Hippolyte Taine

« Hippolyte Taine (1828-1893) Un révolutionnaire conservateur.

Originaire des Ardennes, Hippolyte Taine poursuit à Paris de brillantes études aucollège Bourbon, puis à l'Ecole normale supérieure où il est admis en 1848.

Licencié ès lettres, il prépare l'agrégation;il échoue en raison de la hardiesse de ses idées dans le climat réactionnaire qui succède à la révolution de 1848.Ayant refusé de prêter serment à l'Empire, Taine est envoyé en province où il enseigne à Nevers, puis à Poitiers.

En1853, il obtient son doctorat ès lettres avec deux thèses, l'une sur Platon, l'autre sur La Fontaine et ses Fables.

Ilrenonce peu après à la carrière d'enseignant pour vivre de sa plume et des leçons qu'il donne.

En 1856 paraît sonEssai sur Tite-Live que l'Académie couronne.

En 1857, il publie les Philosophes français du XIXe siècle, une critiqueironique de l'éclectisme de Victor Cousin et de ses épigones, dont l'influence est considérable au sein de l'université.Puis ce sont les Essais de critique et d'histoire et l'Histoire de la littérature anglaise, où il aborde l'histoire et lacritique littéraire selon la méthode scientifique.

D'après lui, une œuvre s'explique par un caractère prédominant deson créateur, «la faculté maîtresse», elle-même conditionnée par trois grands facteurs, la race, le milieu, le moment,c'est-à-dire la personnalité de l'auteur, son environnement géographique, politique, social, et, enfin, lescirconstances historiques.

Travailleur acharné, Taine collabore à la Revue des Deux Mondes, au Journal des débatset à la Revue de l'Instruction publique.

En 1864, il est nommé professeur aux Beaux-Arts et s'efforce d'appliquer lesprincipes de sa critique littéraire à la critique d'art.

Cela lui inspire la Philosophie de l'art et De l'idéal dans l'art.Cependant, il demeure avant tout un philosophe.

En 1870 paraît De l'intelligence, où il met la méthode scientifiqueau service de la connaissance de l'homme.La défaite française de 1870 l'affecte profondément.

Elle est, selon lui, l'expression d'un mal profond qui ronge lepays depuis longtemps et dont il veut traquer les causes à travers les Origines de la France contemporaine.

Lacentralisation de la France, commencée par l'Ancien Régime et poursuivie par la Révolution, lui paraît néfaste.

Il rendle rationalisme français responsable de bouleversements trop fréquents qui empêchent la consolidation desinstitutions.

«En fait d'histoire, il vaut mieux continuer que recommencer», écrit-il.

Dans son ouvrage, dont larédaction l'occupera jusqu'à sa mort, Taine condamne la Révolution et plaide pour le maintien des traditions.

Ilinspirera durablement la pensée conservatrice.. »