Gymnopédies [Erik Satie] - analyse de l'oeuvre musicale.
Publié le 18/05/2020
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Gymnopédies [Erik Satie] , œuvre pour piano de Satie, composée en 1888.
Satie est orfèvre en matière de titres comme en attestent les Trois Airs à faire fuir (1897), les Trois Morceaux en forme de poire (1903) ou encore Relâche (1924).
Composées en 1888, dans la période dite « montmartroise » de leur auteur, les trois
Gymnopédies pour piano ne font pas exception : traduit littéralement, ce nom étrange et suggestif signifie « enfants nus » et fait référence à certaines danses rituelles de l’Antiquité grecque.
Toutefois, on ne saurait chercher dans cette musique un
aspect descriptif et encore moins lui attribuer une quelconque volonté d’archéologie musicale.
Tout au plus peut-on suggérer un lien avec le goût de l’époque pour une certaine sensualité antiquisante : les biographes rappellent volontiers la forte
impression reçue par Satie à la lecture de Salammbô de Flaubert Quoi qu’il en soit, le goût du mystère et du jeu de mots de celui qu’Alphonse Allais surnomme « Esoterik Satie », lequel a fait sa première entrée au Chat noir en se présentant comme
« gymnopédiste », laisse ouvertes bien des hypothèses…
Ces pièces, au nombre de trois comme très souvent chez ce compositeur, présentent entre elles une très forte unité d’écriture et d’atmosphère (« Lent et douloureux », « Lent et triste », « Lent et grave »).
La forme de base — et cela aussi est très
fréquent — est une danse : ici une valse lente, mais sans appui, en accords de blanches et blanches pointées, sur laquelle vient s’inscrire une courbe mélodique délicate et souple.
La matière de chaque pièce une fois exposée est redonnée avec de très
légères modifications mélodiques ou harmoniques.
Seule la deuxième, dont le second volet, plus court, introduit aussi des variations plus sensibles, échappe à ce schéma.
L’écriture s’est considérablement assouplie et aérée par rapport aux morceaux
précédents (Ogives, Sarabandes). De type modal, elle fait preuve d’une désinvolture harmonique certaine, affectant volontiers l’allure d’une improvisation notée.
Avec leur extrême économie de moyens — Cocteau écrira que cette musique « va toute nue » —, leur brièveté, leur mélange unique et assez distancié de mélancolie et de sensualité, les Gymnopédies se démarquent radicalement des grandes formes,
du type d’expressivité et de la virtuosité volontiers cultivés par le romantisme tardif et la grande école pianistique française de l’époque.
Elles passionnèrent aussi bien Debussy, qui a orchestré la première et la troisième, que Ravel ou Poulenc.
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