Gaston BACHELARD: «... l'objet nous désigne plus que nous ne le désignons...»
Publié le 11/06/2020
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«Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire objectifs. Mais par notre premier choix, l'objet nous désigne plus que nous ne le désignons et ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit. Parfois nous nous émerveillons devant un objet élu ; nous accumulons les hypothèses et les rêveries ; nous formons ainsi des convictions qui ont l'apparence d'un savoir. Mais la source initiale est impure : l'évidence première n'est pas une vérité fondamentale. En fait, l'objectivité scientifique n'est possible que si l'on a d'abord rompu avec l'objet immédiat, si l'on a refusé la séduction du premier choix, si l'on a arrêté et contredit les pensées qui naissent de la première observation. Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l'objet. Elle doit d'abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante, l'étymologie enfin, car le verbe, qui est fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée. Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser. Sans cette vigilance malveillante, nous ne prendrons jamais une attitude objective.» Gaston BACHELARD.
«
Exercices
«Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire
objectifs.
Mais par notre premier choix, l'objet nous désigne
plus que nous ne
le désignons et ce que nous croyons nos
pensées fondamentales sur
le monde sont souvent des
confidences sur
la jeunesse de notre esprit.
Parfois nous
nous émerveillons devant un objet élu ; nous accumulons
les hypothèses et les rêveries ; nous formons ainsi des
convictions qui
ont l'apparence d'un savoir.
Mais la source
initiale est impure : l'évidence première n'est pas une vérité
fondamentale.
En fait, l'objectivité scientifique n'est
possible que
si l'on a d'abord rompu avec l'objet immédiat,
si l'on a refusé la séduction du premier choix, si l'on a
arrêté et contredit les pensées qui naissent de la première
observation.
Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec· l'objet.
Elle doit d'abord tout
critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même
la plus constante, l'étymologie enfin, car le verbe, qui est
fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée.
Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser.
Sans cette vigilance malveillante, nous ne prendrons jamais
une attitude objective.»
Gaston BACHELARD.
1.
Entraînement à la compréhension du texte
A propos de ce texte, veuillez préciser :
le thème évoqué
par l'auteur ;
- la question implicite
à laquelle le texte répond ;
- la réponse à la quesüon posée : a) idée générale, b) struc-
ture logique du texte.
2.
Exercice d'explication commentée
a) Veuillez, en relevant les termes clés du texte et en uti
lisant vos connaissances, expliquer
et commenter les passages
suivants :
-
« ...
l'objet nous désigne plus que nous ne le désignons ...
»;
-«nous formons ainsi des convictions qui ont l'apparence
d'un savoir» ;
48.
»
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