Henri FANTIN-LATOUR:PORTRAIT DE MANET.

« Henri F ANTIN -LATOUR PORTRAIT DE MANET Il fallait du courage pour réaliser ce portrait de Manet, qui venait de faire scandale avec son «Olympia».

Par provocation, Fan tin-Latour envoie sa toile au Salon ...

qui l'accepte! Depuis le début des années 1860, Fantin­ Latour voue une grande admiration à Manet.

De son propre aveu, la peinture audacieuse de l 'artiste est pour lui une source d 'enseigne­ ments, et il envie presque sa condition de peintre maudit.

En 1866, les envois de Manet sont refusés au Salon.

Loin de se for­ maliser, il prend ce rejet avec une philoso­ phie qui épate Fantin.

Ce dernier prédit d'ailleurs gue le jury lui fera «en voulant lui nuire le plus grand bien, le voilà martyr et cela lui (fera) d'autant plus de bien que ses tableaux (sont) très bien, de l'avis de tout le monde».

Soucieux de défendre son ami et de lui rendre hommage, Fantin décide de faire son portrait et de révéler clairement l'identité de son modèle en inscrivant une dédicace sur la toile.

L'ŒUVRE Par son réalisme saisissant, ce portrait somp­ tueux, brossé en dix jours dans l'atelier de Manet, fait penser à une photographie.

Fantin connaît probablement les portraits que Nadar a faits de son modèle.

Une de ces photos le représente d'ailleurs à mi-jambes, vêtu d'un veston, d'un gilet et d'un pantalon semblables à ceux qu'il porte ici.

L'influence des maîtres anciens n'en est pas moins sensible.

Cette oeuvre rappelle indéniablement le Balthazar Pour donner plus de force à son portrait, Fantin-Latour s'inspire d'une toile de Raphaël, Batthazar Castiglione.

Une manière comme une autre d'enraciner la modernité.

Henri FANTIN-LATOUR 1836-1904 • Portl'tlit th MtiiUit • Huile sur tolle 117,5 cm x 90 cm • Signé, daté et dédicacé bord gauche, «A mon ami Manet/Fanün 1867 » • Peint ea 18Ci7 • Loealisatlon : The Art lnstitute ofCblcago • Expositions : Paria, 1867, 1889, 1906 ; Londres, 1871; New York, 1930, 1932, 1972; Chicaao, 1933, 1934, 1978; PhHadelphle, l"' Castiglione de Raphaël, que Fantin a vu au Louvre.

Les deux modèles sont légèrement tour­ nés vers la droite, mais regardent droit devant eux.

On retrouve la même zone d'ombre légè­ re sur la joue gauche des deux hommes.

De plus, leurs habits et leur chapeau sombres se détachent nettement sur un tond plus clair et neutre.

Mais, surtout, les deux peintres ont su admira­ blement capter la distinction et l'assurance de leur modèle.

On remarque, par ailleurs, les notes de couleurs subtiles qui égaient ce por­ trait: le bleu vif de la cravate, le brun-rouge de la barbe, de la canne et du gant.

De l' avis de nombreux critiques, c'est un des plus beaux portraits de Fantin.

Malgré la désapprobation dont souffre Manet à l'époque, la toile est acceptée au Salon de 1867.

Au dire du peintre, elle obtient même un «succès» auprès du jury.

Fantin se réjouit de découvrir qu'il ne reste pas insensible à sa teniative subtile de réhabiliter son ami.

LA COTE Une toil e de la mê me é ; poque, La Vérité, a été vendue 65 000 FF (12 000 doUar s) aux enchère s à Paris en 1992 .

Un e h uile du peintre coûte de 40000 FF (73 00 dollars) à 4,9 millions de francs français (890000 dollars).. »