Henry Becque1837-1899Vers la fin de sa vie, tout en s'efforçant de terminer les Polichinelles, Henry Becque essayade justifier son oeuvre, de la situer dans l'Histoire, d'en montrer les causes et d'enapercevoir les conséquences.
Publié le 22/05/2020
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Henry Becque
1837-1899
Vers la fin de sa vie, tout en s'efforçant de terminer les Polichinelles, Henry Becque essaya
de justifier son œ uvre, de la situer dans l'Histoire, d'en montrer les causes et d'en
apercevoir les conséquences.
Il divisait le XIXe siècle en trois périodes théâtrales.
La
première, d' Hernani à la Dame aux camélias qu'il appelait la période d'imagination ; la
deuxième, de la Dame aux camélias aux Corbeaux , qu'il qualifiait de période d'esprit ; et la
troisième, à partir des Corbeaux “ qui ne fait que commencer et que nous verrons bientôt,
quand la vieille critique parisienne aura disparu, en pleine production et en plein succès ”.
A cette période qu'il ouvrait avec les Corbeaux, il accolait les noms de Vie et de Vérité.
En révolte contre les auteurs à succès, de Dumas fils à Labiche, il précisait : “ Nos
prédécesseurs étaient des moralistes et nous sommes des observateurs.
C'est nous qui
avons raison car toute espèce d' œ uvre ne dure que par l'observation.
Nos prédécesseurs
étaient obligés, pour amener leurs conclusions morales, de combiner un certain nombre de
choses contraires à la vérité et qui nous déplaisaient.
” Et, en nous laissant cet axiome
“ qu'il n'est de vrai théâtre que de bibliothèque ”, soulignant ainsi un souci d'écriture
théâtrale inhabituel à son époque, Henry Becque nous expose en ces termes sa réforme :
“ Nous avons presque supprimé l'action, supprimé les incidents.
Vous savez que, dans le
théâtre ancien, il y avait un personnage qui vous faisait rire.
Nous l'avons supprimé.
Il y
avait un personnage sympathique chargé d'attirer les larmes aux bords de la paupière et
qui vous faisait dire en sortant : “ Ah ! quel brave homme ! ” Eh bien ! nous avons
supprimé le personnage sympathique.
Il y avait dans toutes les pièces un mariage.
Nous
avons supprimé le mariage.
” Ailleurs, il ajoute, parlant des auteurs de la “ Nouvelle
École ” qui le désignent comme leur chef : “ Ils ne connaissent que le sujet, ils l'étendent et
le circonscrivent à la fois.
Ils n'y font entrer aucune situation, aucun personnage arbitraire.
Ils lé conduisent depuis le commencement jusqu'à la fin avec une rigueur et une logique
impitoyables.
Ce qu'ils veulent, c'est arriver aussi strictement que possible à la
représentation de la vie et de la vérité.
”
Cet ascétisme, ce goût de la contrainte, fort sympathiques, soulignent peut-être, avant tout,
certaines insuffisances chez notre auteur, mais ils expliquent aussi son importance
historique, car en réaction contre le théâtre à la mode, et dans l'agitation du naturalisme, la
“ Nouvelle École ” s'empara de ses déclarations sur l'Observation et la Vie au théâtre, et
Becque devint une manière de chef de groupe.
A ce titre, il écrivait : “ Antoine a obtenu du
gouvernement que la censure n'entrerait pas chez lui.
Il a cherché alors un nom à son
entreprise et il l'appela “ le Théâtre libre.
” Eh bien ! je ne crains pas de le dire, c'est ce
“ Théâtre libre ” que Dumas dans un moment d'irritation a qualifié de “ fumier littéraire ”,
c'est ce “ Théâtre libre ” qui a sauvé l'Art dramatique en France.
”
Becque a cru qu'il échappait à toutes les conventions parce qu'il aimait la Vérité, la Vie et
l'Observation.
Mais comment échapper aux conventions théâtrales, puisque le Théâtre est
fondamentalement une convention ? L'Art dramatique, au fil des générations, épuise des
conventions, voilà tout et en invente de nouvelles.
Celles de Becque l'ont amené à un art
triste, desséché et un esprit non paradoxal pourrait prétendre que rien n'est plus faux que
l'intrigue des Corbeaux. Becque disait : “ Je répète constamment à mes confrères que nos.
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