalité, mais qui se fonde dans la culture, où elle est structurée par le langage. J. Lacan reprend cette dernière thèse en précisant que l'enfant ne peut


avoir accès au symbolique que par le concours de la loi édictée par le père, celle qui signifie l'interdit de l'inceste.

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