Grèce antique
Publié le 06/12/2021
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Grèce antique, période de l’histoire de la Grèce allant des origines au IVe siècle apr. J.-C.
2 | LES PREMIERS TEMPS DU MONDE ÉGÉEN |
2.1 | L’époque préhellénique |
Les traces les plus anciennes d’occupation humaine en Grèce remontent au paléolithique. D’autres vestiges indiquent qu’au néolithique, vers 4000 av. J.-C., les populations se sédentarisent, développent l’agriculture, augmentent en nombre et occupent un espace plus étendu ; différents vestiges (notamment de l’obsidienne provenant de l’île de Milo) attestent de l’existence de relations maritimes dans les Cyclades.
À l’âge du bronze, vers 2000 av. J.-C., plusieurs civilisations s’épanouissent simultanément dans le monde égéen. En Crète, la civilisation minoenne, dont on ne sait que peu de choses, se développe dans le cadre de palais (comme à Cnossos, Phaïstos, Mallia, Zakros). Florissante, cette civilisation — qui met au point trois systèmes d’écriture — dispose d’artisans qualifiés et se diffuse dans l’ensemble du bassin méditerranéen, jusqu’en Égypte et en Syrie. Dans les Cyclades, la civilisation dite cycladique s’épanouit sous l’impulsion de populations allogènes (les Minoens) qui introduisent l’usage du métal et contribuent à la mise en place d’une société hiérarchisée couronnée par une caste aristocratique. Dans le Péloponnèse, la civilisation helladique (2500-1100 av. J.-C.) coïncide avec une période d’essor démographique et se caractérise surtout par l’apparition de nouveaux rites funéraires, vraisemblablement sous l’influence d’un peuple récemment implanté, les Hellènes.
À la fin du IIIe millénaire av. J.-C. commence une période de lentes migrations de peuples venus des régions danubiennes et parlant une langue indo-européenne. Ils pratiquent l’agriculture et l’élevage, utilisent le cheval et introduisent l’emploi d’outils et d’armes en cuivre ou en bronze, ainsi qu’une céramique particulière qui porte le nom de « minyenne «. Entre 2000 et 1600 av J.-C., trois groupes se succèdent : les Ioniens, qui occupent l’Attique et les Cyclades ; les Éoliens, qui s’établissent en Thessalie ; les Achéens (le groupe le plus important), qui s’installent dans le Péloponnèse.
2.2 | La civilisation mycénienne |
Dans la dernière phase de l’âge du bronze (v. 1600-1200 av. J.-C.), les Achéens donnent naissance à la civilisation mycénienne, qui doit son nom à la cité-royaume de Mycènes, où de nombreux vestiges archéologiques sont découverts, notamment par l’Allemand Heinrich Schliemann au XIXe siècle. Les Mycéniens, qui occupent le Péloponnèse, la Béotie, l’Attique, ainsi que la Crète, après le mystérieux effondrement de la civilisation minoenne, sont à l’origine de la fondation de différents royaumes, également organisés dans le cadre de palais ou de forteresses, gouvernés par un roi, comme à Tirynthe ou à Pylos. Hiérarchisée, leur société reconnaît l’existence juridique de communautés villageoises ; les terres sont d’ailleurs réparties selon plusieurs statuts. Un puissant clergé est au service d’une religion élaborée et jouant un rôle important ; la croyance en de nombreuses divinités — comme Zeus, Héra, Poséidon, Artémis ou Hermès — est attestée. Les tombes mises au jour, recelant souvent de véritables trésors, témoignent de la vitalité et de la richesse de cette civilisation.
Peuple de commerçants, mais aussi de pirates et de guerriers, les Mycéniens sont peut-être à l’origine de la destruction de Troie, décrite par Homère dans l’Iliade.
