Guinée-Bissau
Publié le 06/12/2021
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1 | PRÉSENTATION |
Guinée-Bissau, en portugais Guiné-Bissau, pays d’Afrique de l’Ouest, ouvert sur l’océan Atlantique. Sa capitale est Bissau, à laquelle le pays doit son nom.
La Guinée-Bissau est limitée au nord par le Sénégal, à l’est et au sud par la Guinée. Pays très pauvre, la Guinée-Bissau est minée par le fardeau d’une dette très lourde et par un chômage touchant près de 40 p. 100 de la population active.
2 | LE PAYS ET SES RESSOURCES |
La Guinée-Bissau s’étend sur 36 125 km². Un tiers du territoire de la Guinée-Bissau est constitué par des îles (au nombre de soixante, dont l’archipel des Bissagos) et, sur le continent, par une plaine côtière marécageuse. Le relief s’élève progressivement vers l’est jusqu’à former un plateau qui, au sud-est, culmine à 360 m d’altitude. Des petits fleuves (Corubal, Cacheu, Geba), serpentent d’est en ouest et forment de vastes estuaires à leur embouchure. La plupart d’entre eux sont navigables et constituent le principal moyen de transport.
Le pays est soumis à un climat tropical humide, avec une moyenne annuelle des températures de 25 °C, sans variation très marquée d’une saison à l’autre. La saison des pluies dure de mai à octobre, avec des précipitations allant de 1 500 mm dans le Nord-Ouest à 2 600 mm dans le Sud ; la moyenne annuelle des précipitations, à Bolama, atteint 2 184 mm.
La plaine côtière est recouverte d’une végétation très touffue et de forêts humides ; la mangrove encombre les lagunes et l’embouchure des fleuves, de même que l'archipel des Bijagos au large. L’intérieur du pays est le domaine de la savane arborée.
La Guinée-Bissau est riche en bois durs tropicaux qui ne sont guère valorisés. Les gisements de bauxite, de phosphate, de zinc, de cuivre et de pétrole offshore ne sont pas encore exploités.
3 | POPULATION ET SOCIÉTÉ |
3.1 | Démographie |
La population a été estimée, en 2008, à 1 503 182 habitants, soit une densité assez faible de 54 habitants au km2. L’accroissement naturel s’est élevé, sur la période de 1990 à 1995, à 2,1 p. 100 par an. L’espérance de vie à la naissance très réduite (47,5 ans) et le taux de mortalité infantile (102 p. 1 000) témoignent de la défaillance du système de soins et de la pauvreté du pays.
Les Balantes représentent environ 30 p. 100 de la population. Ils vivent principalement dans la plaine côtière et à la frontière avec le Sénégal, de même que les Baga, Nalu, Londuman, Floup et Mandjake. Peul (23 p. 100) et Malinké (12 p. 100) habitent plutôt l’intérieur du pays. Les Cap-Verdiens, dont le pays était uni à la Guinée-Bissau lors de l’indépendance, de 1975 à 1980, constituent une minorité non négligeable.
3.2 | Découpage administratif et villes principales |
La Guinée-Bissau est découpée en huit régions et un secteur autonome, Bissau. Les villes sont encore peu développées. Seuls 36 p. 100 des habitants vivent dans les centres urbains (2005), dont le principal est la capitale, Bissau, également le principal port du pays. Le pays dispose de deux autres ports, Cacheu et Bolama. Bafata est la plus grande ville de l’intérieur du pays (15 000 habitants).
3.3 | Langues et religion |
La langue officielle est le portugais et la langue vernaculaire le crioulo, un créole formé à partir du portugais et de langues africaines. Balante, malinké et peul sont également parlés.
65 p. 100 des habitants de la Guinée-Bissau sont animistes, 30 p. 100 sont musulmans (en particulier les Peul et les Malinké) et 5 p. 100 sont chrétiens.
