Grand oral du bac : Médecine LA FOLIE
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
Médecine
LA FOLIE
Chaque époque et chaque culture
humaine ont jeté un regard variable
et parfois totalement opposé sur
la folie.
Elles lui ont donné une
définition et un sens différents
mais toujours relatifs aux notions
de normal et d'anormal.
L a notion de folie inclut une double dimen
sion:
interne, avec la quantité et la qualité
du raisonnement; externe, avec la relation
aux autres.
Remplacée au début du XIX" siècle par
la notion d'aliénation mentale puis, il y a un
siècle, par celle de maladie mentale, la folie ne se
définit pas par sa cause mais par ses manifesta
tions au niveau de la personnalité ou du compor
tement.
Elle ne se mesure pas à l'aide du quo
tient intellectuel mais au degré de la difficulté à
percevoir le monde réel, à s'y intégrer et à com
muniquer avec lui.
De la liberté à l'enfermement
De la préhistoire à l'Antiquité, de nombreuses
traces montrent que la médecine de la folie,
confondue avec celle du corps, appartient au sor
cier , guériss eur, druiqe ou chaman.
Les médecins
de Babylone puis d'Egypte traitent la folie par les
plantes médicinales, l'incantation aux dieux ou
les pratiques rituelles et sacrées.
À la même
époque, la société hébraïque considère la folie
comme une punition de Dieu touchant celui qui
l'a trahi ou qui a péché (Deutéronome, 28, 27) .
Le
pouvoir de guérir l'esprit, longtemps réservé aux
prêtres, n'est confié aux laïques que huit siècles
avant notre ère.
Les prêtres de l'Inde antique chassent les
démons hors du corps humain à l'aide de magie
et d'exorcisme, car, selon eux, la folie traduit la
lutte intérieure entre Shiva et Vishnu.
Puis Bouddha
prône avec succès le renoncement au
monde et le mépris des plaisirs pour atteindre le
nirvana.
C'est ainsi que devient normal le com
portement des sages, immobiles pendant des
mois sous le soleil ou sur un lit de clous et de
verre, refusant de travailler pour manger.
Dans
toute autre société, ils seraient traités de fous.
La haute Antiquité grecque fourmille de dieux
et de héros frappés par la folie: Ajax à qui les
chefs préfèrent Ulysse, Oreste tuant sa mère Cly
temnestre, Dionysos persécuté par la jalouse
Héra.
Les délires, les hallucinations, les compor
tements inhabituels sont présents dans toute la 19.11ihL{i4
Le cerveau p.
653
La dépression p.
1091
Freud etJung p.
1571
Les maladies mentales p.
2513
L�s maladi�s du système nerveux
p.
2779
La psychiatrie p.
3413
Les psychothérapies p.
3419
La schizophrénie p.
3811
mythologie et les écrits d'Homère.
La pensée
d'Hippocrate (460-377 av.
J..C.
) marque un tour
nant dans la conception de la folie.
Il décrit avec
précision des troubles mentaux, distingue les
maladies du corps de celles de l'esprit et donne à
ses dernières une origine naturelle.
Hippocrate
préconise des traitements à base d'ellébore et de
mandragore à la place du népenthès, une liqueur
d'opium réputée pour ses vertus apaisantes.
Les médecins romains, s'inspirant des avancées
grecques, décrivent la manie ou excitation mentale,
la fureur frénétique, la mélancolie et le délire hal
lucinatoire.
Celse, vers le J" siècle apr.
J.-C.,
conseille réprimandes, privation de repas, châti
ments ou enchaînements pour les agités, mais il
recommande aussi la musique pour les déprimés
et la lecture pour les intellectuels mélancoliques.
Cicéron (1 06-43 av.
J..C.) pratique et décrit un trai-
.......
La maison des fous (Madrid).
Pour Goya
(17�1828), en proie à ses propres visions,
les fous sont ceux qui ont osé se laisser aller aux
chimères que chacun de nous porte en soi mais
que la société lui apprend à maÎtriser.
.......
Tout comme Ajax
le Grand, qui
devint fou lorsque
les Grecs offrirent
les armes d'Achille à
Ulysse plutôt qu'à lui,
Ajax le Peti� fut saisi
d'une • fureur • qui le fit
poursuivre Cassandre
dans le temple
d'Athéna (ici, sur un
vase du V' siècle
av.
J • .C.).
Poursuivis
par la malédiction
divine, le premier tua
des moutons
en croyant supprimer
des Grecs,
et le second violenta
une prophétesse
dans l'enceinte
d'un temple.
Dans l'Antiquité,
la folie est en effet
souvent considérée
comme une punition
Infligée par l'Olympe.
tement philosophique identique aux psychothéra
pies modernes: "Il faut se confier à la philosophie
pour qu'elle nous guérisse parce que nous ces
sons d'être heureux et d'avoir la santé tant que les
maux sont enracinés en nous.>> Deux siècles plus
tard, Soranus (93-138 apr.
J..C.) recommande plu
tôt la sollicitude envers les fous.
Saint Augustin
(354-430) est le premier à pratiquer l'introspec
tion, ancêtre de la psychanalyse, dans ses Confes
sions où il reconstruit une enfance perdue dans
«l'amnésie infantile».
Jusqu'au l" millénaire, les fous sont à la charge
de la société et de leur famille , traités avec.
»
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