grands magasins
Publié le 06/12/2021
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
grands magasins, établissements commerciaux urbains, apparus au xixe siècle à Paris.
Au xixe siècle, l’évolution des moyens de transports, l’essor démographique et urbanistique, l’élévation du niveau de vie de certaines catégories sociales et le développement de la fabrication en série modifient le commerce dans les villes. Nés des anciens magasins de nouveautés, les grands magasins se multiplient dans la capitale française : la Belle Jardinière (1824), les Trois Quartiers (1829), le Bon Marché (d’Aristide Boucicaut en 1852), le Louvre (de Chauchard en 1855), le Printemps (de Jules Jaluzot en 1865), les Galeries Lafayette (de Théophile Bader en 1895), le Bazar de l’Hôtel de Ville (BHV, de Xavier Ruel en 1904, la première boutique datant de 1856), la Samaritaine (d’Ernest Cognacq en 1904, issue d’une première boutique créée en 1869). Il en est de même à l’étranger : en Angleterre, Harrods ouvre ses portes en 1852 ; aux États-Unis, Macy’s s’installe à New York en 1858, et Marshall Field à Chicago en 1865 ; en Allemagne, Karlstadt est inauguré en 1881.
2 | UNE RÉVOLUTION COMMERCIALE AU XIXE SIÈCLE |
L’originalité des grands magasins se définit par une formule de vente nouvelle qui comprend l’entrée libre, le prix fixe et étiqueté des articles, la concentration des marchandises, une marge bénéficiaire réduite (le profit est obtenu grâce à l’accroissement des ventes), la rotation rapide des capitaux et marchandises, l’usage de la « réclame « et la pratique du retour pour faciliter l’achat.
Acheter devient alors une distraction à la mode que l’on peut désormais accomplir dans un décor agréable et confortable : les grands magasins, tout illuminés, sont conçus selon une architecture gigantesque, sur plusieurs étages décorés luxueusement (colonnes de marbre, verrières, escaliers monumentaux), avec de vastes vitrines ouvrant sur la rue. Leurs rénovations et perfectionnements incessants assurent la pérennité de leur succès : les ascenseurs et l’électricité sont introduits au Printemps à la suite de son incendie en 1881, les Escalators se généralisent dans les années trente.
La clientèle est l’objet de toutes les rivalités commerciales : publicité intensive dans les journaux, innovations commerciales multiples, développement de la vente par correspondance, impressions de catalogues illustrés, etc. Les comptoirs, d’abord essentiellement consacrés aux tissus, vêtements, merceries ainsi que des rayons de meubles et de décoration pour la maison, s’élargissent avec l’essor de la confection industrielle.
Par son esprit, le grand magasin du xixe siècle traduit le sens de l’entreprise d’une époque soucieuse de façonner le monde matériel à son profit. Par son architecture, il symbolise le besoin de rendre l’environnement fonctionnel. Par ses valeurs, il personnifie l’aspiration à une société égalitaire et réaffirme son attachement à la productivité. Comme le souligne Émile Zola dans son roman Au Bonheur des Dames (1883), le grand magasin incarne le monde bourgeois célébrant un nouveau rite de consommation entre femmes libres de leur temps et employés respectables, conscients du service et aspirant eux-mêmes au statut bourgeois de leur clientèle.
3 | UNE NÉCESSITÉ D’ADAPTATION AU XXE SIÈCLE |
Durant les Années folles, les grands magasins deviennent une ville dans la ville, proposant, outre les produits, tous les services. Dans les années trente, ils développent des chaînes de magasins populaires pour résister à la crise (Prisunic pour le Printemps, Monoprix pour les Galeries Lafayette).
Depuis les années cinquante environ, les grands magasins sont concurrencés par les grandes surfaces et les magasins spécialisés (type FNAC ou Habitat). Une restructuration du marché s’est opérée durant la décennie quatre-vingt-dix : rachat du BHV et des Nouvelles Galeries par les Galeries Lafayette ; intégration du Printemps au groupe Pinault.
Néanmoins, forts d’un emplacement privilégié au cœur des villes et d’une renommée de plus d’un siècle, les grands magasins ont su résister aux changements du monde de la distribution, notamment en revoyant leur politique d’accueil de la clientèle (soldes importants, nocturnes, etc.).
Liens utiles
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