Giorgio De Chirico1888-1978Peintre italien.
Publié le 22/05/2020
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Giorgio De Chirico
1888-1978
Peintre italien.
Né en Thessalie (son père y installe des lignes de chemins de fer), il
commence ses études de peinture à Athènes et les poursuit à partir de 1906 à Munich (où
sa famille s'installe après la mort du père).
C'est là qu'il découvre les gravures de Klinger
et les tableaux de Böcklin, qui l'enthousiasment, et lit avec ardeur Schopenhauer,
Weininger et Nietzsche.
Ce dernier surdétermine sans doute sa sensibilité particulière aux
paysages urbains de Florence et surtout de Turin, où De Chirico visite en 1911 les lieux de
sa folie, tout en souffrant lui-même (depuis 1905) de crises périodiques de mélancolie et de
“ fortes douleurs intestinales ”.
Il rejoint à Paris son frère A.
Savinio et expose, au Salon
d'automne et à celui des Indépendants, des toiles qu'Apollinaire qualifie le premier de
“ métaphysiques ”.
Places désertées, entourées d'arcades sombres et parfois ornées d'une
statue démesurée, tours, cheminées d'usine et horloges, trains passant à l'horizon sont
figurés selon des perspectives outrées, souvent peu compatibles entre elles, et nantis
d'ombres tranchées qui alourdissent encore une atmosphère de menace latente.
Quelques
objets récurrents s'affirment au premier plan : artichauts, gants ou sphères, dispersion de
volumes sans signification précise.
L' Énigme de l'oracle (1910), la Méditation automnale
(1910-1911), la Tour rouge (1913), L'Angoisse du départ (1914) accumulent les juxtapositions
irrationnelles, d'autant plus troublantes qu'elles paraissent dénuées d'intention, de
signification : les architectures ou instruments de mesure, bientôt les mannequins, les
colonnes à l'antique ou les frontons de temples grecs (série des “ intérieurs
métaphysiques ” peints à Ferrare entre 1915 et 1918 — Les Muses inquiétantes — tandis que
se constitue, avec Carrà, Savinio puis Morandi, une “ école ” de métaphysique qui
s'exprime jusqu'en 1921 dans Valori Plastici) sont donnés pour leur seule présence de
choses privées de fonction et de signification.
Rien ne se passe sur le tableau, mais l'on
devine, dans ce battement du temps, que l'innommable guette.
De telles œ uvres
enthousiasment les futurs surréalistes — Breton le premier — qui y trouvent l'exercice
d'une faculté médiumnique venant combler leurs attentes.
Mais c'est précisément au
moment où De Chirico, à Rome, découvre la peinture ancienne : lorsqu'il revient à Paris, il
fréquente sans doute les surréalistes jusqu'en 1925, mais, lorsqu'il montre sa nouvelle
manière, le désaccord est total ; Breton ne peut le considérer que comme un renégat.
Le
conflit vient aussi de ce que Breton et ses amis cherchaient un “ signe ascendant ” là où le
peintre accumulait des signes neutres.
Toujours est-il que seuls Vitrac et Cocteau — ce qui
n'arrange guère les choses — continuent de le défendre, tandis qu'à Milan, il participe au
Novecento, cherchant à renouer avec la technique et les thèmes de la “ grande peinture ”,
et s'inscrivant dans le mouvement général d'un retour au classicisme.
Dès lors, il n'en finit
plus de décrier ses œ uvres antérieures, en déplorant l'insuffisance technique (assez réelle,
mais qui ne compte guère dès lors qu'elle autorise la voyance), vitupérant le surréalisme et
les “ crétins mystiques du modernisme ”.
En 1929, il publie néanmoins, à Paris,
Hebdomeros , où il évoque son univers mental des années 1910-1915, mais accumule,
parallèlement, autoportraits, chevaux en bord de mer, natures mortes, personnages sans
visage qui semblent des parodies de sa première manière (l' Ouverture du bal , 1929), traités
d'un pinceau un peu mou, avec une recherche du modelé qui retire aux figures ce qu'elles
supposaient d'irréparable et aux perspectives, désormais “ justes ”, leur sécheresse de
guillotine mentale.
À partir des années cinquante, il revient toutefois aux thèmes de sa
“ période géniale ” — pour les refaire avec une technique meilleure, puisqu'il affirme dans
ses Mémoires (1945) que “ la décadence dans laquelle se débat la peinture d'aujourd'hui n'a.
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