Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale. Commentaire
Publié le 02/07/2020
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« A Paris, le 24 février 1848, l'insurrection gronde. Place du Palais Royal, Frédéric assiste aux combats. Les tambours battaient la charge. Des cris aigus, des hourras de triomphe s'élevaient. Un remous continuel faisait osciller la multitude. Frédéric, pris entre deux masses profondes, ne bougeait pas, fasciné d'ailleurs et s'amusant extrêmement. Les blessés qui tombaient, les morts étendus n'avaient pas l'air de vrais blessés, de vrais morts. Il lui semblait assister à un spectacle. Au milieu de la houle. par-dessus des têtes, on aperçut un vieillard en habit noir sur un cheval blanc, à selle de velours 1. D'une main, il tenait un rameau vert, de l'autre un papier, et les secouait avec obstination. Enfin, désespérant de se faire entendre, il se retira. La troupe de ligne avait disparu et les municipaux restaient seuls à défendre le ^^te. Un flot d'intrépides se rua sur le perron; ils s'abattirent, d'autres survinrent; et la porte, ébranlée sous des coups de barre de fer, retentissait; les municipaux ne cédaient pas. Mais une calèche 1 2 bourrée de foin, et qui brûlait comme une torche géante, fut traînée contre les murs. On apporta vite des fagots, de la paille, un baril d'esprit-de-vin. Le feu monta le long des pierres; l'édifice se mit à fumer partout comme une solfatare3, et de larges flammes, au sommet, entre les balustres de la terrasse, s'échappaient avec un bruit strident. Le premier étage du Palais-Royal s'était peuplé de gardes nationaux. D& toutes les fenêtres de la place, on tirait; les balles sifflaient; l'eau de la fontaine crevée se mêlait avec le sang, taisait des flaques par terre ; on glissait dans la boue sur des vêtements, des shakos 4, des armes; Frédéric sentit sous son pied quelque chose de mou; c'était la main d'un sergent en capote grise, couché la face dans le ruisseau. Des bandes nouvelles de peuple arrivaient toujours, poussant les combattants sur le poste. Le fusillade devenait plus pressée. Les marchands de vins étaient ouverts; on allait de temps à autre y fumer une pipe, boire une chope, puis on retournait se battre. Un chien perdu hurlait. Cela faisait rire. Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale. Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourriez par exemple montrer comment la précision du reportage s'allie au souci esthétique de ta composition et vous demander quel est l'intérêt de la présence de Frédéric. ...»
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