Henri Poincaré, La Science et l’hypothèse. pp.159-161
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Introduction à la logique
Commentaire : Henri Poincaré, La Science et l’hypothèse .
1
pp.159-161
« Les faits tout nus ne sauraient donc nous suffire… ».
Dans une ouverture vigoureuse,
le passage des pages 159-161, semble reprendre une des principales thèses de La Science et
l’hypothèse en attaquant un réalisme naïf pour qui les lois sont des relations entre propriétés
objectives, conçues comme des universaux 2
et possèdent la permanence d’une « réalité en
soi » indépendamment de toute observation 3
.
Pour autant la variété et la richesse des positions
de Poincaré, ont pu justement être qualifiées de réalisme structural 4
et Poincaré soutient
explicitement, dans le texte suivant, que les faits ont une existence indépendante de notre
esprit : "Les faits sont les faits, et s’il arrive qu’ils soient conformes à une prédiction, ce n’est
pas un effet de notre libre activité (...).Tout ce que crée le savant dans un fait, c’est le langage
dans lequel il l’énonce" (Poincaré, La valeur de la science).
Le présent texte, qui met en jeu plusieurs thèses révélant le foisonnement des idées en
accord avec les révolutions scientifiques majeures de l’époque, invite à parcourir quantité de
notions, objet de débats et recherches passionnés avec ses contemporains (Duhem, Russell,
Nicod) et entre scientifiques et philosophes postérieurs.
Une lecture cursive, interrogeant l’environnement historique de production des idées de
Poincaré et dans la mesure du possible la réception qui en a été faite devrait permettre
d’évoquer les différentes thèses auxquelles Poincaré s’est opposé ou qu’il a adoptées, sous
certaines conditions toujours, et à l’image des philosophes de l’antiquité plus dans une
démarche pragmatique de réponses à des questions actuelles que dans une démarche
doctrinale.
Si Poincaré affirme que « les faits tout nus ne sauraient donc nous suffire ; c’est
pourquoi il nous faut la science ordonnée ou plutôt organisée », c’est d’abord, en suivant
l’insertion du texte dans son contexte immédiat, qu’aussi intéressant que soit la connaissance
du fait en elle-même, elle ne constitue pas une connaissance généralisable, en soi et son
intérêt scientifique s’accroît dans la mesure où le fait nous permet de connaître autre chose
que lui-même en tant que fait isolé.
Ainsi une bonne expérience sera « celle qui nous permet
de prévoir, c’est à dire celle qui nous permet de généraliser.
Car sans généralisation, la
prévision est impossible.
5
»
Les faits sont donc nécessaires mais non suffisants; le chapitre IX «Les hypothèses en
physique », dans lequel se trouve notre texte et qui ouvre la quatrième et dernière partie de
La science et l’hypothèse consacrée à la nature, l’explique de la façon la plus simple et
imagée qui soit : « On fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres, mais
une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierre n’est une maison ».
Plusieurs idées rejoignent ce thème à commencer par celui, clairement énoncé de la
11 Poincaré Henri, La Science et l’hypothèse (1902), Paris, Flammarion, coll.
Champs sciences, 1968, 252 p.
Nous utiliserons pour les références l’abréviation SH, suivie du numéro de page de cette édition.
22 Barberousse, Anouk, Kistler, Max et Ludwig, Pascal, La Philosophie des sciences au XXe siècle , Paris,
Flammarion, coll.
Champs essais, 2000, 353p., p.
97
33 Bruno Jarrosson, Invitation à la philosophie des sciences p 232
44 Elie During, La Science e l’hypothèse, Poincaré, Paris, Ellipse, 2001,143p.
55 SH 158
1.
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