Hans Henny Jahnn1894-1959Lorsque Hans Henny Jahnn mourut, son oeuvre était encore presque entièrement inconnuedu grand public.
Publié le 23/05/2020
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Hans Henny Jahnn
1894-1959
Lorsque Hans Henny Jahnn mourut, son œ uvre était encore presque entièrement inconnue
du grand public.
À l'écart des grands courants littéraires, méconnu et ignoré, tout juste
honoré de quelques remarques par la critique, il avait réalisé, en plus de quarante années
d'intense activité, une œ uvre d'une ampleur extraordinaire, que l'on peut considérer
comme l'une des plus remarquables manifestations de la langue allemande.
La vie de cet homme, qui a exercé avec bonheur de nombreuses professions, a été
extrêmement complexe.
Son amour précoce pour la musique l'amena à devenir facteur
d'orgues.
Il fut en outre un excellent organiste et se fit un nom auprès des connaisseurs en
redécouvrant et en éditant la musique d'église baroque.
Il faut signaler aussi ses études sur
la peinture et l'architecture et ses expériences de sciences naturelles, notamment dans le
domaine des recherches hormonales.
Fils d'un constructeur de bateaux d'Altona-Stellingen, Hans Henny Jahnn poursuivit des
études secondaires au lycée de Hambourg.
Lorsque éclate la Première Guerre mondiale,
ses sentiments antimilitaristes l'amènent à refuser toute participation à cette tuerie
collective insensée et il s'enfuit en Norvège en 1915.
Il revient en Allemagne à la fin de la
guerre.
En 1933, lorsque les Nazis arrivent au pouvoir, il ne reste plus à cet apôtre de la
non-violence, cet adversaire inconditionnel de l'aveuglement raciste et du militarisme, que
le chemin de l'exil.
Au centre de l' œ uvre de Jahnn se trouve l'homme, créature physique et sensuelle, à la fois
enchaîné à ses instincts et écartelé par la dualité de l'action et de la pensée.
L'homme, voué dans sa chair à la mort physique, ne peut espérer se sauver ; il est
éternellement maudit et n'est que le jouet de puissances cruelles.
Soumis à des instincts
animalesques et déterminé par ses “ sécrétions internes ” dont les perturbations peuvent
influer sur le comportement physique et intellectuel, il n'est plus à la fois le centre et le
couronnement de la création, mais jeté dans une nature tentaculaire et impitoyable qui
n'éprouve qu'indifférence à l'égard de l'individu et de sa destinée.
C'est à la lumière des
insuffisances de la création, “ dans laquelle tous les êtres vivants mangent et doivent être
mangés ”, qu'apparaissent chez Jahnn les premiers doutes quant à la signification même de
l'existence.
Déjà, on remarque des affinités avec le pessimisme philosophique de
Schopenhauer.
On peut poursuivre ce parallèle avec Schopenhauer en observant l'immense compassion
de Jadnn pour tout ce qui souffre.
Cette compassion constitue le thème central de toute son
œ uvre ; elle vaut pour le coupable dont la culpabilité est elle-même source de souffrance,
mais elle vaut aussi tout particulièrement pour l'animal, livré sans défense aux mauvais
traitements de la “ bête ” humaine.
“ Il est bon de se préparer très jeune à supporter les
atrocités dont l'homme est capable, lorsqu'il ne se maîtrise pas.
” Cette phrase exprime tout
le désespoir de Jahnn quant à la condition de ce monde dans lequel la faute est et sera
toujours possible, parce que “ l'homme n'est pas libre et que sa faute est originelle ”.
L'espoir en un changement de cet état de fait et en l'avènement d'un monde meilleur, cet
espoir s'est envolé ; il a échoué face à la réalité, au tragique de la vie, et Jahnn constate que.
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