HUGUES CAPET

« HUGUES CAPET La dynastie des Carolingiens s'est éteinte.

Louis V, leur dernier représentant vient de mourir.

Un nouvel homme fort faitl'unanimité des seigneurs, Hugues Capet. Les Carolingiens ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Ceux qui avaient régné sur le pays pendant 236 ans - depuisPépin le Bref et son fils le grand Charlemagne, - voient leur domaine réduit à une peau de chagrin.

La royauté est faible.

LaFrance vit sous le régime féodal.

Le pouvoir, au lieu d'appartenir seulement au roi, est partagé entre le roi et les seigneurspossesseurs de fiefs.

Louis V, le dernier carolingien meurt en mai 987, laissant vacant un trône royal bien chancelant.Hugues Capet, est un seigneur puissant qui a hérité des nombreux domaines que son père, Hugues le Grand, lui a laissésà sa mort en juin 956.

Comte de Paris et duc de France, il fut l'un des personnages les plus influents du royaume.

HuguesCapet possède ainsi la suzeraineté sur le duché d'Aquitaine, de Normandie et sur la Bourgogne.

Il est prince-duc deNeustrie.

Son pouvoir s'étend sur l'Orléanais, l'Ile-de-France et la Bourgogne est une des régions les plus prospères dupays.

En outre, en tant que comte-abbé, le jeune Hugues, brillant administrateur et pourvoyeur de donations à l'Eglise, estencensé par les moines.

Hugues Capet, comme son père, possède un sens politique aigu, maîtrise parfaitement ses nerfset surtout a le don de manipuler les gens à sa guise.

Ainsi il se montra le vassal zélé du roi des Francs, Lothaire, père deLouis V avant de s'en servir pour accéder au trône. Adalbéron, créature de l'empereur Lothaire en proposant Adalbéron comme nouvel archevêque de Reims en 969 fait une erreur capitale car ce dernier estune «créature» de l'empereur Otton Ier.

Intelligent, homme à poigne, le nouvel archevêque tranche avec sonprédécesseur.

Son but est de soustraire le clergé à l'influence des féodaux.

Lorsque l'empereur Otton Ier meurt, c'est sonfils Otton II qui lui succède.

Lothaire pense que c'est le moment de reconquérir la Lorraine et ainsi de redorer le blason desCarolingiens.

Il se met ainsi à dos Adalbéron et Hugues Capet.

Lothaire, pour qui Capet est le plus puissant des alliés, enprend ombrage, mais il meurt en 986 sans avoir pu assouvir son rêve de puissance.

Louis V, son fils, décide, comme sonpère, de s'appuyer sur Hugues Capet pour gouverner le royaume tout en s'en prenant une fois de plus à Adalbéron qu'ildécide de faire comparaître afin de le juger pour trahison et mettre fin à toute ingérance ottonienne.

En homme rusé,Capet fait mine d'accepter, entraînant derrière lui les autres seigneurs.

Mais Louis est un impulsif et préfère d'abord s'enprendre à sa mère, Emma, accusée d'adultère.

Cette dernière demande alors protection à Capet qui accepte aussitôt,remettant délibérément en cause son alliance avec le jeune roi.

Mais Louis V n'a même pas le temps de se courroucer car ilse tue dans un accident de cheval.

L'ultime descendant de Charlemagne vient de mourir. Un sacre très attendu Louis V ne laisse pas d'enfants.

Adalbéron vient d'être acquitté grâce à l'intervention d'Hugues Capet.

L'archevêque qui apu juger de l'influence de son sauveur, fait alors une déclaration solennelle poussant les seigneurs à donnertemporairement les pouvoirs au prince de Neustrie, en attendant qu'ils se réunissent d'ici quelques mois et élisent unnouveau monarque.

Tous les seigneurs présents s'engagent, par serment, à ne rien faire avant la dite assemblée etdésignent Hugues Capet comme leur chef.

Comme prévu, l'assemblée se réunit à Senlis une seconde fois et Hugues Capetdevient, tout naturellement, roi de France, préféré à Charles de Lorraine, carolingien, oncle de Louis V et prétendant directau trône.

En affirmant que le trône ne s'acquiert pas par droit héréditaire et qu'il est plus sage de prendre un hommed'esprit, Adalbéron fait adhérer, tous les seigneurs à la cause d'Hugues Capet qui devient donc le fondateur de la dynastiedes Capétiens qui régnera jusqu'en 1328..

Le 3 juillet 987, c'est la consécration religieuse : Hugues Capet est sacré roi deFrance à Noyon. Fils aîné d'Hugues le Grand, Hugues fut surnommé Capet parce que, comme ses ancêtres, il était abbé laïc de Tours, oùétait conservée la relique du manteau de saint Martin, la capa.

A la mort de son père (956), il est placé sous la tutelle deson oncle, l'archevêque de Cologne.

En 960, il reçoit le titre de duc de France en contrepartie de son serment de fidélité auroi carolingien Lothaire.

Par héritage paternel, il prend possession des comtés de Paris, d'Orléans, de Dreux et de Senlis.Ce descendant de Robert le Fort, sans doute d'origine saxonne, épouse une Carolingienne, Adélaïde de Poitou.Intelligente et diplomate, elle sera de bons conseils pour son époux, lui-même d'un esprit vif et rusé, selon le témoignagede ses contemporains.

En 986, Louis V, fils de Lothaire, meurt à la suite d'un accident de chasse, sans laisser d'héritier.Evinçant Charles de Lorraine, prétendant carolingien, l'assemblée des grands du royaume réunie à Noyon, choisit HuguesCapet pour souverain, le 1er juin 987.

Un mois plus tard, il est sacré par l'archevêque de Reims, Adalbéron, qui a eu unrôle décisif dans ce choix.

Si cette date marque un réel événement dans l'histoire de France — le passage d'une dynastie àl'autre —, elle n'a pas semblé aux contemporains de si grande conséquence.

Au cours du Xe siècle, à plusieurs reprises, unroi carolingien avait été écarté du trône et remplacé par un de ses grands vassaux, en l'occurrence des ancêtres d'Hugues,d'Eudes et de Robert le Fort.

Le nouveau roi se sent donc, aussi bien que son concurrent, de race royale.

Et, suivantl'exemple du Carolingien Lothaire, Hugues Capet fait élire et sacrer son fils aîné Robert (le futur Robert le Pieux) quelquesmois après son élection (25 déc.

987).

Tous ses successeurs, jusqu'à Philippe II Auguste, l'imitèrent, établissant ainsi lacoutume que la couronne de France se transmette héréditairement selon la règle de primogéniture dans la famillecapétienne.

Autrefois riche et puissant duc de France, Hugues Capet est devenu un roi relativement pauvre.

Le domaineroyal correspond environ à deux de nos départements, mais il est au cœur de la France, dans une région de grand essoréconomique.

Le roi, déjà vieillissant, doit guerroyer pour imposer son autorité sur nombre de ses sujets, petits baronsturbulents sur son propre territoire ou grands vassaux des comtés d'Anjou et de Blois.

En Lorraine, Charles continue defaire valoir ses droits à la succession.

Avec la nouvelle complicité de l'archevêque Adalbéron, Hugues Capet finit par lecapturer et l'emprisonner à Orléans (991).

Après un court règne sans grand éclat, le premier Capétien s'éteint près del'abbaye de Saint-Martin-de-Tours, le 22 octobre 996.. »