Guitry, Sacha.
Publié le 06/12/2021
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Guitry, Sacha.
1
PRÉSENTATION
Guitry, Sacha (1885-1957), dramaturge, dessinateur, scénariste et réalisateur français.
Né à Saint-Pétersbourg, Alexandre Guitry, dit Sacha Guitry, est le fils du comédien Lucien Guitry. Il passe une partie de son enfance en compagnie de ce dernier à la cour du tsar de Russie. Rentré en France, il s'oriente à son tour vers le théâtre, où il
apparaît sous le pseudonyme de Lorcey. Il réalise aussi des caricatures et des dessins, puis, reprenant son nom de Guitry, commence à écrire des pièces qu'il interprète parfois et qui connaissent un succès immédiat.
2
L'HOMME DE THÉÂTRE
Sacha Guitry est l'auteur de 139 pièces -- des drames, des comédies ou des spectacles musicaux -- très représentatives d'un certain « esprit français «, caustique et sophistiqué. Jouées dans les théâtres de boulevard, elles amusent par leurs mots
d'auteur et par la cocasserie des situations. La finesse des intrigues, le sens de la cadence et l'amour sincère du théâtre et des comédiens dont elles témoignent en font des oeuvres souvent brillantes et toujours actuelles.
2.1
Belle époque et années folles
Auteur précoce, Guitry débute à dix-sept ans avec le Page (1902), suivi de Yves le fou (1903) et le K.W.T.Z. (1905). Il obtient son premier triomphe avec Nono (1905). Dans son abondante production antérieure à la Première Guerre mondiale, il faut
aussi retenir Chez les Zouaques (1906), la Clef (1907), le Scandale de Monte-Carlo (1908), un opéra bouffe sur une musique de Tiarko Richepin : Tell Père, Tell fils (1909), le Veilleur de nuit (1911) qu'il crée aux cotés de Harry Baur, Un beau mariage
(1909), la Prise de Berg-op-Zoom (1912), la Pèlerine écossaise (1914) et Deux couverts (1914), commandé par la Comédie Française.
Durant la guerre, il crée encore une poignée de chefs-d'oeuvre : Faisons un rêve (1916), Jean de La Fontaine (1916), Un soir quand on est seul (1917), l'Illusionniste (1917) et Debureau (1918).
Après l'armistice et dans les années vingt, il écrit entre autres Pasteur (1919), Mon père avait raison (1919) qu'il interprète avec son père, Béranger (1920), Comment on écrit l'histoire (1920), le Comédien (1921), le Blanc et le Noir (1921), des
comédies musicales comme l'Amour masqué, sur une musique d'André Messager et Mozart (1925) sur une musique de Reynaldo Hahn, puis Désiré (1927) et Un miracle (1927), créé par Pierre Fresnay.
Souvent inspirées par l'histoire et les grands hommes, ses oeuvres sont empreintes d'une certaine cruauté dans leur description des moeurs bourgeoises et des rapports de classe. En pleine possession de son art, Guitry maîtrise alors parfaitement la
technique du rire et de l'émotion et atteint une grande pureté formelle.
2.2
Le roi du théâtre à Paris
Pendant les années trente, ses pièces obtiennent à Paris des succès continuels. Parmi les plus grands, on peut citer Frans Hals ou l'Admiration (1931), un opéra bouffe mis en musique par Louis Beydts : la S.A.D.M.P. (1931), le Voyage de Tchong-Li
(1932), une comédie musicale sur une partition de Reynaldo Hahn : O mon bel inconnu (1933), le Nouveau Testament (1934), Quand jouons-nous la comédie ? (1935), le Mot de Cambronne (1936) et Quadrille (1937).
2.3
L'Occupation et ses conséquences
Bien qu'il ne semble pas s'être véritablement compromis avec l'occupant ni le régime de Vichy, Guitry passe aux yeux de beaucoup pour un collaborationniste. On lui reproche d'avoir continué sa carrière au théâtre et d'avoir dirigé un ouvrage
patriotique, De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain. Parmi les pièces qu'il a créées sous l'Occupation, on doit surtout retenir N'écoutez pas Mesdames (1942). À la Libération, il est aussitôt interpellé, accusé de collusion avec l'ennemi, exclu de l'académie
Goncourt et conspué par la presse. Bien qu'il ait été rapidement disculpé, la rumeur persistera et il en souffrira toute sa vie.