3.4 | Éducation |
Le gouvernement a mis en place un programme d’alphabétisation, et plusieurs écoles normales forment les enseignants. Toutefois, le taux d’alphabétisation, 44,8 en 2005, reste faible. Seuls 25,2 p. 100 des enfants entre douze et dix-sept ans sont scolarisés ; 0,3 p. 100 de la classe d’âge concernée poursuit des études universitaires (données de 1995).
3.5 | Institutions et vie politique |
3.5.1 | Historique |
La Guinée-Bissau accède à l’indépendance en 1974, au terme d’une guerre de libération menée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui devient le parti unique. Elle est régie par une Constitution introduite en 1984 par João Bernardo Vieira, grâce à laquelle il s’arroge tous les pouvoirs, et amendée à plusieurs reprises (1991, 1993, 1996). En particulier, la révision constitutionnelle de 1991 abolit la suprématie du parti unique et instaure le multipartisme. Dans ce contexte, plusieurs mesures de libéralisation sont mises en œuvre : indépendance des syndicats et liberté syndicale, droit de grève, liberté de la presse… Le 7 août 1994, la première élection présidentielle pluraliste est remportée avec 52 p. 100 des voix par João Bernardo Vieira contre Kumba Yala, le candidat du Parti de la rénovation sociale.
Le processus de démocratisation est cependant perturbé dès 1998 par l’entrée en rébellion d’une majeure partie de l’armée. Le président Vieira est renversé en 1999. Le retour aux institutions démocratiques est marqué par l’élection à la présidence de la République de Kumba Yala en janvier 2000 (avec 72 p. 100 des suffrages face au candidat du PAIGC, Malam Bacai Sanha). Après deux nouveaux coups d’État militaires (en 2000 et en 2003) et la mise en place d’un gouvernement civil de transition, le processus démocratique reprend avec la tenue d’élections législatives (mars 2004), qui portent au pouvoir l’ancien parti unique, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC). Il se clôt avec l’élection présidentielle de juillet 2005, remportée par l’ancien président João Bernardo Vieira, face au candidat du PAIGC Malam Bacai Sanha. Ces deux scrutins sont jugés « libres, justes et transparents « par les observateurs internationaux, en dépit d’un certain nombre de dysfonctionnements.
3.5.2 | Organisation des pouvoirs |
Le président de la République est le chef de l’État. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable deux fois. Il nomme le Premier ministre en fonction de la majorité parlementaire. Le Premier ministre est le chef du gouvernement.
Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement unicaméral, l’Assemblée nationale populaire (Assembleia nacional popular, ANP). Ses membres (100) sont élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale. Le président de la République peut dissoudre l’Assemblée nationale.
La Constitution bissau-guinéenne garantit l’indépendance du pouvoir judiciaire.
3.5.3 | Partis politiques |
Il existe une quinzaine de partis politiques. Les principaux sont l’ancien parti unique, le PAIGC (qui a remporté 45 sièges aux élections législatives de 2004), le Parti de la rénovation sociale (PRS, 35 sièges), le Parti uni social-démocrate (PUSD, 17 sièges), l’Union électorale (2 sièges) et l’Alliance populaire unie (1 sièges).
4 | ÉCONOMIE |
L’économie est principalement agricole. Avec un produit intérieur brut (PIB) de 304 millions de dollars en 2006, soit un PIB annuel par habitant de 185 dollars, la Guinée-Bissau est un pays pauvre. Le pays ploie sous le poids d’une dette trop élevée pour ses capacités économiques : en 1995, la dette extérieure brute s’est élevée à 894 millions de dollars. Depuis 1986, la politique économique a radicalement changé, le gouvernement ayant renoncé au dirigisme. Des plans d’ajustement structurels (PAS) successifs ont été mis en œuvre, avec le soutien du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
4.1 | Agriculture |
L’économie de la Guinée-Bissau est fondée sur les cultures vivrières : le riz, nourriture de base de la population, le sorgho, le maïs, les plantains et le manioc. Les exportations se composent principalement d’arachides, cultivées à l’intérieur du pays, de noix de coco, que l’on trouve sur les îles et la côte, et de noix de cajou (46 500 t en 1994).