2.3 | Une vague de mouvements migratoires |
La destruction extrêmement brutale des villes et des palais mycéniens et la disparition, à la fin du XIIe siècle av. J.-C., de la civilisation mycénienne ont longtemps été expliquées uniquement par l’arrivée d’une dernière vague indo-européenne : celle des Doriens. En fait, d’autres événements ont pu intervenir, comme des bouleversements sociaux qui auraient affaibli les classes dirigeantes ou des changements climatiques qui auraient désorganisé l’agriculture — ces différents facteurs ne s’excluent d’ailleurs pas les uns les autres.
Entre la période d’effondrement de cette civilisation et l’émergence des cités, nouvelle forme d’organisation politique, s’écoulent quatre siècles, dont on sait fort peu de choses.
Au XIe siècle av. J.-C., plusieurs innovations comme la fabrication de céramiques à décors géométriques, l’utilisation du fer en remplacement du bronze ou encore la pratique de l’incinération, plutôt que celle de l’inhumation, apparaissent. Ces innovations ont longtemps été attribuées aux Doriens puisqu’elles sont concomitantes à leur arrivée ; il n’y a cependant aucune preuve que les événements soient liés. Cette époque est également marquée par d’importants mouvements migratoires ; ainsi, des Grecs, vraisemblablement poussés par les invasions, émigrent pour s’établir dans les îles de la mer Égée et le long des côtes asiatiques. La Béotie, la Thessalie, l’Asie Mineure et l’île de Lesbos sont occupées par les Éoliens ; les Doriens sont concentrés dans l’isthme de Corinthe, dans le Péloponnèse, en Crète et à Rhodes ; enfin, les Ioniens sont installés en Attique, en Eubée et dans les Cyclades.
Au cours des IXe et VIIIe siècles av. J.-C. — période qui nous est surtout connue par les récits d’Homère et d’Hésiode — se mettent en place certains des traits qui vont distinguer l’époque archaïque à venir : ainsi, parallèlement à la redécouverte de l’écriture et à la renaissance d’une vie religieuse, émergent des structures sociales (très petites unités territoriales dirigées par un basileus, un roi, c’est-à-dire celui qui possède le plus riche domaine, avec des classes sociales allant des nobles, principaux compagnons du roi, aux esclaves, exclus de toute vie politique et de l’armée) et un système de valeurs (fondé sur l’hospitalité et le courage), caractéristiques d’une culture grecque commune.
Durant la seconde moitié du VIIIe siècle, la Messénie, située dans le sud-ouest du Péloponnèse, est envahie par les Spartiates, qui progressivement s’installent dans toute la région.
3 | LA PÉRIODE ARCHAÏQUE |
3.1 | La naissance de la cité |
Les vagues de colonisation repoussent les limites du monde grec en Espagne, en Italie du Sud (voir Grande Grèce), en Thrace, en Chalcidique, sur la côte africaine, en Égypte, en Asie Mineure et au Pont-Euxin (mer Noire).
Parallèlement, des changements politiques interviennent. La date d’apparition des premières cités varie selon les historiens, mais il est certain que celles-ci existaient au VIIIe siècle av. J.-C. Le terme de « cité « (polis) désigne une communauté indépendante, dotée de ses propres institutions. Elle vit sur un territoire groupant un espace rural, avec des villages, et un espace plus ou moins urbanisé. Toutes les régions de Grèce ne connaissent pas cette forme d’organisation, et c’est sur la côte ionienne qu’elle semble être apparue en premier. L’organisation sociale de la cité repose essentiellement sur des citoyens-soldats.
L’évolution politique et sociale des cités grecques pendant la période archaïque est mal connue. Les monarchies sont progressivement remplacées, entre le XIe et le VIIe siècle av. J.-C., par des oligarchies. Le pouvoir passe donc aux mains des chefs des grandes familles nobles qui détiennent la terre et, par conséquent, la richesse et les armes. Ils choisissent parmi eux des magistrats temporaires, appelés archontes à Athènes ou éphores à Sparte.