2.4
Les dernières pièces
Après guerre, ses apparitions au théâtre se font plus rares. Il interprète néanmoins ses dernières créations : le Diable boiteux (1948), Aux deux colombes (1948), Tu m'as sauvé la vie (1949), avec Fernandel comme partenaire, et Palsambleu (1953).
3
L'HOMME DE CINÉMA
Guitry, homme de dialogue par excellence, est à l'origine fort peu intéressé par le cinéma muet. Pendant la Première Guerre mondiale, patriote et mondain, il réalise néanmoins un film de propagande culturelle intitulé Ceux de chez nous (1915), où
l'on peut voir les célébrités de son temps et dont il commente les projections avec sa verve coutumière. Plus tard, il écrit et interprète avec Yvonne Printemps Un roman d'amour et d'aventures (1918) réalisé par René Hervil et Louis Mercanton, mais
se désintéresse ensuite de cet art.
À l'arrivée du parlant, après avoir laissé Robert Florey adapter sa pièce le Blanc et le Noir (1931) pour l'écran, il donne une conférence au titre significatif : « Pour le théâtre et contre le cinéma « (1932). Pourtant, ne craignant pas de se contredire, il
réalise peu après Pasteur (1935) d'après sa propre pièce, puis écrit et réalise Bonne chance (1935), un film formellement très inventif.
3.1
Du théâtre au cinéma
Dans les années trente, il adapte pour l'écran un certain nombre de ses pièces à succès : le Nouveau Testament (1936), Mon père avait raison (1936), Faisons un rêve (1937), le Mot de Cambronne (1937), Désiré (1937) et Quadrille (1938), donnant à
ces adaptations, qui vont bien au-delà du simple théâtre filmé, un rythme extraordinaire et une esthétique épurée.
Mais il se distingue encore davantage avec ses films aux scénarios originaux comme le Roman d'un tricheur (1936), oeuvre entièrement commentée en voix off, d'une drôlerie et d'une inventivité rares, les Perles de la couronne (1937), premier film
européen parlé en trois langues, qui confronte de façon époustouflante le passé et le présent, Remontons les Champs-Élysées (1938), une amusante promenade historique le long de la célèbre avenue, et enfin Ils étaient neuf célibataires (1939), une
magistrale comédie grinçante.
3.2
Drames cinématographiques
Pendant l'Occupation, il réalise le Destin fabuleux de Désiré Clary (1942), puis tourne Donne-moi tes yeux (1943), un mélodrame sur la cécité qui est également un témoignage quasi documentaire sur cette époque difficile, et enfin la biographie
tragique de la Malibran (1943), sans doute un des meilleurs films sur la vie d'une cantatrice.
3.3
Fresques et amertume
Après ses mésaventures à la Libération, il revient au cinéma pour adapter à nouveau ses propres pièces : le Comédien (1948), le Diable boiteux (1948), où il se délecte dans le rôle de Talleyrand, Aux deux colombes (1949), dont le générique est une
amusante explication de la manière dont on fait un film en studio, Tu m'as sauvé la vie (1950) et Debureau (1951). Il signe aussi Toa (1949), une farce où le théâtre et le cinéma se rencontrent de façon stupéfiante, le Trésor de Cantenac (1950),
dans lequel on a pu voir son testament cinématographique, Je l'ai été trois fois (1952) ; puis un diptyque avec Michel Simon : la Poison (1951) et la Vie d'un honnête homme (1953) qui témoignent avec un humour très noir de son pessimisme et de
son amertume.
Enfin, trois ambitieuses fresques historiques, Si Versailles m'était conté (1953), Napoléon (1954) et Si Paris m'était conté (1956), lui valent une réhabilitation générale et des félicitations officielles. Sa carrière se clôt peu après sur deux films à
l'humour noir corrosif, Assassins et Voleurs (1957) et Les trois font la paire (1957).
