Haute-Volta (Burkina Faso): 1983-1984
Publié le 16/09/2020
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Haute-Volta (Burkina Faso) 1983-1984
La Haute-Volta a connu depuis son indépendance (1960) une vie syndicale active,
ce qui est rare sur le continent africain, et présentait une façade
démocratique, le multipartisme y étant réglementé jusqu'en 1980.
Ces dernières
années ont vu se succéder quatre coups d'États militaires (novembre 1980,
novembre 1982, mai et août 1983) qui étaient le résultat de l'opposition de
puissants mouvements syndicaux aux régimes en place.
Dans la nuit du 4 au 5 août 1983, le capitaine Thomas Sankara et de jeunes
officiers renversaient le président Jean-Baptiste Ouédraogo, écartant du pouvoir
la tendance conservatrice de l'armée.
Très populaires parmi les couches les plus
déshéritées du pays, ces officiers ont mis en place un Conseil national de la
Révolution (CNR), tandis que se constituaient à travers le pays des Comités de
défense de la Révolution (CDR).
Le gouvernement à majorité civile était dominé
par la Lipad (proche du Parti africain de l'indépendance - PAI - se réclamant du
marxisme).
Des officiers supérieurs et des fonctionnaires ont été écartés de
l'armée et de la fonction publique, et les partis politiques traditionnels sont
restés interdits.
Depuis janvier 1984, des tribunaux populaires jugeaient les
anciens responsables de façon plutôt clémente: l'ex-président Lamizana a ainsi
été acquitté.
Mais le 28 mai 1984, une tentative de coup d'État échouait, et les conjurés
étaient arrêtés et jugés.
Sept d'entre eux ont été exécutés, et cinq autres
condamnés à des peines de travaux forcés.
Les autorités ont laissé entendre que
la France n'était pas innocente dans cette affaire.
Les rapports chaleureux entre Thomas Sankara, alors Premier ministre, et le
colonel Kadhafi lui avaient valu d'être arrêté en mai 1983, alors que Guy Penne,
conseiller du président français pour les affaires africaines, était présent
dans la capitale voltaïque.
Une campagne de presse internationale simpliste
s'est attachée à présenter le nouveau président comme l'homme de la Libye.
La
réalité est autrement plus complexe.
Les autorités voltaïques, sans renier leur
orientation anti-impérialiste, ont en effet prié Tripoli de modérer ses élans à
leur égard et ont affirmé leur volonté de développer de bons rapports avec la
France dans le cadre des accords en vigueur, comme en ont témoigné plusieurs
rencontres avec le gouvernement français.
L'arrivée au pouvoir de Thomas Sankara a modifié les données politiques dans la
sous-région, brisant en particulier l'isolement du régime ghanéen du président
Rawlings.
La Haute-Volta a réglé avec le Mali ses problèmes de frontière en
suspens depuis le conflit de 1974, et entretenait en 1984 des relations de bon
voisinage avec le Niger.
Toutefois, Félix Houphouët-Boigny, président de la
Côte-d'Ivoire - pays qui compte plus d'un million de travailleurs immigrés
voltaïques -, ne cachait pas son hostilité envers le CNR.
Le CNR a hérité d'une situation économique très préoccupante.
Le service de la
dette extérieure a triplé entre 1980 et 1984.
Le gouvernement a tenu à présenter
en 1984 un budget de rigueur en équilibre, limitant au maximum les dépenses
afférentes à la fonction publique pour réaliser des investissements à caractère
social.
Bien que la dernière campagne agricole ait été plutôt médiocre dans ce
pays rural à 90%, le déficit céréalier devrait être peu important en 1984 et.
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