Aux VIIe et VIe siècles av. J.-C., l’aristocratie doit affronter de graves troubles liés à des problèmes économiques et sociaux (augmentation du nombre de paysans sans terre, mécontentement d’une classe marchande née avec la colonisation qui réclame des droits politiques). Certaines cités, comme Athènes avec Solon et Dracon, font alors appel à des législateurs, d’autres ont recours à des aristocrates locaux, souvent chefs de guerre, appelés tyrans.
3.2 | La tyrannie |
Bien qu’issus de l’aristocratie, les tyrans gouvernent sans les nobles, et parfois même contre eux. Certains se révèlent des dirigeants avisés et accroissent la puissance de leur cité, à l’instar de Polycrate (qui règne approximativement en 535-522 av. J.-C.), à Samos. Mais les régimes tyranniques ne peuvent résister à la volonté des citoyens d’obtenir de véritables responsabilités politiques.
La période de la tyrannie (v. 650-500 av. J.-C.) correspond à une ère d’essor culturel et économique. Les échanges commerciaux, en particulier par la voie maritime, se multiplient, et l’usage de la monnaie devient essentiel. Le développement d’activités culturelles communes à toutes les cités grecques est l’un des grands facteurs d’union dans la Grèce antique, malgré l’émiettement politique, parallèlement à la langue et à la religion. Dans ce dernier domaine, des pratiques, comme les concours (ou jeux) panhelléniques organisés à Olympie (jeux Olympiques), Delphes (jeux Pythiques), Némée (jeux Néméens) et sur l’isthme de Corinthe (jeux Isthmiques), contribuent à la prise de conscience par les Grecs de leur appartenance à une même civilisation. Voir jeux antiques.
3.3 | L'émergence d'Athènes |
Devenue avec Sparte, entre le VIIIe et le VIe siècle av. J.-C., l’une des cités dominantes de la Grèce, Athènes connaît une évolution politique originale. La monarchie héréditaire y est abolie en 683 av. J.-C. par les nobles, ou eupatrides, issus de la puissante oligarchie terrienne, qui conservent le pouvoir jusqu’au milieu du VIe siècle av. J.-C. Les eupatrides sont les seuls à prononcer le droit et à régler les conflits juridiques, à pouvoir devenir archontes (magistrats nommés par le conseil de l’Aréopage), d’abord au nombre de 6, puis de 9 à partir de 683 av. J.-C., et à détenir les prêtrises. Le peuple est doté d’une Assemblée, l’ecclésia, au rôle très limité puisqu’elle ne peut qu’entériner les décisions des archontes. Vers 621 av. J.-C., après l’échec de la tentative de tyrannie populaire de Cylon (632 av. J.-C.), le législateur Dracon codifie et publie les lois d’Athènes, restées célèbres pour leur grande sévérité (« lois draconiennes «), qui, si elles limitent le pouvoir judiciaire des nobles, ne peuvent résoudre la crise économique et sociale qui agite la cité.
Le second coup majeur porté à la puissance des eupatrides sont les réformes de Solon, qui devient archonte en 594 av. J.-C. L’œuvre constitutionnelle qui lui est attribuée permet de remplacer le privilège de la naissance par celui de la fortune, pour l’accès aux magistratures et aux charges publiques ; la société est alors divisée en quatre classes censitaires, selon le revenu. Le droit de vote et l’égalité de toutes les classes censitaires dans l’ecclésia sont reconnus. La responsabilité politique du citoyen, quel que soit son statut, est affirmée. La création de la boulê, ou Conseil des Quatre-Cents, chargé de préparer le travail de l’Assemblée du peuple, et l’institution d’un tribunal populaire, l’Héliée, introduisent les ferments de la démocratie dans la vie de la cité. Dans le même temps Solon abolit les dettes des paysans, résorbant ainsi en partie la crise agraire.
