Gargantua - L’humour rabelaisien

« INTRO : Né à la fin du XVe siècle, l’humaniste, médecin et écrivain François Rabelais.

Il est notamment connu pour son humour dans le roman Gargantua remplit de chroniques, d’épopée antiques et romans de chevalerie, dont sa première édition date de 1534, qui est la suite de Pantagruel, publié en 1532 et qui connaît également un grand succès.

Le héros éponyme de ce récit se trouve être le père de Pantagruel ainsi que le fils de Gargamelle et Grandgousier.

Gargantua traite d’histoire de géants et peut sembler être un roman puéril, ou encore amusant.

Cependant, peut-être qu’après une première lecture divertissante, ce roman pourrait être plus instructif qu’il n’y paraît. ➥ LE RIRE : a) Le comique de mot invention du «torchecul» au ch.XIII ; description des carnages causés par Frère Jean qui mélange le très sérieux vocabulaire médical et autres expressions dialectales plus ou moins amusantes La phrase latine absurde du chapitre 19, créant un effet déroutant Calembours : fait d’inventer des étymologies fantaisistes et humoristiques : - Le nom de la Beauce (« Je trouve beau ce », chap.

xvi) ou celui de Paris (« par ris », chap.

i) - Frère Jean qui aime “le service du vin” autant que le “service divin” - “Le grand Dieu fit les planètes et nous faisons les plats nets.” b) L’humour rabelaisien caractérisé par le gigantisme et le grotesque : Exagération des trait humains = les proportions démesurées du héros Gargantua, les besoins colossaux pour le vêtir, et les objets surdimensionnés qu'il utilise Scènes de banquets sont souvent accompagnées de termes grossiers pour décrire la nourriture, les excès et les plaisirs charnels (contexte de beuverie au début de l’œuvre) Gargantua urinant entre les deux tours de Notre-Dame de Paris et noyant les habitants de la ville, puis qui les cloches de la cathédrale pour « servir de campanes au cou de sa jument » Chap.

6 : Comment Gargantua naquit en façon bien étrange ➥Gargantua “sortit par l’oreille gauche” puis cria “à boire, à boire, à boire” Fantaisie.

Comique corporel.

Renversement haut / bas.

Importance du vin et de la joie. Épisode ou Gargantua mange six pèlerins en salade c) L’inversion des valeurs et des normes établies Le prologue dédié aux “Buveurs très illustres, et vous, vérolés très précieux...”, vante les bienfaits du vin, crée une atmosphère festive débridée, invitant le lecteur à l’amusement et à l’ivresse tout en rejetant les conventions nobles du langage rhétorique Discours de Janotus de Bragmardo = parodie d’un discours scolastique Utilisation parodique de psaumes et autres références bibliques et dogmes religieux par Frère Jean Parodie de l’épopée et des combats héroïques dans le récit du combat de Frère Jean (chapitre 27) L'abbaye, symbole d'autorité et de normes établies, est détrônée et ridiculisée : L'inversion des normes monastiques à l'abbaye de Thélème, avec des hommes et des femmes vivant ensemble, pouvant sortir de l’établissement, organisant leur journée comme il le veulent, le tout sous le mot d’ordre « FAIS CE QUE TU VOUDRAS » De l’humour farcesque, gras, à l’humour intellectualisé des jeux de mots : toutes les échelles du rire sont présentes.

Cependant, la spontanéité du rire dans Gargantua favorise son aspect subversif : en s'autorisant à rire de tout sans restriction, Rabelais remet en cause les normes en vigueur. ➥ LE SAVOIR : ➥Pour le lecteur attentif, le livre renferme “des mystères horrifiques, tant en ce qui concerne notre religion que l’état politique et la vie économique” Présence d’un message caché qui touche la religion, la politique, la vie sociale.

Roman engagé (et risqué pour son auteur). ➥“il faut ouvrir le livre […] il faut interpréter à plus haut sens” ; [Le lecteur doit] « rompre l’os et sucer la substantifique moelle » Opposition entre l’extérieur du livre, qui est grossier, et l’intérieur, qui est précieux.

Nous pouvons comparez cela avec la métaphore de Socrate et des silènes par Alcibiade dans Le Banquet de Platon.

Nécessité pour le lecteur de décrypter. a) La religion tournée en ridicule L’auteur connaît très bien ce thème car c’est un ancien moine, c’est également un thème au cœur des préoccupations humanistes. Les éléments comiques agissent comme des révélateurs satiriques, perturbant les normes linguistiques et remettant en question l'autorité des institutions religieuses. Frère Jean est une caricature des mauvais moines puisqu’il préfère manger, boire ou s’amuser, au lieu de vaquer à ses prières qu’il considère comme des somnifères /son enthousiasme pour le combat - Registre épique lié parodiant les romans de chevalerie : frère Jean qui part en croisade avec le bâton de la croix contre des pilleurs de raisin = impulsivité de l’Eglise à mener des guerres violentes. - Rabelais s’inspire des idées humanistes et évangélistes d’Erasme pour critiquer l’éducation religieuse de l’époque, qui n’est pas vécue authentiquement, mais récitée sans même être comprise. - Il critique également des mauvais moines, ou encore de pratiques religieuses sans fondement -> les pèlerins dont Grandgousier critique la vaine superstition ; mais aussi les moines qui face au danger organise une réunion. La pensée se cache sous le rire : Gargantua qui n’arrive pas à dormir, et s’endort dès que Frère Jean lui récite les psaumes - L'abbaye de Thélème, en tant qu'institution utopique renversant les méthodes éducatives traditionnelles et critiquant les contraintes imposées par l’Eglise. // Candide : péripéties mais ironie permettant une réflexion philosophique sous un aspect comique (fanatisme religieux…) b) Une satire de la guerre Grandgousier (le bon roi) Picrochole (le mauvais roi) Pacifiste Belliqueux Désire apporter le bonheur à ses sujets Assoiffé de conquête Modeste et ressemble à un père de famille Orgueilleux, arrogant Pardonne à ses ennemis, fait preuve de bonté Impulsif/violent et massacre à tout va envers eux ➥“Je n’entreprendrai pas la guerre sans avoir ➥“ Ce détroit sera nommé mer Picrocholine” essayé tous les arts et moyens de la paix” : Mégalomanie et délire conquérant de Grandgousier souverain pacifiste.

Idéal du bon Picrochole.

Critique de la soif de conquête. souverain soucieux de son peuple Caricature de Charles Quint Le rire est donc un outil de critique : Les prédictions absurdes de Gargantua parodiant les excès de la société du XVIe siècle.

Rabelais échappe à la censure par la déformation du rire, mais tous ses livres finiront par être condamnés par la Sorbonne, même si le roi François 1er sauve leur publication à plusieurs reprises. // Les Fourberies de Scapin : quiproquos, rebondissements, éléments comiques permettant une critique des conventions sociales à travers des personnages. c) La.... »