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Gottfried Benn (1886-1956)

Publié le 22/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Gottfried Benn (1886-1956) Médecin à Berlin, il a publié des recueils de poèmes qui témoignent d'une vive imagination avec une préférence pour le grotesque et même le pervers. Ce document contient 28 mots soit 0 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Culture générale.


BENN Gottfried. Poète et essayiste, sans aucun doute l’une des figures les plus importantes du lyrisme allemand au XXe siècle. Né à Mansfeld (Prusse), le 2 mai 1886, mort à Berlin le 7 juillet 1956. Fils d’un pasteur protestant de la région de Frankfort-sur-l’Oder, il entreprend des études de théologie et de lettres avant de se diriger vers la médecine. Il est un temps médecin militaire (1911-1912) avant d’exercer à Berlin comme spécialiste des maladies de la peau et des maladies vénériennes. C’est précisément l’époque où le jeune G. Benn, sortit du ciel éthéré de la théologie pour découvrir sans transition l’univers trop humain de l’anatomie, devient poète. Son premier recueil, intitulé Morgue, paraît en 1912, suivi bientôt de Fils (1913) et de Chair (1917). Ces trois œuvres, très proches par le sujet et la forme, ont valu à G. Benn d’être considéré comme l’un des maîtres incontestés — avec G. Heym et G. Trakl — du lyrisme expressionniste. A travers les différents poèmes, c’est, au fond, toujours le même thème de la dégradation qui est exposé. Le propos n’est certes pas particulier à G. Benn : nombreux sont les écrivains qui ont ressenti la Première Guerre mondiale comme la ruine d’un monde ancien. Mais l’originalité subversive de la poésie de G. Benn, le scandale qu’elle provoque, tient à ce que la dégradation ne se réduit pas pour lui à un problème philosophique, à un désarroi intellectuel devant l’effondrement de certaines valeurs. La dégradation, chez G. Benn, entame les corps. Ce sont les chairs boursouflées, les entrailles déchirées qui bafouent l’humanisme. Caractéristique de cette manière d’écrire, le poème intitulé « Belle Jeunesse », traduction expressionniste de l’image rimbaldienne d’Ophélie (également reprise par G. Heym dans Ophelia) : « On ouvrit le thorax : la trachée était trouée./Sous le diaphragme, dans une alvéole,/On découvrit un nid de jeunes rats./Un des petits était mort./Ses frères se nourrissaient du foie, des reins,/ Buvaient le sang glacé et vivaient ici/Une belle jeunesse. » Précision cynique du vocabulaire médical : ce n’est plus l’étrange Ophélie flottant au gré des eaux et du vent, mais la chair d’un cadavre de noyée sur la table d’autopsie; ironie suprême : les seules expressions traduisant une émotion sont réservées aux animaux de la putréfaction ! Le poète renvoie l’homme à son néant : « Le plus beau fleuron de la création, ce cochon, l’homme — :/Frayez donc avec d’autres animaux ! / A dix-sept ans des morpions ! » La vérité chirurgicale s’oppose à la vanité « poétique » : « Un livreur de bière noyé fut hissé sur la table/Quelqu’un lui avait coincé entre les dents Un aster mauve clair-foncé. » Parallèlement à ces premiers poèmes, G. Benn publie un ouvrage en prose sous le titre Cerveaux (1916), composé de plusieurs nouvelles qui mettent en scène le personnage de Rônne, médecin comme l’auteur, et qui vit une « catastrophe schizoïde », divorce entre le moi et le monde qui le rend littéralement étranger à tout ce qui l’entoure. L’ouvrage s’ouvre sur ces lignes : « Rônne, un jeune médecin ayant autrefois beaucoup manié le scalpel, voyageait en direction du nord à travers l'Allemagne méridionale. Il avait été employé pendant deux ans dans un institut de pathologie, ce qui signifie qu’environ deux mille cadavres lui étaient passés entre les mains sans qu’il y prenne garde... Il regardait à présent défiler le paysage. Ainsi, se disait-il, nous traversons un pays de vignobles... Je vais m’acheter un carnet et un crayon; à partir de maintenant, je veux noter le plus possible, de façon que tout