Gargantua, LVII de François Rabelais - Analyse de texte
Publié le 25/09/2021
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«
Gargantua,
LVI 1
de François Rabelais (1494-1553)
,
�� ---------------------,
Après avoir raconté l'enfance et l'éducation du géant, Rabelais décrit
comment Gargantua s'illustra dans une guerre, menée contre son voisin
Picrochole.
Une fois victorieux, le héros récompense ses compagnons.
Au
frère Jean, il offre /'Abbaye de Thélème, qu'il fait bâtir « au contraire
de toutes les autres » : pas de murs, pas d'horloge, des constructions
splendides et richement décorées, disposant de tous les luxes du confort et
du raffinement de l'époque, accueillant les jeunes garçons en même temps
que les jeunes filles.
Tout à Thélème s'oppose à l'ascétisme qu'on associe
d'ordinaire à la vie monacale: la règle morale de l'abba ye est« Fais ce
que voudras ».
C'est un peu la cité idéale qui prend forme sous les yeux
du lecteur.
n te leur vie était dirigée non par les lois, statuts ou
gles, mais selon leur bon vouloir et libre-arbitre.
Ils
levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient,
mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur venait.
5 Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger, ni à
faire quoi que ce soit ...
Ainsi l'avait établi Gargantua.
Toute leur
règle tenait en cette clause :
FAIS CE QUE VOUDRAS,
car des gens libres, bien nés, biens instruits, vivant en honnête
10 compagnie, ont par nature un instinct et un aiguillon qui pousse
toujours vers la vertu et retire du vice; c'est ce qu'ils nommaient
l'honneur.
Ceux-ci, quand ils sont écrasés et asservis par une vile
sujétion et contrainte, se détournent de la noble passion par
laquelle ils tendaient librement à la vertu, afin de démettre et
15 enfreindre ce joug de servitude; car nous entreprenons toujours les
choses défendues et convoitons ce qui nous est dénié.
Par cette liberté, ils entrèrent en une louable émulation à faire tout
ce qu'ils voyaient plaire à un seul.
Si l'un ou l'une disait:
«Buvons», tous buvaient.
S'il disait: «Jouons», tous jouaient.
S'il
20 disait: « Allons nous ébattre dans les champs», tous y allaient.
Si
1.
Jument.
c'était
pour chasser, les dames, montées sur de belles haquenées 1,
2.
Cheval de parade.
avec
leur palefroi 2
richement harnaché, sur le poing mignonne-
3.
Mâle de faucon.
ment
engantelé portaient chacune ou un épervier, ou un laneret 3
,
4.
Petit faucon.
ou
un émerillon 4
; les hommes portaient les autres oiseaux.
25 Ils étaient tant noblement instruits qu'il n'y avait parmi eux per
sonne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments harmo
nieux, parler cinq à six langues et en celles-ci composer, tant en
vers qu'en prose.
Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si 1
- --- - _J.
»
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