Hugo Van der Goesvers 1440-1482Le peintre et l'homme ont intrigué des générations, et toutes, à la suite de Dürer, n'ontcessé de reconnaître en maître Hugo une originalité souvent géniale.
Publié le 22/05/2020
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Hugo Van der Goes
vers 1440-1482
Le peintre et l'homme ont intrigué des générations, et toutes, à la suite de Dürer, n'ont
cessé de reconnaître en maître Hugo une originalité souvent géniale.
Il ne fit que passer cependant : né vers 1440, il achève sa brève existence en 1482.
Et
cependant, il a brillé et subjugué ses contemporains tant à Gand, où il œ uvre depuis son
admission à la gilde des peintres le 5 mai 1467, que chez les Augustins du Rouge-Cloître,
dans leur couvent de la forêt de Soignes, proche de Bruxelles, où il entre en qualité de frère
convers en 1475, heureux d'y trouver une ambiance spirituelle lui convenant.
Malgré cette
brièveté, l'artiste créé nombre peu ordinaire d' œ uvres, compte tenu des répliques et copies
qui vulgarisent des originaux perdus ou de brillants dessins qui font pressentir des
compositions imposantes.
Au début, ce sont des panneaux de petit format, illuminés de couleurs chaudes, évoquant
des personnages d'échelle réduite, méditant à l'avant-plan d'une nature eyckienne par sa
luxuriance, mais bien originale par les subtilités inédites des jeux de jours et d'ombres (la
Lignée de sainte Anne , à Bruxelles, le Paradis terrestre , à Vienne).
Mais déjà, la Lamentation sur
le corps du Christ , de Vienne, fait pressentir l'évolution du maître qui, à partir de 1474,
change et amplifie sa manière : tableaux de format considérable souvent, chargés de
couleurs froides et translucides, animés de scènes calmes et majestueuses ou, plus
fréquemment, tourmentées et angoissées.
Une couronne mystique d'adoration entoure
l'Enfant divin dans le Retable Portinari (Offices, à Florence) : anges et hommes, fleurs et
animaux forment cercle ; chaque élément participe à l'action, notamment saint Joseph et les
trois pauvres bergers aux visages osseux et aux mains vigoureuses et dont les attitudes
empruntées et les vêtements grossiers proclament l'humble condition.
Et d'être admis à
contempler le grand événement semble les troubler profondément, leurs yeux écarquillés
manifestent l'inquiétude.
D'autre part, Marie ne s'abandonne pas à la joie du moment, elle
pressent déjà le drame du Golgotha, une ombre de tristesse altère ses traits.
Hugo Van der
Goes reprendra plus tard le thème de la Nativité (Berlin), tout en variant totalement la
présentation, car le maître ne se répète jamais.
Tel un metteur en scène de jeux liturgiques,
il dispose ses personnages de façon à pouvoir les détailler aisément, et cependant l'unité de
l'action n'en souffre nullement : l'Adoration des Mages (Berlin) est déploiement de richesse
autant que concentration d'expressions.
Pour la première fois dans la peinture flamande, le
corps de l'Enfant peut y prétendre à la grâce du Bambino italien.
La Mort de la Vierge (Bruges) est l' œ uvre peut-être la plus caractéristique du peintre : la
Madone est étendue sur un lit de parade posé de biais, elle apparaît immatérielle avec son
masque hiératique et reposé, ses carnations livides cernées par l'éclat immaculé et froid de
la guimpe, drapée dans un ample manteau bleu aux plis souples.
Avec la sérénité du
centre de la composition contraste l'agitation des apôtres disposés en désordre autour de
celle qu'ils pleurent ; leurs larmes, leurs regards perdus, leurs gestes de supplication ou de
lassitude sont rendus avec vérité.
On sent ici une affliction arrivée à son paroxysme,
comme elle était indicible pour Marie et Jean au pied de la croix dans la tragique
Crucifixion du Musée Correr à Venise.
La composition est prenante : l'artiste lui insuffle un
caractère familier, le spectateur est proche des personnages qui la peuplent, il communie.
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