III. L’ère du soupçon ou les limites de la conscience (Marx/Nietzsche/Freud)
Publié le 05/03/2024
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III.
L’ère du soupçon ou les limites de la conscience (Marx/Nietzsche/Freud)
Les XIXe et XXe siècles ont infligé au sujet pensant plusieurs blessures narcissiques : l’humanité
consciente « Je pense donc je suis » (Descartes) est à chaque fois atteinte dans sa prétention
à la souveraineté consciente.
Le marxisme, en élaborant la théorie de l’idéologie, a voulu
dénoncer certaines illusions de la conscience.
Karl Marx donne au terme idéologie un sens
particulier : l’idéologie est l’ensemble des représentations (morales, religieuses, politiques…)
commune à une collectivité, non en raison de leur valeur ou de leur vraisemblance, mais parce
qu’elles correspondent à ses intérêts, réels ou imaginaires.
Dans une société, l’idéologie de la
classe dominante est partagée même par des individus dont elle ne sert pas les intérêts, parce
qu’elle s’impose à eux à leur insu – à travers la publicité, les journaux, les reality show…- Les
hommes croient qu’ils adhèrent librement aux valeurs partagées avec leurs semblables.
En
réalité, ce sont les conditions matérielles d’existence qui déterminent la conscience et non
l’inverse.
« On ne pense pas de la même manière dans une chaumière que dans un château » Karl Marx
« L’être social détermine la conscience sociale » Karl Marx
L’infrastructure détermine la superstructure » Karl Marx
La conscience ne forme donc pas un monde à part, ayant ses propres lois et son autonomie.
Elle est le produit des expériences et des rapports concrets de l’expérience et de l’histoire des
sociétés.
Quant aux représentations dominantes, elles ne sont décidées par personne en particulier,
pas même par les classes dominantes : elles sont déterminées par l’organisation matérielle
(économique) de la société et des rapports sociaux qui s’y nouent.
C’est ce que la théorie
marxiste de l’idéologie tente de montrer à travers l’idée de l’aliénation de la conscience.
Autre blessure narcissique : celle qui est venue de Nietzsche.
Ce dernier dénonce également
l’illusion de la souveraineté de la conscience : « A la surface de notre conscience apparaissent
une succession de pensées qui donnent à croire que chacune est la cause de celle qui la suit.
En
réalité, nous ne voyons pas la lutte qui se livre sous cette surface.
» Non seulement la
conscience ne serait qu’une vision partielle et déformante du monde mais, de surcroit, loin
d’être autonome, elle ne serait que l’effet obscur de la combinaison de nos instincts.
Pointe
visible d’un iceberg aux profondeurs insondable, la conscience serait en outre souvent
nuisible : les réussites de l’humanité proviendraient plus souvent d’un instinct aveugle que
d’une volonté consciente…
« Quiconque s’est fait du corps une représentation tant soit peu exacte -des nombreux
systèmes qui y collaborent, de tout qui s’y fait en solidarité ou en hostilité réciproque, de
l’extrême subtilité des compromis qui s’y établissent, etc.- jugera que toute espèce de
conscience est pauvre et étroite en comparaison.
[…] Ce dont nous avons conscience, que
c’est peu de chose ! A combien d’erreur et de confusion ce peu de conscient nous mène.
Et cette conscience que nous croyons avoir de nous-même se réduit souvent à l’image que,
dans un esprit moutonnier, nous allons chercher dans le regard d’autrui.
Chez Freud, qui repère....
»
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