Hume (1711-1776): LA CONSTITUTION DE LA NATURE HUMAINE
Publié le 18/06/2020
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« Hume ? Les passions se répercutent dans l'imagination. Monde des règles généralisées, l'imagination est investie par les passions, qui sont le moteur des associations d'idées. Les règles d'association, tirées du monde de la nature, ou de celui de la civilisation (morale, lois civiles, coutumes, etc.), dirigent les passions et les corrigent ; à rebours, les passions les animent. 3. De l'esprit humain à l'entendement humain A. La constitution du monde naturel ? Les objets de ma perception ont une relative constance que je remarque. Cependant, dire que ces choses sont régulièrement les mêmes, ou changent selon des processus réguliers à chaque fois que je les perçois, ce n'est pas dire qu'elles ont la même existence en elles-mêmes, indépendamment de mes perceptions. Les choses nous paraissent bien continuer à exister lorsque nous ne les percevons pas, mais nos passions disparaissent lorsque nous n'y pensons plus. ? De même, rien ne garantit que ces choses qui se ressemblent, et que je perçois, sont à chaque fois les mêmes ; cependant, il me semble que la cohérence du monde est plus grande si j'admets l'identité d'une chose, et la continuité de son existence. Certes, une multitude de changements l'affecte en ses parties, pourtant la relation de causalité se maintient entre ses parties, même si celles-ci changent : l'identité d'une chose est comme celle d'une république, dont les membres meurent et se renouvellent, mais dont l'organisation et l'unité sont permanentes. ? Qu 'une chose soit la même et qu'elle existe en permanence, voilà ce que je m'imagine, mais ce dont je ne saurais m'assurer absolument. Habitué à toujours percevoir les mêmes choses dans le même ordre, l'esprit conçoit qu'il en est de même lorsqu'il ne perçoit pas : les choses sont plus cohérentes ainsi. ? Les fondements d'un monde tel que nous le concevons ne sont pas assurés en théorie ; il est impossible de démontrer que quelque chose existe. Cependant, quels que soient les doutes que je puis concevoir quant à la nature, il faut bien céder à son courant, et se conduire comme les autres hommes. Il ne faut pas cesser de croire au cours du monde parce qu'il nous semble contradictoire ou curieux. L'interrogation est aussi une attitude naturelle ; Hume trouve du plaisir dans la pratique de son scepticisme, c'est là 1'origine de sa philosophie. B. De la sympathie à la société humaine ? Le fond de 1'esprit humain est l'imagination. L'imagination est la même en tous : il n'y a rien qu'un homme puisse concevoir que je ne puisse concevoir aussi. L'universalité de l'imagination est le fondement de l ...»
«
Hume
(1711-1776)
LA CONSTITUTION DE LA NATURE HUMAINE
L ,
esprit humain n'a pas de nature origi,nelle ; sans facultés,
sans organisation interne, il se réduit à l'origine à un
ensemble incohérent d'idées, une collection ino,·ganisée de toutes les
impressions qui l'affectent et l'ont affecté.
L'esprit n'est au départ
qu 'imagination, non pas productrice d'idées neuves, mais reproduc
trice servile d'impressions reçues.
L'esprit humain se.
construit une
nature par la façon dont il associe ces idées, sous l'effet de règles qui
le dépassent et lui viennent du monde qui l'entoure.
Se forger une
nature et s'inculquer des règles, c'est se donner un entendement.
Les
règles de l'esprit sont issues essentiellement de la société, qui exige de
l'incohérence primitive de l'esprit humain une certaine constance des
passions, pour prix de leur satisfaction.
C'est donc la vie en société qui
donne une nature à l'esprit humain, en organisant en système la col
lection d'idées avec laquelle il se confond d'abord; c'est l'éducation de
la passion qui fait de l'imagination un entendement.
1.
Les
origines de la connaissance
A.
La théorie des impressions
■ L'esprit est une collection d'idées, atomes de pensée.
Les idées sont
simples lorsqu'elles ne sauraient être divisées ou séparées en plusieurs
idées, complexes lorsqu'elles peuvent être décomposées en idées
simples.
Chaque idée simple ressemble à une impression simple qui lui
correspond, qu'elle représente exactement et dont elle dérive.
Toute
idée provient donc de l'expérience sensible ou d'une composition de
l'expérience.
■ L'esprit est primitivement indifférent à la valeur respective de ses
idées, n'ajoutant aucune créance à l'une plutôt qu'à l'autre: il y a·
d'abord pour lui autant de chance que le soleil se lève ou non demain.
C'est l'expérience qui nous porte à croire à une idée, la rendant plus
vive par répétition ou association à l'idée de sa cause.
■ Il y a trois types de sensations : les premières sont celles de masse,
figure, mouvement, solidité ; les deuxièmes sont celles de couleurs,
saveurs, odeurs, chaleur, froid ; les troisièmes sont celles de douleur et
de plaisir.
L'impression des sens ne donne pas en elle-même la notion
d'une existence de la chose qui soit continue et distincte de la nôtre.
Cependant, philosophes et hommes du commun y croient en ce qui
concerne le premier type de sensations ; en revanche, les sensations de
douleur et de plaisir ont pour nous une existence interrompue et dépen
dante de nous-mêmes..
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