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Guinée 1994-1995

Publié le 15/09/2020

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« Guinée 1994-1995 Devenu le premier président élu du pays, le 19 décembre 1993, le général Lansana Conté a continué de gérer, à son rythme, l'après-Sékou Touré (mort en 1984 après vingt-six ans de dictature).

Faisant suite à bien des spéculations sur la création d'un poste de Premier ministre et sur l'ouverture du nouveau gouvernement à l'opposition, le chef de l'État a finalement procédé, le 23 août 1994 - huit mois après son élection -, à un remaniement ministériel sans grande innovation.

Les élections législatives, censées se dérouler dans un délai de soixante jours après la proclamation des résultats de l'élection présidentielle de décembre 1993, n'ont finalement été organisées que le 11 juin 1995.

Sous réserve de confirmation par la Cour suprême, l'opposition a remporté 43 sièges et le parti au pouvoir 71 sur les 114 en jeu.

Tout en redoutant la réédition des fraudes qui les avaient amenés à contester le scrutin présidentiel, les partis d'opposition ont passé des alliances préélectorales - sans se faire trop d'illusions sur leurs chances de voir, en cas de victoire, les caciques du Parti de l'unité et du progrès (PUP, au pouvoir) accepter une quelconque cohabitation. La plus importante de ces alliances a réuni, en février 1995, les deux principales formations de l'opposition: le Rassemblement du peuple guinéen (RPG) d'Alpha Condé et le Parti du renouveau et du progrès (PRP) de Siradiou Diallo. Le scrutin s'est déroulé dans un contexte économique marqué par l'intransigeance des bailleurs de fonds.

Certes, la Guinée a obtenu, en janvier 1995, lors de son passage au Club de Paris, le rééchelonnement de la dette extérieure bilatérale (une partie seulement d'une dette extérieure dont le total a été évalué, fin 1993, à 2,6 milliards de dollars).

Certes, les efforts d'ajustement structurel, commencés en 1986, ont permis de maintenir, en 1994, la croissance à 3,5% et de maîtriser l'inflation (passée de 25% en 1990 à 10% en 1994).

Mais la négociation d'un nouvel accord a achoppé, en 1995, sur la question de la fonction publique. Alors que ses effectifs avaient été réduits de moitié depuis 1986, les recrutements ont repris.

Les traitements des 55 000 fonctionnaires guinéens - un seuil de 53 000 agents avait été fixé avec les institutions de Bretton Woods - ont continué de mobiliser la moitié du budget de l'État. Dix ans après l'ouverture du pays à l'économie de marché, l'environnement fiscal et juridique demeurait pour le moins dissuasif.

Les investisseurs ne se sont pas bousculé et les deux millions de Guinéens qui avaient fui le régime de Sékou Touré sont restés à l'étranger.

Pratiquée partout, jusqu'aux niveaux élevés de l'État, la corruption, dénoncée par les experts de la Banque mondiale, a été ouvertement critiquée par le patronat guinéen, en octobre 1995, pour la première fois.

Fraude et contrebande se sont étendues à tous les marchés: de l'or au diamant, en passant par les cigarettes et les hydrocarbures.

Aussi le FMI a-t-il vivement recommandé, en septembre 1994, la mise en chantier d'une réforme judiciaire susceptible de garantir les droits des opérateurs privés.. »

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