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Franz Schubert par Dr Willi Reich " Que faire après Beethoven ?

Publié le 23/05/2020

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SCHUBERT Franz Peter. Musicien autrichien. Né et mort à Vienne (31 janvier 1797-19 novembre 1828). Fils d’un pauvre maître d’école du faubourg populaire de Lichtenthal, il montra dès son enfance des dons musicaux extraordinaires; son père sut reconnaître sa vocation et lui enseigna les rudiments. Ayant obtenu par concours une place de soprano dans le chœur de la Chapelle impériale, Schubert, en octobre 1808, fut admis comme élève au « Stadtkonvikt » (collège musical municipal), où sa précocité continua d’étonner ses maîtres, parmi lesquels le fameux Antonio Salieri, directeur du collège, qui donna à Franz des leçons d’orgue et de contrepoint. C’est à l’âge de quatorze ans, le 30 mars 1811, que le jeune homme composa son premier lied. En 1813, sa voix ayant mué, Schubert dut renoncer à faire une carrière de chanteur à la Chapelle impériale et il quitta le Stadtkonvikt. Sans argent, et menacé par la conscription de partir prochainement pour le service militaire (qui durait alors quatorze ans !), Franz, suivant les conseils de son père, consentit à passer l’examen d’aide-instituteur (à cette charge était attaché le privilège d’une exemption militaire). Il fut reçu et, trois années durant, avec le plus vif dégoût, rétribué par un dérisoire salaire, il s’exténua à enseigner l’alphabet et le calcul élémentaire aux écoliers de Lichtenthal qui, selon la légende, étaient de véritables garnements et firent beaucoup souffrir le petit aide-instituteur. Celui-ci ne trouvait de consolation que dans la musique. Il se mit à composer, dans tous les genres, avec une véritable frénésie et aucune autre année de sa vie n’égalera en fécondité la fameuse année 1815, qui vit naître quatre opéras-comiques, deux Symphonies, deux messes, dont la Messe en sol majeur, deux Sonates pour piano , un des Quatuors, de multiples pièces pour piano et surtout cent quarante-quatre Lieder, parmi lesquels quelques-uns des plus célèbres, tels que Marguerite au rouet , composé en octobre 1814, et Le Roi des Aulnes. En 1817, Schubert abandonna son poste à l’école de Lichtenthal et quitta la maison familiale. Un de ses amis, Franz von Schober, lui trouva une petite chambre et lui apporta son aide pécuniaire. Désormais, jusqu’à sa mort, Schubert traîna dans la capitale une vie de bohème assez médiocre, égayée seulement par quelques fidèles amitiés, avec les poètes Mayrhofer et Grillparzer, avec le dramaturge Bauernfeld, avec le baron de Schoenstein, Schwind, Franz Lachner, etc., par des soirées de beuverie dans les tavernes, des parties de campagne dans la banlieue viennoise et, l’été, plusieurs séjours dans la province hongroise à Zelesz, dans les domaines de la famille Esterhazy, auprès de laquelle Franz remplissait un emploi de maître de musique. Au cours de l’été de 1819, en compagnie d’un des plus célèbres chanteurs de l’époque, le ténor Michel Vogl, il fit aussi une brève tournée en Autriche du Nord et dans le Tyrol. Jamais de son vivant Schubert ne parvint à se faire vraiment apprécier du grand public de la capitale danubienne ni même des musiciens professionnels, pour la plupart complètement italianisés. Ses lieder étaient chantés dans des soirées musicales privées, mais ils ne trouvaient pas d’éditeurs et Schubert ne cessa jamais, en dépit de son étonnante fécondité, de se débattre dans de grandes difficultés matérielles. Il est vrai que ce n’était point de ses lieder qu’il attendait gloire et profit, mais du théâtre, pour lequel il se croyait une vocation. Grâce à l’influence de son ami Vogl, il parvint, en 1820, à faire