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Guy de Maupassant Contes du jour et de la nuit, « Le Vieux».

Publié le 13/06/2020

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« Persuadés que le grand-père va mourir, une fermière normande et son mari, les Chicot, ont invité une quarantaine de personnes à assister à l'enterrement «prévu» pour le samedi matin. La fermière a même préparé des «douillons» (pâtisserie constituée de pommes enrobées dans de la pâte et mises au four). Mais le samedi matin, le grand-père est toujours vivant... Maître Chicot, la bouche pleine, prononça : « S'i nous véyait, l'pé, ça lui frait deuil2. C'est li qui les aimait d'son vivant.» Un gros paysan jovial déclara : « I n'en mangera pu, à c't'heure. Chacun son tour.» Cette réflexion, loin d'attrister les invités, sembla les réjouir. C'était à leur tour, à eux, de manger des boules. Mme Chicot, désolée de la dépense, allait sans cesse au cellier chercher du cidre. Les brocs se suivaient et se vidaient coup sur coup. On riait maintenant, on parlait fort, on commençait à crier comme on crie dans les repas. Tout à coup une vieille paysanne qui était restée près du moribond, retenue par une peur avide de cette chose qui lui arriverait bientôt à elle-même, apparut à la fenêtre, et cria d'une voix aiguë : « Il a passé ! il a passé ! » Chacun se tut. Les femmes se levèrent vivement pour aller voir. Il était mort, en effet. Il avait cessé de râler. Les hommes se regardaient, baissaient les yeux, mal à leur aise. On n'avait pas fini de mâcher les boules. Il avait mal choisi son moment, ce gredin-là. Les Chicot, maintenant, ne pleuraient plus. C'était fini, ils étaient tranquilles. Ils répétaient : «J'savions bien qu'ça n'pouvait point durer. Si seule-ment il avait pu s'décider c'te nuit, ça n'aurait point fait tout ce dérangement.» Vous ferez de cette page un commentaire composé en étudiant, par exemple, l'art avec lequel l'écrivain rend crédible cette farce macabre. .. .»

« Guy DE MAUPASSANT Contes du iour et de la nuit, « Le V ieux».

Persuadés que le grand-père va mourir, une fermière nor­ mande et son mari, les Chicot, ont invité une quarantaine de personnes à assister à l'enterrement «prévu» pour le samedi matin.

La fermière a même préparé des «douillons» (pâtisserie constituée de pommes enrobées dans de la pâte et mises au four).

Jvfais le samedi matin, le grand-père est toujours vivant...

L es quatre douzaines de douillons; appétissants, tiraient les yeux, disposés dans deux grands plats.

Chacun avançait son bras pour prendre le sien, craignant qu'il n'y 85 en eût pas assez.

Mais il en resta quatre.

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