Hobbes (1588-1679): QUE DOIT ÊTRE L'ÉTAT SI LHOMME EST UN LOUP ?
Publié le 18/06/2020
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« On ne saurait lui désobéir légalement mais la rébellion peut être, de fait, une sanction. Ce n'est pas un droit de révolte, mais la possible autodestruction du corps politique, si son fondement ultime est violé. Le souverain ne peut y être indifférent. Bien plus, les individus peuvent à tout moment reprendre leur droit naturel. L'État doit alors les écraser. Mais il ne doit pas oublier que la force d'un souverain dépend aussi du bonheur des sujets, qui sont libres « dans les silences de la loi ». Au fond, l'État ne doit être que l'instrument de la société libre. ...»
«
Hobbes (1588-1679)
ouE DOIT ÊTRE L'ÉTAT s, rHoMME EST uN Loup 1
H obbes passe à juste titre pour l'inventeur du libéralisme poli
tique e t de l'idée moderne de démocratie.
Il conçoit en effet
la loi comme une règle extérieure aux actions individuelles, dont elle
garantit simplement la sécurité, et fonde le pouvoir politique siir le droit de l'individu.
1.
L'état de nature A.
La guerre de tous contre tous11 Hobbes veut être le Galilée de la science politique, par l'application
des principes de la physique à la société.
Il ne considère que les forces
en présence, portées par les individus.
L'état de nature -fiction théo
rique et non description historique -représente l'état des forces
individuelles en l'absence de tout pouvoir politique.
■ Dans cet état, chaque individu poursuit sa conservation, poussé par trois passions fondamentales : la peur de la mort violente, la soif de pou
voir et la défiance à l'égard d'autrui (possible agresseur).
Pour assurer
sa sécurité, chacun dispose d'un droit illimité sur toutes choses et tout homme.
C'est le droit de nature•.
■ Tout est permis, jusqu'au meurtre.
L'état de nature, c'est la guerre.
Mais tous y sont égaux, car la force est instable : celui qui domine aujourd'hui peut être surpassé demain par une alliance ou par une ruse.
Rien n'est sûr, la crainte est générale.
B.
Naissance de la raison et sortie de l'état de nature
• Mais l'homme, s'il est « un loup pour l'homme» (Léviathan), est
un loup intelligent.
L'angoisse de la mort pousse les hommes à anti
ciper, à tout faire pour réduire l e danger.
Elle est donc !a racine de
la raison: faculté de calculer, d'imaginer des moyens, de peser les
risques, en vue d'une décision.
■ Cette rationalité pragmatique conduit l'homme à quitter l'insuppor table état de guerre.
D'évidence, la cause en est le droit illimité de cha cun.
Il faut donc y renoncer.
Mais cela n'est efficace que si tout l e monde
le fait.
Chacun s'engage donc par contrat avec chacun à renoncer à
son droit naturel.
Pour garantir ce contrat (par la menace de la force),
on désigne un tiers, le souverain, à qui l'exercice du droit est confié.
11 Ainsi le pouvoir politique, qui garantit la paix civile par la loi et le
glaive, naît-il d'un acte volontaire, d'un contrat dicté par la raison.
Il n'est que la condition de coexistence des forces individuelles.
C'est
un produit de l'art humain - non pas une institution naturelle ou divine.
L'homme n'est pas sociable, c'est l'intérêt qui le pousse à s'associer..
»
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