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Guitry, Sacha.
1
PRÉSENTATION
Guitry, Sacha (1885-1957), dramaturge, dessinateur, scénariste et réalisateur français.
Né à Saint-Pétersbourg, Alexandre Guitry, dit Sacha Guitry, est le fils du comédien Lucien Guitry. Il passe une partie de son enfance en compagnie de ce dernier à la cour du tsar de Russie. Rentré en France, il s'oriente à son tour vers le théâtre, où il
apparaît sous le pseudonyme de Lorcey. Il réalise aussi des caricatures et des dessins, puis, reprenant son nom de Guitry, commence à écrire des pièces qu'il interprète parfois et qui connaissent un succès immédiat.
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L'HOMME DE THÉÂTRE
Sacha Guitry est l'auteur de 139 pièces -- des drames, des comédies ou des spectacles musicaux -- très représentatives d'un certain « esprit français «, caustique et sophistiqué. Jouées dans les théâtres de boulevard, elles amusent par leurs mots
d'auteur et par la cocasserie des situations. La finesse des intrigues, le sens de la cadence et l'amour sincère du théâtre et des comédiens dont elles témoignent en font des oeuvres souvent brillantes et toujours actuelles.
2.1
Belle époque et années folles
Auteur précoce, Guitry débute à dix-sept ans avec le Page (1902), suivi de Yves le fou (1903) et le K.W.T.Z. (1905). Il obtient son premier triomphe avec Nono (1905). Dans son abondante production antérieure à la Première Guerre mondiale, il faut
aussi retenir Chez les Zouaques (1906), la Clef (1907), le Scandale de Monte-Carlo (1908), un opéra bouffe sur une musique de Tiarko Richepin : Tell Père, Tell fils (1909), le Veilleur de nuit (1911) qu'il crée aux cotés de Harry Baur, Un beau mariage
(1909), la Prise de Berg-op-Zoom (1912), la Pèlerine écossaise (1914) et Deux couverts (1914), commandé par la Comédie Française.
Durant la guerre, il crée encore une poignée de chefs-d'oeuvre : Faisons un rêve (1916), Jean de La Fontaine (1916), Un soir quand on est seul (1917), l'Illusionniste (1917) et Debureau (1918).
Après l'armistice et dans les années vingt, il écrit entre autres Pasteur (1919), Mon père avait raison (1919) qu'il interprète avec son père, Béranger (1920), Comment on écrit l'histoire (1920), le Comédien (1921), le Blanc et le Noir (1921), des
comédies musicales comme l'Amour masqué, sur une musique d'André Messager et Mozart (1925) sur une musique de Reynaldo Hahn, puis Désiré (1927) et Un miracle (1927), créé par Pierre Fresnay.
Souvent inspirées par l'histoire et les grands hommes, ses oeuvres sont empreintes d'une certaine cruauté dans leur description des moeurs bourgeoises et des rapports de classe. En pleine possession de son art, Guitry maîtrise alors parfaitement la
technique du rire et de l'émotion et atteint une grande pureté formelle.
2.2
Le roi du théâtre à Paris
Pendant les années trente, ses pièces obtiennent à Paris des succès continuels. Parmi les plus grands, on peut citer Frans Hals ou l'Admiration (1931), un opéra bouffe mis en musique par Louis Beydts : la S.A.D.M.P. (1931), le Voyage de Tchong-Li
(1932), une comédie musicale sur une partition de Reynaldo Hahn : O mon bel inconnu (1933), le Nouveau Testament (1934), Quand jouons-nous la comédie ? (1935), le Mot de Cambronne (1936) et Quadrille (1937).
2.3
L'Occupation et ses conséquences
Bien qu'il ne semble pas s'être véritablement compromis avec l'occupant ni le régime de Vichy, Guitry passe aux yeux de beaucoup pour un collaborationniste. On lui reproche d'avoir continué sa carrière au théâtre et d'avoir dirigé un ouvrage
patriotique, De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain. Parmi les pièces qu'il a créées sous l'Occupation, on doit surtout retenir N'écoutez pas Mesdames (1942). À la Libération, il est aussitôt interpellé, accusé de collusion avec l'ennemi, exclu de l'académie
Goncourt et conspué par la presse. Bien qu'il ait été rapidement disculpé, la rumeur persistera et il en souffrira toute sa vie.
