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GIRARD (René)

Publié le 18/05/2020

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« Critique littéraire et sociologue qui réalisa la majeure partie de sa carrière aux Etats-Unis.Il renouvela la critique littéraire en y introduisant les acquis de l'anthropologie.

Sa théorie des religions repose sur lanotion de victime émissaire sacrifiée par l'ensemble du groupe.

La religion perpétuerait ce geste tout en le cachant.Son oeuvre sera révélée par Jean-Marie Domenach et Michel Serres. Quelques oeuvres - sa thèse de l'Ecole des chartes : la Vie privée à Avignon dans la seconde moitié du XVe siècle (1943) ;- Mensonge romantique et vérité romanesque (1961) ;- la Violence et le sacré (1972). Les œuvres de René Girard, philosophe français diplômé de l'École des chartes et expatrié depuis 1947 aux Etats-Unis — où il enseigne —, ont déjà fait couler beaucoup d'encre ; et ce n'est sans doute pas fini ! Cet auteur peut sevanter d'avoir été à l'origine d'un « scandale René Girard » en publiant, en 1978, son livre Des choses cachéesdepuis la fondation du monde.

Mais en quoi bouleverse-t-il le paysage intellectuel français? Pourquoi dérange-t-il àce point ? Pour quelle raison laisse-t-il coi à son sujet la plupart de nos grands philosophes ? C'est que, comme il ledit lui-même, sa thèse « fonctionne » parfaitement !A l'origine, il y a chez René Girard comme chez Lévi-Strauss une même réaction contre un rationalisme positiviste quirejette sans merci la pensée religieuse dans le magma informe du prélogique, du primitif et de l'inintelligible.

Mais sicette pensée révèle dans les analyses de Lévi-Strauss une logique rigoureuse qui véhicule des structures, elle estinterprétée par Girard comme fondatrice de la paix sociale, principe premier de la cohésion de toute communauté.Les situations de désir sont toujours des situations de rivalité autour d'un même objet.

« Le sujet désire l'objetparce que le rival lui-même le désire », écrit René Girard dans La violence et le sacré, 1972.

Le désir serait donc parnature mimétique, sans cesse à la recherche d'un modèle, source de jalousie, de concupiscence et de convoitise.

Orla concurrence effrénée à laquelle se livrent les hommes pour la possession des mêmes objets engendrenécessairement conflits et violence.

Il n'est nul doute que nos sociétés à leurs débuts furent confrontées à cedébordement de violence sans fin.L'hypothèse de Girard est la suivante : pour précisément mettre un terme à ce déchaînement de violence, il a falluen quelque sorte la détourner une fois pour toutes sur une victime unique, un bouc émissaire.

Il s'agit du sacrifice,du « meurtre fondateur» de la Cité, qui crée la cohésion du groupe en canalisant le désir mimétique de chacun deses membres sur un adversaire symbolique.

Ces « choses cachées depuis la fondation du monde , ce sont ces faitsde violence inavouables et oubliés des consciences, mais qu'expriment encore aujourd'hui les mythes et toutes lesvoix du sacré.René Girard, plein d'assurance, n'épargne pas nos anciennes idoles — Marx, Nietzsche et Freud — qui, selon lui,n'ont pas su voir que la violence donnait ainsi le jour au sacré, qui lui-même ne suscite des victimes que pourgarantir la paix sociale.

Plein d'assurance également, il prétend à son tour (c'est-à-dire après Lévi-Strauss) fonderune nouvelle anthropologie à partir du rôle que joue ce désir d'imitation (mimesis) essentiel entre les hommes,puisqu'il détermine toutes leurs relations.Mais dans Le bouc émissaire, 1982, René Girard observe qu'un seul de ces « meurtres fondateurs » nous est parvenuintact : le sacrifice du Christ, révélé par le Nouveau Testament, en lequel il voit le texte le plus subversif del'histoire.

La Passion du Christ, victime innocente, rompt le cercle vicieux violence/sacrifice et rend possible l'amourpour les siècles à venir.

La charité évangélique devra succéder à la fureur mimétique.

Désormais en effet, nousn'avons plus de choix qu'entre aimer ou périr.

On laissera le lecteur seul juge de la réalité d'un tel dilemme.. »

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