Hippolyte TAINE 1826- 1893 La Fontaine et ses fables (1860) - commentaire
Publié le 07/07/2020
                             
                        
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« Hippolyte TAINE 1826- 1893 La Fontaine et ses fables (1860) Un seul genre de vie intéresse au dix-septième siècle, la vie de salon; on n'en admet pas d'autres; on ne peint que celle-là; on efface, on transforme, on avilit, on déforme les êtres qui n'y peuvent entrer, l'enfant, la bête, l'homme du peuple, l'inspiré, le fou, le barbare; on s finit par ne plus voir dans l'homme que l'homme bien élevé, capable de discourir et de causer, irréprochable observateur des convenances. Et cet homme ainsi réduit va s'écourtant tous les jours. À mesure qu'on avance dans le dix-huitième siècle, les règles se rétrécissent, la langue se raffine, le joli remplace le beau; l'étiquette définit plus minutieuse-10 ment toutes les démarches et toutes les paroles; il y a un code établi qui enseigne la bonne façon de s'asseoir et de s'habiller, de faire une tragédie et un discours, de se battre et d'aimer, de mourir et de vivre: si bien que la littérature devient une machine à phrases, et l'homme une poupée à révérences. Rousseau, qui le premier protesta et déclama contre 15 cette vie restreinte et factice, parut découvrir la nature, La Fontaine, sans protester ni déclamer, l'avait découverte avant lui. Il a défendu ses bêtes contre Descartes qui en faisait des machines. Il n'ose pas philosopher en docteur, il demande permission; il hasarde son idée, comme une supposition timide, il essaye d'inventer une âme 20 à l'usage des rats et des lapins. Il décrit avec complaisance cette âme charmante que Gassendi 1 appelait « la fleur la plus vive et la plus pure du sang». Il «subtilise un morceau de matière, un extrait de la lumière, une quintessence d'atome, je ne sais quoi de plus vif et de plus mobile encore que le feu». Il met cette âme en l'enfant comme en l'animal, et 25 nous fait ainsi parents de ses bêtes. Seulement il en ajoute chez nous une seconde « commune à nous et aux anges, fille du ciel, trésor à part, capable de suivre en l'air les phalanges2 célestes, lumière faible et tendre pendant nos premiers ans, mais qui finit par percer les ténèbres de la matière». Ces gracieuses rêveries, imitées de Platon, vraie philosophie 30 de poète, peignent son sentiment plutôt que sa croyance. En effet, c'est le sentiment qui l'attache à ses pauvres héros à quatre pattes, petites gens qu'on dédaigne et qu'on rebute. Il plaide pour eux, il les aime [...], à force de naturel, il comprenait la nature, et voyait l'âme où elle est, c'est-à-dire partout. 35 Nous avons fait comme lui, à force de science et d'expérience. Depuis deux cents ans les êtres qu'on séparait au dix-septième siècle se sont rejoints, et les choses ont repris leur parenté naturelle. Elles sortent les unes des autres, celles d'en haut de celles d'en bas, en sorte que 1a plus noble prend sa substance et sa nourriture dans la plus basse, et 40 qu'ensemble elles forment une chaîne dont on ne peut détacher aucun anneau. I. Philosophe et savant du XVIIe siècle. - 2. Formations compactes. ...»
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LA NATURE  ET DES  CHOSES 
L'âme  des bêtes 
Hippolyte  TAINE 
1826-1893 
La  Fontaine  et ses  fables  (1860) n
g .
•• 
Un  seul  genre  de vie  intéresse  au dix-septième  siècle, la vie  de 
salon;  on n'en  admet  pas d'autres;  on ne peint  que celle-là;  on efface, 
on  transforme,  on avilit,  on déforme  les êtres  qui n'y peuvent  entrer, 
l'enfant,  la bête,  l'homme  du peuple,  l'inspiré,  le fou,  le barbare;  on 
s  �ma~ 
par ne plus  voir dans  l'homme  que l'homme  bien élevé,  capable 
de  discourir  et de  causer,  irréprochable  observateur des convenances.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Et  cet  homme  ainsi réduit  va s' écourtant  tous les jours.
                                                            
                                                                                
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avance  dans le dix-huitième  siècle, les règles  se rétrécissent,  la langue  se 
raffine,  le joli  remplace  le beau;  l'étiquette  dé�ma} plus minutieuse-
10  ment  toutes  les démarches  et toutes  les paroles;  il y a un  code établi  qui 
enseigne  la bonne  façon de s'asseoir  et de  s'habiller,  de faire  une tragé
die  et un  discours,  de se battre  et d'aimer,  de mourir  et de  vivre:  si bien 
que  la littérature  devient une machine  à phrases,  et l'homme  une pou
pée  à révérences.
                                                            
                                                                                
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15  cette  vie restreinte  et factice,  parut découvrir  la nature,  La Fontaine, 
sans  protester  ni déclamer,  l'avait découverte  avant lui.
                                                            
                                                                        
                                                                    
Il  a défendu  ses bêtes  contre  Descartes  qui en faisait  des machines.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Il  n'ose  pas philosopher  en docteur,  il demande  permission;  il hasarde 
son  idée,  comme  une supposition  timide, il essaye  d'inventer  une âme 
20  à l'usage  des rats  et des  lapins.
                                                            
                                                                                
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charmante  que Gassendi  I 
appelait  « la  fleur  la plus  vive et la plus  pure 
du  sang».
                                                            
                                                                                
                                                                     Il «subtilise  un morceau  de matière,  un extrait  de la lumière, 
une  quintessence  d'atome, je ne  sais  quoi  de plus  vif et de  plus  mobile 
encore  que le feu».
                                                            
                                                                                
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25  nous  fait ainsi  parents  de ses  bêtes.
                                                            
                                                                                
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une  seconde  « commune  à nous  et aux  anges,  �hhR du ciel,  trésor  à part, 
capable  de suivre  en l'air les  phalanges 2 
célestes,  lumière faible et tendre 
pendarit  nos premiers  ans, mais  qui �ma}  par percer  les ténèbres  de la 
matière».
                                                            
                                                                                
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30  de poète,  peignent  son sentiment  plutôt que sa croyance.
                                                            
                                                                                
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le  sentiment  qui l'attache  à ses  pauvres  héros à quatre  pattes,  petites 
gens  qu'on dédaigne  et qu'on  rebute.
                                                            
                                                                                
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196.
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