2.4
Les dernières pièces
Après guerre, ses apparitions au théâtre se font plus rares. Il interprète néanmoins ses dernières créations : le Diable boiteux (1948), Aux deux colombes (1948), Tu m'as sauvé la vie (1949), avec Fernandel comme partenaire, et Palsambleu (1953).
3
L'HOMME DE CINÉMA
Guitry, homme de dialogue par excellence, est à l'origine fort peu intéressé par le cinéma muet. Pendant la Première Guerre mondiale, patriote et mondain, il réalise néanmoins un film de propagande culturelle intitulé Ceux de chez nous (1915), où
l'on peut voir les célébrités de son temps et dont il commente les projections avec sa verve coutumière. Plus tard, il écrit et interprète avec Yvonne Printemps Un roman d'amour et d'aventures (1918) réalisé par René Hervil et Louis Mercanton, mais
se désintéresse ensuite de cet art.
À l'arrivée du parlant, après avoir laissé Robert Florey adapter sa pièce le Blanc et le Noir (1931) pour l'écran, il donne une conférence au titre significatif : « Pour le théâtre et contre le cinéma « (1932). Pourtant, ne craignant pas de se contredire, il
réalise peu après Pasteur (1935) d'après sa propre pièce, puis écrit et réalise Bonne chance (1935), un film formellement très inventif.
3.1
Du théâtre au cinéma
Dans les années trente, il adapte pour l'écran un certain nombre de ses pièces à succès : le Nouveau Testament (1936), Mon père avait raison (1936), Faisons un rêve (1937), le Mot de Cambronne (1937), Désiré (1937) et Quadrille (1938), donnant à
ces adaptations, qui vont bien au-delà du simple théâtre filmé, un rythme extraordinaire et une esthétique épurée.
Mais il se distingue encore davantage avec ses films aux scénarios originaux comme le Roman d'un tricheur (1936), oeuvre entièrement commentée en voix off, d'une drôlerie et d'une inventivité rares, les Perles de la couronne (1937), premier film
européen parlé en trois langues, qui confronte de façon époustouflante le passé et le présent, Remontons les Champs-Élysées (1938), une amusante promenade historique le long de la célèbre avenue, et enfin Ils étaient neuf célibataires (1939), une
magistrale comédie grinçante.
3.2
Drames cinématographiques
Pendant l'Occupation, il réalise le Destin fabuleux de Désiré Clary (1942), puis tourne Donne-moi tes yeux (1943), un mélodrame sur la cécité qui est également un témoignage quasi documentaire sur cette époque difficile, et enfin la biographie
tragique de la Malibran (1943), sans doute un des meilleurs films sur la vie d'une cantatrice.
3.3
Fresques et amertume
Après ses mésaventures à la Libération, il revient au cinéma pour adapter à nouveau ses propres pièces : le Comédien (1948), le Diable boiteux (1948), où il se délecte dans le rôle de Talleyrand, Aux deux colombes (1949), dont le générique est une
amusante explication de la manière dont on fait un film en studio, Tu m'as sauvé la vie (1950) et Debureau (1951). Il signe aussi Toa (1949), une farce où le théâtre et le cinéma se rencontrent de façon stupéfiante, le Trésor de Cantenac (1950),
dans lequel on a pu voir son testament cinématographique, Je l'ai été trois fois (1952) ; puis un diptyque avec Michel Simon : la Poison (1951) et la Vie d'un honnête homme (1953) qui témoignent avec un humour très noir de son pessimisme et de
son amertume.
Enfin, trois ambitieuses fresques historiques, Si Versailles m'était conté (1953), Napoléon (1954) et Si Paris m'était conté (1956), lui valent une réhabilitation générale et des félicitations officielles. Sa carrière se clôt peu après sur deux films à
l'humour noir corrosif, Assassins et Voleurs (1957) et Les trois font la paire (1957).
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