En 560 av. J.-C., le tyran Pisistrate, soutenu par le peuple, s’empare du pouvoir. Son gouvernement et celui de ses fils, Hipparque et Hippias, coïncident avec une période de grande prospérité pour la cité, qui s’embellit considérablement. Pourtant, l’ère des Pisistratides, considérés comme des despotes, s’achève dans la violence : Hipparque est assassiné et Hippias chassé par une insurrection populaire. Le gouvernement d’Athènes revient alors entre les mains de la noblesse. Mais en 508-509 av. J.-C., Clisthène, membre d’une famille aristocratique, fait adopter une série de mesures fondées sur des principes démocratiques, qui donnent un cadre aux institutions athéniennes des Ve et IVe siècles av. J.-C. et font de lui le véritable « père « de la démocratie. Les quatre tribus initiales sont élargies à dix, constituées sur la base d’une division géographique de l’Attique, ce qui introduit une plus grande égalité entre les citoyens puisque c’est désormais leur lieu de résidence et non plus leur fortune qui leur donne accès à la vie publique, chaque tribu envoyant 50 représentants à la boulê, devenue Conseil des Cinq-Cents. Des garde-fous sont mis en place pour éviter tout retour à la tyrannie, notamment l’ostracisme — mesure juridique prise par un vote à la majorité simple, qui permet d’exiler pour dix ans un citoyen jugé dangereux pour la cité. Un grand épanouissement économique et culturel accompagne cette évolution politique.
4 | LA PÉRIODE CLASSIQUE |
4.1 | Les guerres médiques |
À partir du milieu du VIe siècle av. J.-C., l’émergence de l’Empire perse achéménide de Cyrus le Grand constitue une sérieuse menace à l’expansion et à la prospérité du monde hellénique. Après avoir détruit le royaume lydien de Crésus, les Perses s’attaquent aux cités ioniennes et, dès 546, ils soumettent toute la Grèce d’Asie et les îles côtières, à l’exception de l’île de Samos.
Les guerres médiques, qui se déroulent au Ve siècle av. J.-C., réunissent les cités grecques contre l’ennemi commun que constitue l’Empire perse. En 499 av. J.-C., l’Ionie, conduite par Aristagoras et aidée par Athènes et l’Érétrie, se révolte contre la Perse. Vainqueurs dans un premier temps, les rebelles sont matés par Darios Ier le Grand en 494 av. J.-C., qui, après avoir saccagé Milet, rétablit son contrôle absolu sur la région. En 490 av. J.-C., il envoie une importante expédition dans le but de punir les Athéniens pour leur participation au soulèvement, mais ses armées sont écrasées la même année à Marathon.
Athènes, sous la conduite du stratège Thémistocle, décide alors de consolider sa flotte de guerre et de développer le port du Pirée. Mais la menace perse subsiste, et les attaques reprennent, menées par le fils de Darios le Grand, Xerxès Ier. Après une première rencontre dans le défilé des Thermopyles, défendu par le Spartiate Léonidas Ier, une bataille navale se déroule à Salamine, en 480. Elle est remportée par Thémistocle et Eurybiade. La défaite totale des Perses a lieu à Platées, en 479 av. J.-C.
Malgré une nouvelle tentative perse, en 469-468 av. J.-C., sur l’Eurymédon, contrée par l’Athénien Cimon, la paix est signée par Callias et le roi de Perse Artaxerxès Ier, en 449. Les guerres médiques ont été relatées dans la tragédie d’Eschyle, les Perses.
4.2 | L'apogée d'Athènes |
Vainqueur incontesté des Perses, la cité-État d’Athènes retire un immense prestige des guerres médiques et devient la cité la plus importante du monde égéen. En outre, le conflit a prouvé l’importance croissante de la puissance navale, après la décisive bataille de Salamine. L’armée de Sparte, jusqu’ici la plus grande puissance militaire de Grèce et l’alliée d’Athènes, perd sa suprématie au profit de la flotte athénienne.
En 478 av. J.-C., un grand nombre de cités s’unissent au sein de la ligue de Délos, alliance militaire destinée à chasser les Perses d’Asie Mineure. Reposant au départ sur le volontariat, l’appartenance à la ligue — dominée par Athènes — devient rapidement une obligation pour les cités. Les Athéniens exigent des tributs de la part des autres cités, transportent le trésor de Délos à Athènes et répriment toute tentative d’émancipation : ainsi Naxos, qui essaie de se retirer de la confédération, voit-elle ses fortifications rasées. Progressivement, la ligue de Délos passe au service de ce qui va devenir l’« impérialisme athénien «.
