Friedrich Heinrich Jacobi1743-1819Bel homme, séduisant, brillant causeur, il eût fait un excellent diplomate, mais pour êtrephilosophe il lui manquait quelque chose.
Publié le 22/05/2020
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Friedrich Heinrich Jacobi
1743-1819
Bel homme, séduisant, brillant causeur, il eût fait un excellent diplomate, mais pour être
philosophe il lui manquait quelque chose.
Ainsi le revoit Goethe dans ses souvenirs
lorsqu'il évoque le temps où Jacobi l'initiait à la philosophie de Spinoza, quelques années
avant de révéler celle-ci dans ses Lettres à Mendelssohn (1785) à une Allemagne qu'allait
profondément remuer la fameuse “ querelle de l'athéisme ”, au temps où lui-même
l'encourageait à publier Alwill et Woldemar (1775-1777), deux romans philosophiques par
lettres, dans le style de la Nouvelle Héloïse , réactions passionnées contre la plate
“ philosophie des lumières ”, importante contribution au “ Sturm und Drang ” naissant.
Le
vieux Lessing lui confie son admiration pour le système spinoziste.
Herder, Hamann, sont
ses alliés contre “ la clique berlinoise de la philosophie populaire ” ; il sollicite l'alliance
philosophique de Kant avant de soulever contre son idéalisme des objections dont les
philosophes post-kantiens reconnaîtront tout l'intérêt : Fichte proclame qu'en tout état de
cause “ rien ne l'empêchera de le regarder comme un des premiers hommes de son temps,
comme un des rares chaînons de la vraie tradition philosophique ” ; Schelling même,
quelques années après une très âpre polémique, verra en lui “ la personnalité la plus
instructive peut-être de toute l'histoire de la philosophie moderne ” ; Hegel, enfin, qu'il
soutienne que Jacobi a posé les problèmes dont Kant a cherché la solution ou qu'il en fasse
le type du philosophe du “ savoir immédiat ” et le situe sur le chemin qui mène à sa
propre philosophie.
Comment expliquer le contraste frappant entre l'importance
considérable que prend cette pensée dans le mouvement des idées et l'oubli où est tombée
une œ uvre philosophique qui n'a guère connu que l'étrange fortune de devenir, au début
du XIXe siècle, la doctrine officielle d'enseignement dans l'Autriche de Metternich ? Certes,
Jacobi n'a rien du philosophe de profession : autodidacte, n'ayant jamais connu cet
enseignement théologique et cette scolastique wolfienne dont l'empreinte marque encore
les systèmes kantiens, il s'est librement épanoui à Genève à la lecture de Pascal, Fénelon,
Rousseau en particulier et sa philosophie s'expose le plus souvent sous la forme de lettres
ou de dialogues manifestant un évident souci littéraire.
Mais surtout elle offre un caractère
assez insolite pour inquiéter tout le monde à défaut de satisfaire personne : non contente
de proclamer inlassablement la supériorité de la croyance sur toute forme de savoir, elle
s'affirme dés l'origine légitimation du présupposé et non point recherche ingénue de la
vérité ; mon cas, avoue-t-il avec clairvoyance, est commun à tous ceux pour qui leur
philosophie est en même temps leur religion, qui ne cherchent pas la vérité en général,
pure chimère, mais une vérité déterminée qui satisfasse l'esprit et le c œ ur.
“ Se déclarer
contre tout système, là est le trait caractéristique de sa doctrine ”, dit Schleiermacher : toute
philosophie démonstrative, œ uvre d'entendement, n'enchaîne que des raisons formelles
sans jamais pouvoir atteindre aucune existence, de Dieu, du monde, de la liberté ni des
valeurs, existences qui nous sont cependant révélées dans la parfaite certitude que, sans
intuition ni concept, nous procure une croyance qui n'a rien d'une connaissance, œ uvre
d'une raison définie à nouveaux frais comme infaillible instinct de l'absolu, faculté de
présupposer le vrai qui semble tenir à la fois du c œ ur pascalien et de la réminiscence
platonicienne.
Le spinozisme, déduction rigoureuse de conclusions qui contredisent aux
croyances les plus certaines que la raison nous révèle et qui sont de ce fait disqualifiées :
un Dieu sans visage absorbé en même temps que l'homme destitué de sa liberté dans le
mécanisme aveugle de la nature, est, aux yeux de Jacobi, la preuve irréfutable que.
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