Hugo « le poète de la Légende des Siècles »

« Introduction : a et b) On appelle volontiers Hugo « le poète de la Légende des Siècles ». c) C'est que, dans cette oeuvre, apparaissent avec éclat ses dons particuliers pour l'inspiration épique, et que les faiblesses mêmes du poète ne la déparent point. I.

— Attirance pour le genre épique : Elle est si grande qu'il y a de l'épopée; • même dans un roman en prose : les Misérables; • dans un drame, comme les Burgraves; • et dans un recueil satirique (L'Expiation des Châtiments), il montre, comment Napoléon, que pourtant il admire, a expié un crime.

Ménageant une progression mystérieuse et dramatique, car l'Empereur ignore la vraie raison de ses revers, le poète évoque successivement la retraite de Russie, Waterloo, Ste-Hélène, le Tombeau, le coup d'Etat du 2 décembre.

Ce dernier qui a placé sur le trône un infâme (Napoléon III) est le châtiment du 18 Brumaire, mais la clef de l'énigme n'est donnée qu'au dernier vers. L'épopée impériale revit en vers éclatants, notamment dans Waterloo (personnification de la Déroute « à la face effarée ») et dans la Retraite de Russie (Napoléon est « en proie à la cognée d'un bûcheron sinistre »). II.

— Épanouissement de F épopée dans la Légende des Siècles (1859-1877- 1881) : a) Forme du livre : Petites Epopées comme chez Vigny ou Leconte de Lisle. b) Idée maîtresse : L'Humanité est en progrès.

Hugo retrace les étapes de ce progrès depuis les origines (d'Eve à Jésus) jusqu'aux temps modernes (Plein ciel).

Ce progrès a été discontinu et marqué par des périodes de recul, dont les mauvais rois et les luttes religieuses sont responsables.

Mais Hugo veut écouter l'Histoire « aux portes de la légende », moralement plus significative que le récit des faits. c) Personnage principal : Ce n'est plus un héros national comme dans les Épopées classiques (L'Énéide, la Chanson de Roland, la Franciade, la Henriade) mais l'Humanité en général : il fut un temps où seules des âmes d'élite comme Roland (le Petit Roi de Galice) étaient capables de générosité, de sacrifice et de grandeur.

De nos jours, même les humbles peuvent être bons (les Pauvres Gens) : il y a donc eu progrès moral. III.

— Procédés employés : a) tantôt il exploite une matière épique qu'il a adaptée et imite à la manière d'un classique : ce sont les légendes du Moyen Age évoquées dans le « Cycle héroïque chrétien », « le Mariage de Roland », « Aymerillot », « le Petit Roi de Galice ».

Il imite sans copier (il fait d'Aimeri de Narbonne un jeune chevalier désintéressé, qui prend Narbonne, non par intérêt comme dans le poème du Moyen Age, mais par loyalisme envers Charlemagne); b) tantôt il crée lui-même de la matière épique : Le Cimetière d'Eylau, Les Pauvres gens, en faisant revivre une atmosphère de bataille ou de grandeur héroïque (les scènes dialoguées, très fréquentes, donnent de la vie); c) il substitue au merveilleux païen ou chrétien le merveilleux de l'imagination qui prête à la Nature une âme complice et mystérieuse (Mariage de Roland, le Petit Roi de Galice), personnifie les sentiments ou les objets matériels (Aigle du casque), donne la parole aux animaux (Petit Roi de Galice), et fait de ses personnages des « géants » (Eviradnus). Conclusion : Raisons du succès.

Hugo est servi par ses qualités : l'imagination, le souffle puissant, le. »