Havel, Václav

Havel, Václav (1936- ), intellectuel et homme d’État tchèque, président de la Tchécoslovaquie à la chute du régime communiste de 1989 à 1992, puis de la République tchèque après la partition du pays, de 1993 à 2003.

Né à Prague dans une famille aisée et cultivée d’entrepreneurs dans le bâtiment, Václav Havel entre en 1960 au théâtre de la Balustrade, foyer de l’avant-garde praguoise, tout en étudiant à la Haute École du spectacle. Il publie alors ses premières œuvres, pleines d’un sens poussé de la satire, bien loin de la phraséologie officielle, telles que Zahradní slavnost (la Fête en plein air, 1963) et Vyrozumení (le Rapport dont vous faites l’objet, 1965).

Au cours de la « normalisation « qui suit le Printemps de Prague, son œuvre est interdite en Tchécoslovaquie pour vingt ans. Václav Havel persévère pourtant dans l’écriture et préside le Club des écrivains indépendants. Ses pièces connaissent un grand succès à l’étranger — comme Audience ; Vernissage ; Pétition (1975-1976, publiés en 1980 en France) —, mais son soutien indéfectible à la cause des droits de l’homme et à la Charte 77, dont il est un des fondateurs, lui valent d’être plusieurs fois condamné et emprisonné. En 1978, il écrit son principal essai politique, le Pouvoir des impuissants. Il passe au total près de cinq années en prison, au cours desquelles il écrit à sa femme entre 1979 et 1983, les Lettres à Olga. Il est libéré en janvier 1983.

À l’automne de 1989, Václav Havel joue un rôle décisif à la tête du Forum civique, mouvement d’opposition qui dirige la transition démocratique, appelée la « révolution de velours «. Élu président de la Tchécoslovaquie le 29 décembre 1989, réélu pour deux ans en juillet 1990, Václav Havel démocratise les institutions, obtient le retrait des troupes soviétiques de son pays, mais démissionne en juillet 1992, lorsque la séparation entre Tchèques et Slovaques — à laquelle il a tenté de s’opposer — est devenue inéluctable.

Très populaire, chaleureux et peu soucieux du protocole, Václav Havel est élu à la présidence de la nouvelle République tchèque en janvier 1993. Autorité morale, apparaissant comme le garant de la démocratie et plus encore le défenseur d’une certaine idée fraternelle et solidaire de la société, il intervient souvent pour s’opposer au Premier ministre, Václav Klaus, à qui il reproche de privilégier l’aspect seulement économique de la transformation du pays sans prendre en compte la dimension sociale. Il contraint ainsi Václav Klaus à démissionner en novembre 1997, à la suite d’un scandale politico-financier mettant en cause le parti du Premier ministre. Il est réélu pour un nouveau mandat présidentiel en janvier 1998. Disposant d’une véritable aura dans son pays, il le représente activement sur la scène internationale en effectuant de très fréquents voyages à l’étranger.

Sous les deux mandats de Václav Havel, la République tchèque s’engage sur la voie de l’économie de marché et se rapproche de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), où elle est admise en 1999, et de l’Union européenne (UE). Cependant, les multiples opérations chirurgicales que Václav Havel subit à partir de 1996 l’affaiblissent beaucoup. À l’issue de son second mandat qui expire en février 2003, trois élections à trois tours de scrutin sont nécessaires pour qu’une majorité se dégage au Parlement afin d’élire son successeur, qui n’est autre que son ancien Premier ministre, Václav Klaus. À l’approche du référendum portant sur l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne, organisé en juin 2003, l’ancien président de la République s’engage fermement en faveur du « oui «.

De très nombreux ouvrages de Václav Havel, pièces de théâtre, essais philosophiques et politiques et discours sont traduits en français.