L’industrie de la pêche, qui s’est rapidement développée, représente l’une des principales sources de revenus. À l’intérieur du pays, l’élevage de bovins, de caprins et de porcins constitue également une activité agricole importante.
4.2 | Industrie |
En 2006, l’industrie ne contribuait que pour 11,5 p. 100 au PIB. Elle se limite à la transformation de matières premières et à la fabrication de produits de consommation courante : brasserie, fabrication de jus de fruits, assemblage de voitures (500 par an), défibrage du coton ; complexes agro-industriels (rizeries, huile d’arachide, alimentation animale), peintures, matériaux de construction.
4.3 | Échanges |
La monnaie est le franc qui se divise en 100 centimes. En 1990, la Guinée-Bissau a demandé son entrée dans la zone franc. D’abord refusée — les finances publiques devant être au préalable assainies —, la Guinée-Bissau est finalement entrée officiellement dans la zone franc le 31 mars 1997, ce qui a provoqué une flambée des prix et un fort mécontentement.
Le commerce extérieur de la Guinée-Bissau est déficitaire. Les exportations sont agricoles à 98 p. 100 et n’ont représenté, en 2000, qu’une valeur de 53 millions de dollars tandis que les importations se sont élevées à 75 millions de dollars. Elles sont composées pour 32 p. 100 de produits alimentaires, pour 7 p. 100 de combustibles, pour 15 p. 100 de machines et matériel de transport, et pour 43 p. 100 d’autres biens manufacturés.
Le réseau routier s’étend sur 3 455 km, dont environ 8 p. 100 sont carrossables. Les principaux port et aéroport se situent à Bissau.
5 | HISTOIRE |
5.1 | De la traite des Noirs à la colonisation |
L’histoire ancienne de la Guinée-Bissau est peu connue. Mais les groupes de populations, notamment les Balantes, semblent déjà présents au xiie siècle. La région est découverte en 1446 par un négrier portugais du nom de Nuno Tristão et devient bientôt une plaque tournante de la traite des Noirs. En 1692, un comptoir portugais est installé à Bissau. Cependant, Français et Britanniques ont également des prétentions sur la région et, en 1792, la Grande-Bretagne fonde une colonie à Bolama qui n’a, toutefois, qu’une existence éphémère. En 1879, la région devient colonie portugaise. Un différend frontalier avec les Français est réglé par un traité en 1886. Néanmoins, jusqu’en 1915, les Portugais ne parviennent pas à exercer un contrôle total sur le pays. En 1952, la Guinée-Bissau est dotée du statut de territoire portugais d’outre-mer.
5.2 | La guerre d’indépendance |
Un mouvement nationaliste africain voit bientôt le jour avec le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert (PAIGC), fondé le 19 septembre 1956 par Amilcar Cabral. Le PAIGC déclenche une guerre d’indépendance, le 23 janvier 1963. En quelques années, la guérilla prend le contrôle d’importantes portions du territoire. Le 20 janvier 1973, Amilcar Cabral est assassiné à Conakry par la police secrète portugaise. Son frère, Luís de Almeida Cabral, lui succède à la tête du PAIGC, lequel proclame alors l’avènement de la république sur les territoires qu’il contrôle. Le 10 septembre 1974, le Portugal déclare la Guinée-Bissau et le Cap-Vert officiellement indépendants.
Le nouveau gouvernement, avec à sa tête Luís de Almeida Cabral, instaure un régime socialiste de parti unique. Il instaure une réforme agraire et impose un monopole d’État sur le commerce extérieur. En novembre 1980, le président Cabral est renversé par un coup d’État militaire fomenté par son Premier ministre, João Bernardo Vieira. La même année, l’union organique avec le Cap-Vert dans le cadre d’un même parti unique, le PAIGC, prend fin.
