Histoire et mémoires
Publié le 26/06/2024
Extrait du document
«
HGGSP 3 : HISTOIRE ET MÉMOIRES
AXE 1 HISTOIRE ET MÉMOIRES DES CONFLITS
Introduction : « La guerre de 1914 n’appartient à personne, pas même aux historiens.
» C’est ainsi que les historiens
Jay Winter et Antoine Prost ouvrent leur ouvrage « Penser la Grande Guerre ».
S’il est bien un domaine dans lequel
histoire et mémoires se complètent, s’opposent et s’enrichissent, c’est celui de la guerre.
Impossible pour un historien
de travailler sur un conflit sans prendre en compte les paroles des différents acteurs.
Et face à ces enjeux mémoriels
majeurs, l’histoire s’est souvent retrouvée prisonnière des lectures politiques des guerres, de leurs mémoires.
Problématique : Comment les recherches historiques permettent-elles de renouveler et de compléter les
mémoires des conflits ?
I.
Les causes de la Première Guerre mondiale.
A.
Une histoire soumise aux enjeux politiques
Déclenchement de la guerre : la Première Guerre mondiale est déclenchée après l’assassinat de l’héritier du trône
d’Autriche Hongrie François-Ferdinand par un nationaliste serbe le 28 juin 1914.
Mais il existe des causes plus
profondes parmi lesquelles la montée des nationalismes en Europe et les tensions entre l’Allemagne et la France qui
rêve de prendre sa revanche après 1871.
C’est dans cette logique que sont mises en place les alliances :
-
La triple entente avec la France, le Royaume-Uni et la Russie.
-
La triple alliance autour de l’empire ottoman, de l’empire d’Autriche Hongrie et de l’empire allemand.
Enfin, les poussées nationalistes sont fortes dans les états multinationaux comme l’Autriche Hongrie et surtout
l’empire Ottoman dont l’effacement progressif dans la région des Balkans provoque des conflits dès 1912.
Le traité de Versailles : Rapidement, dès le début du conflit, la question des responsabilités est posée.
Les traités de
paix qui mettent fin à la Première Guerre mondiale (traité de Versailles, du Trianon et de Sèvres) consacrent la justice
des vainqueurs en affirmant la responsabilité de l’Allemagne dans le déclenchement du conflit.
Ainsi en 1919 l’article
231 du traité de Versailles stipule que « l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les
pertes et de tous les dommages subis pendant la guerre.
» Responsable, l’Allemagne doit donc payer les réparations.
Déchirée par des mouvements révolutionnaires, la jeune république allemande n’a d’autres choix que d’accepter de
signer ce traité, reconnaissant ainsi sa responsabilité.
De nombreux mouvements politiques dénoncent en Allemagne
ce « diktat ».
Une histoire soumise aux enjeux politiques : en France la Première Guerre mondiale devient rapidement un objet
historique.
Elle est notamment étudiée par Pierre Renouvin, historien mais aussi ancien combattant qui insiste sur les
causes multiples du conflit mais qui désigne en 1925 l’Allemagne et l’Autriche Hongrie comme responsables du conflit.
L’historien Jules Isaac insiste de son côté sur les responsabilités partagées entre les grandes puissances et, par profond
pacifisme, cherche à mettre en avant la haine de la guerre.
Mais, pour cette première génération, à la fois acteurs,
témoins et historiens, les questions historiques centrales sont centrées autour des états, des armées, de la
responsabilité de la guerre, autant d’enjeux politiques qui poussent à des interprétations politiques.
En Allemagne, le
rejet massif du traité de Versailles et l’arrivée au pouvoir des nazis empêche tout travail historique.
Partout en Europe,
le poids de la mémoire et des commémorations autour de la Première Guerre mondiale limite les critiques et les
approches historiques.
B.
Le rapprochement franco-allemand, moteur de la recherche.
Un contexte allemand favorable : l’Allemagne sort profondément meurtrie du nazisme et de la Seconde Guerre
mondiale.
Occupée puis divisée entre la RFA et la RDA, l’Allemagne et les historiens allemands se concentrent
essentiellement sur la compréhension de la barbarie nazie.
Un mouvement politique, social de rejet de l’impérialisme
allemand se met en place surtout en RDA où le régime communiste cherche à démontrer les dangers de l’impérialisme
dans un contexte de guerre froide.
Fritz Fischer replace la Grande Guerre au centre des débats : en 1961 Fritz Fischer, professeur de l’université de
Hambourg, publie « Les buts de guerre de l’Allemagne impériale, 1914-1918 ».