Une période de domination politique, culturelle et artistique s’ouvre pour Athènes, qui atteint son apogée sous Périclès (voir siècle de Périclès). Il renforce les institutions démocratiques de la cité, qui est, grâce au trésor de la ligue, embellie et dotée de nouveaux monuments : la plupart des édifices de l’Acropole datent de cette époque. Athènes rayonne dans tout le monde antique, tant sur le plan culturel et artistique — avec des auteurs comme Eschyle, Sophocle, Euripide, des philosophes comme Socrate et Platon, des historiens tels que Thucydide et Hérodote, des sculpteurs comme Phidias — qu’économique, Le Pirée étant devenu la plaque tournante du commerce méditerranéen.
4.3 | La guerre du Péloponnèse et la domination spartiate |
La politique extérieure d’Athènes cause sa perte. D’une confédération d’alliés, la ligue de Délos se transforme en un empire inégalitaire où les cités qui se révoltent sont impitoyablement châtiées. Naxos (470 av. J.-C.), Thasos (465 av. J.-C.), la Béotie (447 av. J.-C.), Mégare (446 av. J.-C.), l’Eubée (445 av. J.-C.), Samos (439 av. J.-C.) se soulèvent et Sparte, jalouse de la prospérité d’Athènes et désireuse de recouvrer son prestige, en profite. À la tête d’une confédération formée par des cités du Péloponnèse, aux alentours de 550 av. J.-C., elle a les moyens de s’opposer à Athènes. Cependant, une trêve de trente ans est signée dans un premier temps, en 446 av. J.-C.
C’est en 431 av. J.-C. que l’affrontement entre Athènes et Sparte débute. Le prétexte est l’aide qu’Athènes apporte à Corcyre (Corfou) au cours d’un conflit entre Corcyre et Corinthe, alliée de Sparte. Connue sous le nom de guerre du Péloponnèse, la lutte entre les deux grandes confédérations dure jusqu’en 404 av. J.-C. et aboutit à la suprématie de Sparte en Grèce. De nombreux combats opposent les forces athéniennes aux troupes spartiates : le siège d’Amphipolis, l’expédition de Sicile — qui se solde par la retraite athénienne devant Syracuse (413 av. J.-C.) — et la bataille d’Aigos Potamos en 405. La capitulation d’Athènes et la reddition de sa flotte ont lieu en 404, marquant la défaite finale des Athéniens.
À la fin de la guerre, Sparte favorise le parti aristocratique athénien qui instaure un régime oligarchique à Athènes, le gouvernement des Trente Tyrans. La domination spartiate sur le monde grec se révèle bientôt plus sévère et oppressive que celle d’Athènes. En 403 av. J.-C., les Athéniens se révoltent sous l’égide de Thrasybule, chassent la garnison spartiate qui a soutenu l’oligarchie, et restaurent la démocratie et leur indépendance. D’autres cités grecques se rebellent régulièrement contre l’hégémonie de Sparte.
4.4 | Un ordre bouleversé |
En 400 av. J.-C., Sparte envoie en Asie Mineure une armée commandée par Agésilas II, contre les Perses. Bien que cette armée remporte quelques victoires, elle est obligée de revenir en 395 av. J.-C. pour faire face à une coalition regroupant Argos, Athènes, Corinthe et Thèbes. La guerre de Corinthe, qui s’ouvre alors, est marquée par la victoire de la coalition à Cnide, en 394 av. J.-C., puis se poursuit jusqu’en 386 av. J.-C., date à laquelle Sparte impose la paix d’Antalcidas aux cités, avec l’appui de la Perse, qu’elle a renoncé à combattre.
