Haroun al-Rashid766-809Haroun al-Rashid, cinquième calife de la dynastie abbasside, qui régna à Bagdad de 786 à809, dut son avènement à une intrigue de palais.
Publié le 23/05/2020
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Haroun al-Rashid
766-809
Haroun al-Rashid, cinquième calife de la dynastie abbasside, qui régna à Bagdad de 786 à
809, dut son avènement à une intrigue de palais.
Âgé d'à peine plus de vingt ans, Haroun,
surnommé al-Rashid, “ le bien dirigé (par Dieu) ”, se trouva à la tête d'un immense empire
qui s'étendait des bouches de l'Indus au Maghreb oriental.
Il avait certes reçu une
éducation qui le préparait à ses fonctions de souverain.
Très jeune, sous le règne de son
père, il avait été chargé du gouvernement de certaines provinces dont il avait
pratiquement confié l'administration à son secrétaire particulier, I'Iranien Yahya le
Barmakide.
C'était en effet l'habitude à cette époque que les jeunes princes fissent
l'apprentissage du gouvernement en recourant aux services des administrateurs non
arabes que les califes employaient eux-mêmes.
Lorsque Haroun fut proclamé calife, après
avoir reçu selon l'usage l'hommage des grands de la cour et celui du peuple de la capitale,
il confia les principales tâches du gouvernement à Yahya le Barmakide, à qui il s'adressait,
dit-on, comme à un “ père ” et qui se fit assister par ses deux fils, al-Fadl et Dja'far.
Le règne de Haroun al-Rashid défraya surtout les chroniques arabes par les relations du
jeune souverain avec ses “ ministres ” qui exercèrent durant dix-sept ans un pouvoir
apparemment dictatorial pour être ensuite subitement victimes d'une disgrâce violente,
restée mystérieuse aux contemporains.
Cet événement doit d'abord être ramené à de plus
justes proportions car les fameux Barmakides, tout en inspirant le plus souvent la politique
califienne, ne s'en heurtaient pas moins périodiquement à l'opposition du souverain sur
des points importants de politique générale.
Les Barmakides, qui appartenaient à une
famille iranienne originaire des environs de Balkh et récemment convertie à l'Islam, étaient
de ces “ clients ” non arabes qui, depuis les conquêtes, étaient venus grossir les rangs des
musulmans, en leur apportant leur expérience administrative et qui avaient, pour la
plupart, soutenu la révolution abbasside pour obtenir, au sein de la nouvelle société, un
rang plus conforme à leurs capacités.
Les souverains abbassides avaient ainsi eu recours,
beaucoup plus largement que leurs prédécesseurs, à ces clients souvent avides d'honneurs
et d'autorité, et surtout avaient accueilli, de préférence, parmi eux les clients iraniens,
jusque-là tenus un peu à l'écart.
Mais ces clients n'en avaient pas moins, sur certains
points, des opinions quelque peu différentes de celles des gouvernants.
Ainsi, les
Barmakides étaient ouvertement favorables à la culture iranienne qui, par sa qualité,
menaçait d'éclipser la culture proprement arabe ; de même aussi tenaient-ils à bien traiter
les populations de ces régions lointaines dont ils étaient eux-mêmes originaires.
Surtout, ils
étaient ouverts aux idées de caractère philosophique qui commençaient à se répandre
alors, favorisaient en conséquence les traductions d'ouvrages grecs et la discussion sur les
questions religieuses auxquelles le message coranique n'apportait pas de réponse explicite.
Ils semblent de plus n'avoir pas condamné franchement le mouvement dit chiite qui
considérait les descendants d'Ali, gendre et cousin du Prophète, comme seuls dignes
d'exercer le pouvoir et envisageaient peut-être la possibilité d'une réconciliation entre les
deux familles, abbasside et alide, qui se disputaient le droit au califat.
Cette position n'était
pas partagée par le jeune calife qui, à mesure qu'il mûrissait, mesura tout le danger qu'elle
pouvait comporter pour lui-même et pour le régime qu'avaient inauguré les premiers
souverains abhassides, en même temps qu'il se sentait humilié par la supériorité
intellectuelle de ces serviteurs non arabes..
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