ne s’écoule pas ainsi... « Tout le drame de Rônne (c’est-à-dire de Benn) est résumé ici : le scalpel a tranché « l’innocente », l’immédiate relation au monde. Il ne reste que l’écriture pour tenter de se sauver. D’autres recueils, Décombres (1924), Etourdissement [1925], Fissure [1925] clôturent la période dite « expressionniste » de Benn. Lui-même décrit en ces termes l’essence de ce « mouvement » : « Il ne restait plus qu’une caricature de réalité : lotissements, produits industriels, inscriptions hypothécaires..., ensuite la guerre, la famine, les humiliations historiques, l’illégalité, l’impuissance. L’esprit se tourna vers sa réalité intérieure, son être, sa biologie, sa structure, ses interférences entre le physiologique et le psychologique, sa créativité, son rayonnement... » Nietzschéisme qui devait conduire Benn à « la grande erreur » : en avril 1933, il lit à Radio-Berlin un essai intitulé L Etat nouveau et les intellectuels, bientôt suivi de la publication de L’Art et le Pouvoir [1934], écrits à travers lesquels le poète se rallie au national-socialisme. Cet engagement a fait couler beaucoup d’encre, au point que Benn est devenu, pour certains, le symbole de l’artiste dévoyé par le nazisme. Les choses ne sont cependant pas aussi simples. G. Benn n’est pas un opportuniste qui prend par intérêt le parti des gens en place. Son engagement est plus profond et par là, d’une certaine manière, peut-être plus dangereux : de son propre aveu, G. Benn a cru à « une régénération du peuple allemand qui permettrait d’échapper au rationalisme, au fonctionnalisme, qui permettrait de sortir la civilisation de sa léthargie ». C’est au fond le refus de toute conception dialectique de l’histoire, de l’idée de progrès (source de l’affinité de Benn avec Nietzsche) qui a aveuglé le poète. Il faut convenir, pour sa défense, qu’il ne tarda pas à reconnaître son erreur : dès 1936 apparaissent les premières dissensions avec les autorités, Ber est bientôt exclu de la « Chambre des écrivains » et frappé de l’interdiction de publier (1938). Commence alors, pour G. Benn, un long silence de dix ans. Le recueil des Poèmes statiques, publié en 1948, marque l’avènement d’un style nouveau, que lui-même appelle « la phase II de l’expressionnisme » : une poésie intellectuelle, d’une grande rigueur, placée sous l’exergue « la forme seule est Foi et Action ». Il n’y a pas véritablement de rupture, comme on l'affirme quelquefois dans les anthologies ou les histoires littéraires, entre cette seconde « manière » de Benn et le style de ses premiers écrits. La poésie est toujours pour Benn tentative de formulation du néant. « L’homme est cri vers l’expression. » Mais le culte de la forme, présenté maintenant comme seule affirmation possible d’une transcendance, ne va pas sans une certaine ironie désabusée : tous les poèmes ne parlent en définitive que de solitude et Benn connaît le prix de l’esthétisme : « Les barreaux sont en place,/Mieux : le mur est bouché./Tu t’es mis à l’abri, certes :/mais qui as-tu mis à l’abri ?» Ou encore : « Cet accord de harpe, frémissement,/souffle parfumé, robe à la légèreté ailée/ dont ils parient, qu’ils utilisent/ comme s’ils étaient immuables,/ est douteux pour d’autres oreilles :/un pot-pourri artificiel, faux —/l’agonie de l’âme reste incrédule. » Benn, dans les dernières années, est unanimement reconnu et honoré. Paradoxe pour celui qui, selon ses propres termes, « a été traité de porc par les nazis, d’imbécile par les communistes, de prostitué spirituel par les démocrates, de renégat par les émigrants, de nihiliste pathologique par les croyants ». Il reçoit le prix Georg Buchner en 1951. Ses conférences, ses écrits théoriques, comme par exemple Problèmes du lyrisme [1951] ou La Littérature doit-elle changer la vie ? [1956] influencent profondément la nouvelle génération des poètes de l’après-guerre. Le lyrisme allemand, sans G. Benn, ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

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