Mais Thèbes, soutenue par Athènes, se révolte en 378 av. J.-C. et chasse les Spartiates. Une guerre entre Sparte et Athènes, alliée à Thèbes, éclate et s’achève avec la bataille de Leuctres, en 371 av. J.-C., où les Thébains d’Épaminondas écrasent leurs ennemis, marquant la fin de la domination spartiate et le déclin de leur puissance militaire.
Thèbes devient alors la cité dominante de la Grèce, mais les autres régions n’acceptent pas cette situation. Une nouvelle période de troubles alimentés par les guerres incessantes entre les cités débute ; au cours de cette période, Athènes retrouve finalement sa souveraineté (360 av. J.-C.). Cependant, ces conflits affaiblissent considérablement les cités grecques et ouvrent la voie à la domination macédonienne.
5 | LA PÉRIODE HELLÉNISTIQUE |
5.1 | L'émergence de la Macédoine |
Située au nord de la Thessalie, la Macédoine, région prospère et dirigée par une monarchie féodale centralisée, est gouvernée par Philippe II depuis 359 av. J.-C. À la faveur des conflits entre les cités, le souverain macédonien, qui a doté son royaume d’une puissante armature militaire (système des phalanges), réussit progressivement à imposer son pouvoir. Bientôt maître de la Grèce centrale et de la Thrace, il a pour objectif d’étendre sa domination sur toute la péninsule. Face à lui, Athènes, sous la conduite de Démosthène, forme en 341 av. J.-C. une vaine alliance avec, entre autres, l’Eubée, Thèbes, Corinthe et Mégare. En 338 av. J.-C., les coalisés défaits à Chéronée doivent reconnaître la suprématie de la Macédoine dans la péninsule et sont contraints de s’unir sous son égide ; Philippe de Macédoine prend alors le titre d’hégémon.
La ligue de Corinthe, qui rassemble les cités grecques à partir de 337 av. J.-C., a notamment pour but de préparer la campagne militaire des Macédoniens en Asie. Après l’assassinat de Philippe II à la veille de l’expédition (336 av. J.-C.), son fils Alexandre, alors âgé de vingt ans, lui succède.
5.2 | Les destinées de l'empire macédonien |
Bien que le pacte de Corinthe ait été reconduit, certaines cités tentent de se rebeller contre l’autorité macédonienne, ainsi en 323-322 av. J.-C., lors de la guerre lamiaque. Alexandre le Grand mène une répression impitoyable, détruisant entièrement Thèbes. Le souverain macédonien confie le gouvernement d’Athènes au général Antipatros, qui réforme la Constitution et met un terme à la démocratie. Celle-ci est cependant restaurée en 307 avec Démétrios Poliorcète.
À partir de 334 av. J.-C., Alexandre le Grand décide de poursuivre la politique d’expansion initiée par son père Philippe de Macédoine. Il se lance à la conquête de la Perse et constitue un immense empire en une dizaine d’années, de l’Adriatique à l’Indus. De nouveaux centres culturels apparaissent à Alexandrie et à Pergame ; dans le domaine religieux, le mélange de la religion grecque et des cultes orientaux aboutit à un syncrétisme.
À sa mort, en 323 av. J.-C., l’empire d’Alexandre le Grand est divisé entre ses généraux, les diadoques, qui vont tous donner naissance à des dynasties : les Séleucides en Asie, les Antigonides en Macédoine et les Lagides en Égypte. Les cités grecques tentent de profiter des divisions entre les rois macédoniens pour recouvrer leur indépendance. Ainsi, elles rejoignent des confédérations comme la Ligue étolienne (Grèce centrale, Élide, Arcadie) ou la Ligue achéenne (groupement organisé autour de Corinthe) ; mais divisées entre elles, les ligues ne peuvent chasser les Macédoniens, qui restent en Grèce jusqu’à la conquête romaine. Voir aussi période hellénistique.
