Histadrout

« 1 / 2 9 septembre 1964 Série N• 9 Fiche N• 100 Histadrout 1.

La politique économique et sociale du Gouvernement israélien, et aussi dans une large mesure son idéologie, trouvent leur source dans l'organisation syndicale natio­ nale (I'Histadrout), qui est aussi le principal employeur du pays et la pépinière de ses dirigeants.

2.

Issue des coopératives fondées en Palestine vers 1920 par les premiers immigrants juifs, I'Histadrout est devenue depuis la création de l'Etat d'Israël, un système écono­ mique en soi, où agissent contradictoirement les influences du socialisme et du capitalisme.

3.

Comme producteur, I'Histadrout contrôle environ le quart des entreprises israé­ liennes: depuis les usines métallurgiques jusqu'aux sociétés de construction en passant par les magasins de détail.

Ceux-ci distribuent 80 Ofo de la production agri­ cole nationale.

Les deux compagnies de transports Zim (maritime) et El Al (aérienne) comptent I'Histadrout parmi leurs actionnaires.

Un grand nombre de projets israéliens d'assistance aux pays sous-développés sont réalisés par son intermédiaire, et elle a constitué plusieurs sociétés mixtes en Afrique en s'associant directement aux Etats intéressés.

4.

L'Histadrout doit sa puissance d'abord à la place qu'elle occupe dans l'appareil d'Etat.

Ses dirigeants sont pour la plupart membres du Mapai (Parti travailliste israé­ lien), qui gouverne le pays depuis sa fondation.

Les postes de chef du gouvernement et de secrétaire général de I'Histadrout ont une Importance égale et sont pratique­ ment interchangeables.

Le crédit de l'Etat est réservé en priorité à I'Histadrout, qui dispose d'autre part d'environ cent millions de livres (israéliennes) par an fournis par le fonds de retraite de ses membres.

En outre, les profits qu'elle tire de ses propres entreprises ne sont pas distribués, mais réinvestis.

5.

En tant qu'organisation syndicale (elle représente plus de 85% des salariés), I'Histadrout participe à l'élaboration d'une politique des revenus, aux côtés de l'asso­ ciation des employeurs et du gouvernement.

Elle a accepté que les salaires n'aug­ mentent pas plus vite que le revenu national (5% par an en 1964-1965), mais certains des syndicats affiliés critiquent cette modération.

Entre les poussées revendicatives de son aile gauche, le souci de soutenir la politique économique du gouvernement et ses propres exigences d'employeur, I'Histadrout a beaucoup de mal à définir sa doc­ trine, du moins par rapport aux expériences étrangères.

Mi-socialiste, mi-capitaliste au point actuel de son évolution, elle devra finalement choisir entre les deux ten­ dances, mais le socialisme (sous la forme d'un dirigisme croissant) parait avoir toutes les chances de l'emporter. 2 / 2. »