Guinée 2002-2003: Le spectre de l'«après-Lansana Conté»
Publié le 15/09/2020
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Guinée 2002-2003
Le spectre de l'«après-Lansana Conté»
La lente agonie du général-président Lansana Conté (au pouvoir depuis 1984, et
souffrant d'un diabète chronique) a alimenté l'actualité politique guinéenne.
À
Conakry, personne ne pouvait dire s'il serait toujours vivant au moment de
l'élection présidentielle de décembre 2003, à laquelle il était officiellement
candidat – il avait introduit une réforme de la Constitution lui permettant de
briguer un nouveau mandat.
Dans un tel contexte, les supputations sur son
éventuelle succession ont accru la tension dans le pays.
Ainsi, au sein de
l'opposition, certains ne cachaient pas leur désir de voir l'armée organiser une
«transition» militaire, alors que la Constitution faisait du président de
l'Assemblée nationale, Abdoulaye Somparé, le dauphin désigné pour organiser de
nouvelles consultations électorales.
Dans l'une de ses rares interventions
publiques, L.
Conté a interdit à l'armée de s'impliquer dans les activités des
partis politiques.
Des rumeurs avaient en effet fait état de «bruits de bottes»
dans les casernes visant à déposer le chef de l'État souffrant, au bénéfice de
certains officiers en liaison avec l'opposition.
Face à ce type de stratégie, le
président de l'Organisation guinéenne des droits de l'homme (OGDH), Thierno Sow,
a traité l'opposition de son pays d'«irresponsable et incapable».
Toutes ces tractations se sont déroulées dans un climat économique profondément
dégradé.
«Château d'eau» de l'Afrique de l'Ouest, dotée de fortes potentialités
agricoles et minières, la Guinée n'a pas pu les exploiter en quarante-six ans
d'indépendance.
À la mi-2002, le FMI a interrompu ses décaissements, en raison
de problèmes de gouvernance, tandis que les recettes douanières et fiscales de
l'État allaient décroissant.
Les coupures chroniques d'électricité et d'eau ont
suscité de violentes manifestations de rue de la part de jeunes tandis que
l'insécurité augmentait de manière sensible.
L'environnement immédiat de la Guinée a également suscité des inquiétudes.
Après
avoir alimenté la rébellion du Rassemblement des forces démocratiques de Guinée
(RFDG) – progressivement matée, avec le soutien des États-Unis, par l'armée
guinéenne et par des factions libériennes hostiles au régime de leur pays –, le
président du Libéria voisin Charles Taylor se trouvait parmi les «actionnaires»
de l'insurrection ivoirienne (déclenchée à l'été 2002), également soutenue par
Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso.
Alliée du régime ivoirien, la
Guinée a efficacement sécurisé la frontière commune, tout en encourageant, au
Libéria, l'avancée des troupes des Libériens unis pour la réconciliation et la
démocratie (LURD, mouvement armé opposé à Charles Taylor), ce qui a alimenté les
nombreuses accusations de déstabilisation proférées par le régime de Monrovia..
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