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Ibos

Publié le 15/05/2020

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« 1 / 2 23 novembre 1966 Série C-4 Fiche N• 1470 Ibos 1.

Les 12 millions d'Ibos constituent la population dominante de la région orientale du Nigeria.

En 1966, lors des conflits qui opposent dans ce pays Nord et Sud, environ quinze mille d'entre eux ont été massacrés par les Nigériens du Nord, au cours de véritables pogroms.

En majorité, les Ibos sont convertis au christianisme, alors que le Nord du Nigeria est islamisé.

2.

Bénéficiant d'une scolarité plus poussée, les Ibos fournissaient au Nigeria des travailleurs spécialisés et la plupart de ses cadres, aussi bien dans les services publics que dans le secteur privé.

Ils occupent les postes d'officiers dans l'armée, tandis que les soldats se recrutent traditionnellement parmi les Haoussas et les Foulanis, guer­ riers musulmans du Nord.

Depuis l'indépendance, ces facteurs de tension n'ont fait que croître.

3.

En raison du manque de travail et de l'explosion démographique dans la région orientale, les Ibos ont émigré en masse vers les autres provinces (deux millions dans le Nord), mais l'assimilation leur a été refusée.

Malgré leur isolement, ils ont prospéré en exerçant la seule activité laissée à leur portée par les gouvernements locaux: le petit commerce et le crédit.

A l'échelle nigérienne, on a pu les comparer aux Armé­ niens de l'Empire ottoman, aux Juifs de l'Europe centrale ou aux Chinois d'Indonésie.

4.

Après avoir joué un rôle politique important (l'ancien président Azikiwe était un des leurs), les Ibos ont vu leurs aspirations déçues, le système fédéral permettant au Nord très peuplé (29 millions d'habitants) de dominer le Parlement et le gouver­ nement.

La révolution de janvier 1966, qui mit au pouvoir un Ibo, le général lronsl, constitua en partie leur revanche.

Les chefs musulmans du Nord furent exécutés et le nouveau gouvernement chercha à créer un Etat centralisé.

La réaction du Nord devait être violente; les premiers massacres d'Ibos eurent lieu en mai 1966.

5.

Deux mois plus tard, le général lronsi était à son tour renversé et assassiné lors de la révolution du colonel Gowon, un Nordiste non musulman.

Les pogroms anti-ibos s'intensifièrent jusqu'en septembre et semèrent la panique.

Le gouvernement de la région orientale décida de rappeler tous les Ibos se trouvant en dehors de sa juri­ diction.

Par convois entiers, ayant souvent tout abandonné, plus d'un demi-million d'entre eux regagnèrent leur pays d'origine.

Inversement, mais en nombre bien moins élevé, des Nordistes quittèrent le Sud.

Ces migrations internes semblent avoir com­ promis pour très longtemps tout espoir d'intégration nationale.

6.

La région orientale doit faire face aux graves problèmes posés par la subsistance du demi-million de réfugiés.

Les nouvelles ressources pétrolières exploitées sur son territoire (13 millions de tonnes de pétrole en 1965) n'apportent qu'un secours relatif, cette industrie absorbant peu de main-d'œuvre.

Les conséquences du rapatriement des Ibos sont également désastreuses pour le Nigeria tout entier, qui perd la plus grande partie de ses cadres.

La région orientale refuse de participer à l'élaboration d'une nouvelle fédération, et une sécession menace.

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