FRIEDRICH HEGEL : ESTHETIQUE (Résumé & Analyse)
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
Une œuvre, une analyse
LE BEAU, EFFET DE LA NATURE OU DE L'ART ?
Dans l'Esthétique, Hegel a le projet de revaloriser la production artistique.
Ce n'est pas une simple imitation de la nature,toujours imparfaite.
Au contraire, étant une manifestation de l'esprit humain, l'art est supérieur à la nature.
Introduction à L'esthétique
1 LA VÉRITÉ DU SENSIBLE
Pour Hegel, l'Esprit Absolu correspond à la prise de conscience de l'existence de l'Idée, ou Raison, à l'œuvre dans le monde.L'Esprit prend conscience de lui-même sous trois formes essentielles : l'art, la religion, la philosophie.
« Les peuples ontdéposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l'art, les ont exprimées et en ont pris conscience par lemoyen de l'art.
» (PUF, p.
11-12) «C'est ainsi, par exemple, que, chez les Grecs, l'art était la forme la plus haute souslaquelle le peuple se représentait les dieux et prenait conscience de la vérité.
C'est pourquoi les artistes et les poètes de laGrèce étaient devenus les créateurs de ses dieux.
» (Op.
cit., p.
151-152)L'art a donc rapport à la vérité, non pas directement, mais par l'intermédiaire de ce qui semble, depuis Platon, le contraire dela vérité : l'apparence.
Le sensible esthé¬tique est un sensible à la puissance deux, puisqu'il ne s'occupe que de la surface dusensible.
Comment ces « ombres sensibles » ont-elles rapport à la vérité ? L'apparence n'est pas seulement une surface quimasque l'essentiel.
L'apparence, c'est aussi l'apparaître et la vérité n'est rien de réel si elle n'apparaît pas dans des formesconcrètes et historiques.
« N'oublions pas que toute essence, toute vérité, pour ne pas rester abstraction pure, doitapparaître» (Op.
cit., p.
29).
L'art sera donc un jeu d'apparences.
Mais qu'est-ce qui fait la profondeur de cet apparaître ?Comment la pensée peut-elle se donner dans cette surface sensible ?
2 LA PRIMAUTÉ DU BEAU ARTISTIQUE SUR LE BEAU NATUREL
Un certain nombre d'affirmations découle de la thèse centrale :1.
La nature n'est pas supérieure à l'art humain.
Au contraire, l'art humain est supé¬rieur à toutes les productions naturelles.Avec Hegel, l'art n'est plus subordonné à une norme préexistante.
La beauté naturelle n'existe pas pour la nature; ellen'existe que pour un spectateur humain qui la contemple (Op.
cit., p.
174).
Un ciel nuageux, la grandeur d'une montagne, desirisations sur l'eau, la démarche d'un félin...
peuvent avoir effectivement une beauté; mais une beauté pour le regard humainqui s'arrête sur eux, qui a appris à les voir, qui s'étonne de cette beauté.
Cette contemplation de la nature par l'esprit est enmême temps contemplation de l'esprit par lui-même.
Or la vraie grandeur de l'esprit, c'est précisément d'exister en soi etpour soi : être et prendre conscience d'être.2.
Le critère qui paraissait essentiel au XVIIIe siècle, et encore chez Kant, celui du goût, est lui aussi relativisé.
«Aujourd'huion entend moins parler du goût...
La chose exige un jugement en profondeur; le goût, le sentiment, ne peut rester qu'à lasurface et se contente de réflexions abstraites» (Op.
cit., p.
64).
Est également relativisé l'aspect érudit de la connaissanceartistique, ce que Hegel appelle le « connaisseurisme », qui remplace trop souvent l'effort d'aller dans la chose.
« Or leconnaisseur peut bien, lui aussi, s'en tenir au côté purement extérieur, technique, historique, sans soupçonner quoi que cesoit de la nature profonde de l'oeuvre d'art.
» (Op.
cit., p.
65)3.
Le jugement esthétique est essentiellement un jugement qui laisse l'homme et les choses à leur liberté.
Car si la sensibilitéintervient, c'est une sensibilité idéalisée, sublimée, comme un corps sensible qui serait privé de la chair du désir.
« Le désirdévore
Une œuvre, une analyse
les objets» (Op.
cit., p.
67), littéralement ou métaphoriquement.
Le désir consomme, donc détruit.
« Il a besoin de ce qui estmatériel et concret.
» L'art, parce qu'il n'a pas affaire directement au sensible, mais à l'apparence du sensible, laisse aucontraire l'objet à sa liberté.
Il ne consomme pas, il ne détruit pas, il contemple, il laisse l'objet, l'être vivant, la personne à sapropre vie.
Et contrairement à la science, l'art n'efface pas les individualités au profit des généralités.
3 UN APERÇU D'UNE DIALECTIQUE DU BEAU
Le problème de l'esthétique est de lier deux faces essentielles mais apparemment contradictoires : 1) l'art est émanationd'une idée, d'une vérité absolue; 2) l'art doit se donner dans un concret sensible, individuel.
C ela conduit à une troisièmeexigence : 3) la rencontre entre l'Idée et l'objet sensible, entre le fond et la forme, ne doit pas apparaître comme arbitrairemais comme entièrement nécessaire.
La forme doit être le fond ; le fond doit naître de la forme.Hegel distingue trois grandes étapes dans l'histoire de l'art :
1.
l'art symbolique ou oriental dont la volonté d'infini, qui ne trouve pas matière à sa taille, violente,les formes, dans legrandiose, le sublime, le monumental, le symbolisme.
« On obtient ainsi des géants et des colosses, des statues aux centbras et aux cent poitrines...
» [Op.
cit., p.
113) ;
2.
l'art classique est au contraire marqué par un équilibre parfait entre la forme et le contenu.
Hegel vise l'art grec, dont lafigure centrale est le corps humain ;
3» l'art romantique est marqué par une nouvelle rupture entre la forme et le fond.
Son coeur, c'est la subjectivité, l'intériorité.La tension qui l'habite ne peut se résoudre qu'à un stade supérieur, qui nous obligerait à sortir de la sphère de l'art.
« C'esten ce sens qu'on peut dire que l'art romantique est un effort de l'art de se dépasser lui-même, sans toutefois sortir des limitesmêmes de l'art.
» (Op..
cit., p.
118)
En résumé, « l'art symbolique est encore à la recherche de l'idéal, l'art classique l'a atteint et l'art romantique l'a dépassé.
»[Op.
cit., p.
120).
»
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