6 | LA DOMINATION ROMAINE |
6.1 | La conquête romaine |
En 215 av. J.-C., Rome commence à pénétrer dans les Balkans et à s’immiscer dans les affaires grecques (voir République romaine). Philippe V de Macédoine s’allie à Carthage contre Rome, mais les Romains, soutenus par la Ligue étolienne, vainquent les forces armées macédoniennes en 205 av. J.-C. et s’établissent solidement en Grèce. Rome, aidée par les deux ligues, triomphe à nouveau de Philippe à Cynocéphales en 197 av. J.-C. Puis le successeur de Philippe V, Persée de Macédoine, affronte à nouveau les troupes romaines, qui remportent la victoire à Pydna, en 168 av. J.-C. La Macédoine, entièrement assujettie, doit conclure la paix. Elle devient une province romaine en 146 av. J.-C.
Les Romains reconnaissent l’autonomie des cités grecques à l’occasion des jeux Isthmiques, organisés en 196 av. J.-C., mais le protectorat qu’ils instaurent sur toute la Grèce rend théorique la souveraineté retrouvée et interdit toute forme d’alliance au sein de confédérations ou de ligues. La domination romaine se traduit par une occupation militaire et le versement de tributs. En 149 av. J.-C., les Achéens se mobilisent une nouvelle fois pour résister à Rome, en vain : Corinthe est entièrement détruite par les légions romaines en 146 av. J.-C. ; les ligues sont dissoutes et la Grèce est intégrée à la province romaine de Macédoine.
L’expansion romaine se poursuit. En 129 av. J.-C., le royaume de Pergame est annexé au domaine romain et devient la province d’Asie. Puis Pompée conquiert l’Empire séleucide, érigé en province de Syrie en 64 av. J.-C. Enfin, l’Égypte lagide (ou ptolémaïque) passe à son tour sous contrôle romain en 30 av. J.-C.
6.2 | Les révoltes et la pacification |
Le monde hellénistique est bientôt entièrement soumis par Rome. En 88 av. J.-C., Mithridate VI Eupator, roi du Pont, entame une campagne militaire visant à libérer l’Asie Mineure et la Grèce de la domination romaine. Il est soutenu par de nombreuses cités grecques qui espèrent ainsi reconquérir leur indépendance. Mais dès 86 av. J.-C., les légions romaines commandées par Sylla le chassent hors de Grèce et répriment la rébellion. À l’issue du conflit, la Grèce centrale est complètement ruinée.
Malgré ces tentatives de révolte, les attaques répétées des pirates (entre 78 et 66 av. J.-C.) et les guerres civiles romaines (bataille de Pharsale en 48 av. J.-C.), les IIe et Ier siècles av. J.-C. se caractérisent par une certaine expansion économique, grâce en particulier au développement du commerce maritime, comme à Rhodes. Dans les cités grecques, l’occupation romaine a pour conséquence la fin de la démocratie et la venue au pouvoir des oligarchies ; ainsi, à Athènes, à partir de 102-101 av. J.-C.
Réorganisée par l’empereur Auguste en 22 av. J.-C., la Grèce est en grande partie intégrée dans la province d’Achaïe, administrée par le proconsul de Corinthe, séparée de la Macédoine (à laquelle est rattachée la Thessalie), tandis que l’Épire est confiée à un procurateur. Les bienfaits de la pax romana se font sentir en Grèce, véritable modèle intellectuel et artistique pour les Romains : des empereurs comme Hadrien (117-138) ou Marc Aurèle (161-180) sont particulièrement influencés par la culture grecque et attachés à faire prospérer Athènes mais leurs efforts sont insuffisants (voir empire romain). La vieille cité qui subit, depuis la fin du IIe siècle, la concurrence des villes d’Asie Mineure est ravagée par les Goths en 267 apr. J.-C. ; puis la progression du christianisme constitue une menace directe pour la prépondérance de l’hellénisme : l’interdiction du paganisme en 381 et la tenue des derniers jeux Olympiques en 395 marquent la fin du monde antique. Après le partage de l’Empire romain (395), la Grèce est intégrée à l’Empire romain d’Orient qui devient, après la chute de Rome en 476, l’Empire byzantin.
Pour la suite de l’histoire, voir Grèce.
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