Histoire comique de Francion de Charles SOREL (Résumé & Analyse)

« La Vraye Histoire comique de Francion date de 1623.

Sorel (1602-1674) avait auparavant écrit des romanshéroïques et pastoraux dans le style de L'Astrée, avant de se tourner vers l'« antiroman » comique et réaliste et dedevenir ainsi l'un des pères du roman moderne.L'Histoire comique devait constituer, selon son auteur, une anti-Franciade s'opposant à l'épopée nationale tentéepar Ronsard un siècle plus tôt, et prenant en compte les petites gens et les aspirations jugées basses dans lesgenres littéraires élevés. Histoire comique de Francion révèle les tensions existant entre la liberté de mœurs et d'écriture héritée du XVIesiècle et la rigueur des lois classiques qui se profilent au début du XVIIe. Un parcours picaresque suivi d'un roman sentimentalLe roman narre tout d'abord les amours frustrées de Francion pour Laurette, jeune fille pauvre qui s'est élevée dansla société grâce à ses charmes.

Le héros raconte ensuite à Raymond, gentilhomme rencontré dans une auberge, unrêve merveilleux où il traverse les nuées et descend au centre de la Terre, puis fait le récit de sa vie : après uneéducation classique dans un collège, il vit pauvrement à Paris, connaissant la bohème littéraire et commettant depetits vols, jusqu'à ce qu'il devienne l'homme de confiance de Clérante, noble et riche personnage qui assure safortune.

La première version s'achève sur un récit de noces paysannes suivi d'une description de débauche dans lechâteau de Raymond.

Dans les rééditions ultérieures, Sorel impose de nombreuses censures à ces premiers épisodeset rajoute quelques chapitres sur les aventures de Francion en Italie, où il est allé rejoindre Nays, dont il a aperçu leportrait chez Raymond.

En butte à la jalousie des prétendants de Nays, il se déguise en berger puis en vendeurambulant.

Il rejoint enfin son aimée à Rome, où la justice le poursuit par erreur mais où ses noces avec Nays sontfinalement célébrées. Respect de la loi et forces libératricesL'Histoire comique s'inspire du roman picaresque espagnol pour critiquer les conventions du roman héroïque en vogueau début du XVIIe siècle.

Sorel se veut « réaliste » : il refuse toute idéalisation des personnages et peint toutes lescatégories sociales.

Il se donne la liberté de ne pas respecter la linéarité de l'histoire, multipliant les péripéties et lesrécits « enchâssés ».

Un courant de libération sociale et sexuelle se fait ainsi sentir à travers la critique d'uneéducation qui brime les instincts et les nombreux épisodes licencieux.

Toutefois, la répression ayant frappé lesauteurs libertins, Sorel dut mettre de l'eau dans son vin : il retravailla son œuvre en supprimant de nombreuxpassages pour se conformer à la bienséance de rigueur.. »