5.3 | Le difficile processus de démocratisation |
Élu pour cinq ans en 1984, réélu en 1989, le président Vieira échappe à une tentative de coup d’État en novembre 1985. En 1986, le pouvoir amorce la libéralisation du pays, économique d’abord, politique ensuite, avec l’instauration du multipartisme en 1992. Le président Vieira est ainsi réélu en 1994 lors des premières élections pluralistes de la Guinée-Bissau.
En 1996, la Guinée-Bissau adhère à la Communauté des pays de langue portugaise. Le peso guinéen, constamment déprécié, est remplacé en 1997 par le franc CFA. Par ces mesures, les dirigeants guinéens espèrent désenclaver le pays et attirer les investisseurs étrangers.
Mais, en juin 1998, le pays plonge dans la guerre civile à la suite d’une mutinerie conduite par le général Ansumane Mané, ancien chef d’état-major, limogé pour trafic d’armes à destination des indépendantistes de Casamance. Malgré la signature d’un accord de paix sous l’égide de la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au mois de novembre, et l’intervention d’une force ouest-africaine d’interposition, le conflit s’intensifie entre les rebelles et le nouveau gouvernement d’union nationale.
Au mois de mai 1999, les troupes du général Mané s’emparent du palais présidentiel et en chassent le président Vieira. La communauté internationale, et plus particulièrement africaine, réagit peu à ce putsch visant un chef d’État devenu très impopulaire et incapable de faire bénéficier son pays des résultats économiques encourageants.
Un gouvernement de transition est instauré et le processus démocratique reprend avec l’adoption le 7 juillet 1999 d’une nouvelle Constitution. Le texte abolit la peine de mort, limite à deux le nombre de mandats présidentiels (d’une durée de cinq ans), et stipule que les principales fonctions de l’État ne pourront être occupées que par des personnes issues de père et mère Bissau-Guinéens, écartant ainsi un certain nombre de personnalités des postes de responsables politiques.
L’élection présidentielle de novembre 1999 marque la défaite des candidats appuyés par le général Mané et amène au pouvoir Kumba Yalla, leader du Parti de la rénovation sociale (PRS), qui prend ses fonctions le 17 février 2000. L’armée, qui rechigne à abandonner les privilèges acquis à la faveur de l’instabilité politique, ne manque pas de faire valoir son importance auprès du pouvoir civil.
En novembre 2000, le pouvoir doit faire face à une nouvelle tentative de coup d’État menée par le général Mané. Malgré la mise en échec de ce putsch, au cours duquel Ansumane Mané est abattu par les troupes loyalistes, la situation du président Yalla est critique. Outre l’état de délabrement du pays, il lui est notamment reproché de favoriser les membres de son parti et de son ethnie (les Balantes), lesquels contrôlent de fait le sommet de l’État et l’armée.
Après avoir usé plusieurs Premiers ministres et s’être attaqué à la justice, à la presse et à l’opposition, Kumba Yalla dissout le Parlement en 2002. Alors qu’il reporte les élections législatives à plusieurs reprises, et que les arriérés de salaire et de traitement s’accumulent dans la fonction publique et l’armée, le président Yalla est renversé en septembre 2003 par un coup d’État sans effusion de sang mené par Verissimo Seabra Correia, chef d’état-major des armées. Ce coup d’État est favorablement accueilli par la classe politique et par la population. Accusé d’incompétence et de violation de la Constitution, le président déchu démissionne tandis que le général putschiste organise la transition. Un gouvernement d’unité nationale composé de civils est instauré pendant cette période transitoire, avec Henrique Rosa à la présidence de la République et Artur Sanha au poste de Premier ministre.
Le retour à la démocratie est marqué par la tenue d’élections législatives en mars 2004, qui portent au pouvoir le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC). Le processus démocratique s’achève par l’élection présidentielle de juillet 2005, remportée par l’ancien président João Bernardo Vieira, face au candidat du PAIGC Malam Bacai Sanha.
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