Selon l’historien, l’Allemagne impériale
est la principale responsable de la guerre durant laquelle elle a cherché à affaiblir la France, à mettre à distance la
Russie et à dominer économiquement l’Europe centrale.
Ce travail fait l’effet d’une bombe en Allemagne et s’impose
progressivement dans le débat public.
Les thèses de Fisher sont progressivement admises et intégrées auprès des
historiens allemands, s’inscrivant dans une logique de réconciliation franco-allemande.
La réconciliation franco-allemande : d’un point de vue politique, les années 60 sont marquées par le rapprochement
entre la France et l’Allemagne, symbolisé par le traité de l’Élysée entre le chancelier allemand Konrad Adenauer et le
président français De Gaulle, qui favorise une coopération accrue dans les domaines des relations internationales, de
la défense et de l’éducation.
Le point culminant de ce rapprochement est la cérémonie franco-allemande qui se
déroule à Verdun en 1984 durant laquelle Helmut Kohl et François Mitterrand se prennent la main.
Si les travaux
historiques continuent de s’interroger sur les causes profondes de la guerre, la question politique des responsabilités
est désormais écartée au profit de nouveaux axes de recherche (violence des sociétés, vie des civils, poids des empires
coloniaux…)
C.
Des recherches historiques relancées par le centenaire.
La mission du centenaire : lancée en France à partir de 2012, la mission du centenaire de la Première Guerre mondiale
s’appuie sur un réseau international d’historiens qui cherchent à mettre en évidence l’histoire et les mémoires de la
première guerre mondiale, de développer l’ensemble des dimensions de la guerre.
À cette occasion, une grande
collecte est mise en place en France pour récupérer les archives privées.
Les commémorations se multiplient pendant
quatre ans.
Concernant les recherches historiques, les limites de la Première Guerre mondiale sont repoussées :
-
D’un point de vue chronologique, on peut intégrer au conflit les guerres dans les Balkans qui débutent en
1912.
De la même manière, les conflits qui s’étendent jusqu’en 1923 en Turquie sont vus dans le
prolongement de cette première guerre mondiale.
-
D’un point de vue géographique, l’étude de la première guerre mondiale ne se limite plus à la ligne de front,
ni à l’Europe, mettant en évidence une globalisation des combattants en lien avec la première mondialisation.
De nouveaux débats entre historiens sur les causes : les débats historiographiques sur les causes de la Première
Guerre mondiale ont été relancées.
En 2012, l’historien Christopher Clark sort un livre « Les somnambules » dans
lequel il défend l’idée de la responsabilité particulière du jeune État serbe et, par extension, des alliés russe et français
dans le déclenchement du conflit.
Ces nouveaux travaux trouvent un écho important en Allemagne et plus
généralement dans le monde.
En 2014, Gerd Krumeich, historien allemand, dans « le feu aux poudres, qui a déclenché
la guerre en 1914 ?» réaffirme de son côté la responsabilité centrale de l’Allemagne qui a joué le tout pour le tout
et s'est servi de l'attentat de Sarajevo pour devancer une éventuelle agression de la Russie et de son allié
français.
II.
Mémoires et histoire d’un conflit : la Guerre d’Algérie.
A.
Une guerre sans nom.
L’histoire prisonnière de la guerre : Seule colonie française de peuplement, l’Algérie est aux mains de la France depuis
1830.
Après la Seconde Guerre mondiale, un mouvement de décolonisation se met en place.
De 1954 à 1962, l’armée
française combat le FLN (front de libération national).
Alors que le pouvoir politique est en crise, l’armée française, qui
a déjà subi une défaite coloniale en Indochine, obtient les pleins pouvoirs et pratique en Algérie une guerre intensive,
illustrée notamment par la pratique de la torture, luttant contre le FLN dans la casbah d’Alger pour isoler la population
du FLN.
En mars 1962, les accords d’Évian mettent fin à la guerre d’Algérie qui obtient son indépendance le 5 juillet.
Des mémoires éclatées : Les Européens d’Algérie, qu’on appelle les pieds-noirs, quittent massivement le pays en
quelques semaines avec quelques dizaines de....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Cours géopolitique: Histoire et mémoires
- La part qu'elle a à mon histoire est trop interressante, pour négliger de vous en faire le portrait. ? Charles de Fieux, chevalier de Mouhy, la Paysanne parvenue, ou les Mémoires de Madame la marquise de L. V.
- Fiche de lecture: Thème 3 : Histoire et mémoires ?
- Histoire, mémoire et justice: Comment la justice peut-elle apaiser les mémoires et aider les sociétés à se reconstruire après des crimes de masse ?
- devoir d'histoire géopolitique sur les mémoires d'algérie