représenter, le 14 juin, Les Jumeaux au Kärtnertor-Theater et, le 19 août, La Harpe enchantée au théâtre « An der Wien ». En 1854, Liszt donnera à Weimar l’opéra de Schubert Alfonso et Estrella , composé en 1821-1822. Mais, en dépit de ces quelques représentations, aucun de ses vingt-deux opéras n’a pu survivre, à l’exception toutefois de Rosemonde , princesse de Chypre, qui fut représenté à Vienne, le 20 décembre 1823. Plus malheureux encore, mais beaucoup plus injuste, fut le sort des Symphonies de Schubert. Les deux plus célèbres ne furent jamais exécutées de son vivant : la dernière la Grande Symphonie en ut majeur, que Schubert écrivit en 1828, quelques mois seulement avant sa mort, fut conservée par son frère Ferdinand chez lequel Schumann devait la retrouver, dix ans plus tard : elle fut exécutée, le 21 mars 1839, sous la direction de Mendelssohn, lors d’un des concerts du « Gewandhaus » de Leipzig. Quant à la Symphonie n 8 en si mineur, l’admirable « inachevée », elle fut révélée au public beaucoup plus tard encore : écrite en 1822 et envoyée par Schubert à la société musicale de Styrie en guise de remerciement pour sa récente élection de membre honoraire de cette société, elle fut jugée « emphatique » par les amateurs de Graz, qui renoncèrent a l’exécuter. Un double de la partition avait été heureusement conservé par un ami de Schubert qui, en 1865 seulement, soit quarante-trois ans après sa composition, remit l’œuvre au chef d’orchestre viennois Her-beck. A l’exception de la Symphonie n° 4 en ut mineur de 1816 et de la Symphonie n° 5 en si bémol majeur, que le disque commence à faire connaître, on ne joue guère les premières symphonies de Schubert. Il faut avouer qu'elles ne comptent guère dans l’histoire de la symphonie ni même dans l’histoire de l’œuvre schubertienne. Elles restent entièrement sous l’influence des maîtres du XVIIIe siècle, avec lesquels elle sont loin cependant de pouvoir rivaliser. Très curieuse est l’absence complète d’influences beethovéniennes qui révèle non pas une ignorance inimaginable de Schubert, mais plutôt le sentiment d’écrasement qu’il a toujours éprouvé, comme symphoniste, devant l’ombre colossale, toute proche de lui (il habitait à quelques centaines de mètres de la maison de Beethoven, mais n’osa jamais aller rendre visite à ce dernier; et il n’est pas sûr que Beethoven ait jamais entendu une œuvre de son jeune compatriote). « Parfois je me crois capable de faire quelque chose, écrivait un jour Schubert; mais qui peut prétendre à cela après Beethoven ? » Outre cette sorte d’inhibition, Schubert qui connaissait les lacunes de sa culture purement technique, se savait gêné, dans le domaine de la musique symphonique, par ces qualités mêmes d'instinct et de spontanéité qui font son génie comme auteur de lieder, mais trouvent également leur expression dans les œuvres de musique de chambre. Celle-ci au temps de Schubert, était à Vienne une véritable passion populaire. Il s’était formé dans la capitale autrichienne de nombreux petits ensembles d’amateurs : la famille Schubert avait le sien, dans lequel Franz tenait sa partie (le violon) avec ses frères et son père. C’est pour cet ensemble que Schubert écrivit de nombreux chefs-d’œuvre, en particulier son Quatuor en mi bémol op. 125 (1813). Toutefois, dans le domaine de la musique de chambre comme dans celui de la symphonie, on constate chez Schubert un progrès continuel : les plus beaux des quinze Quatuors datent des dernières années de la vie du musicien, en particulier le Quatuor en la mineur, composé en 1824 pendant un séjour chez le comte Esterhazy, a Zelesz, ce qui pourrait expliquer les nombreuses allusions à des airs populaires hongrois dans le finale; le Quatuor en ré mineur, dit La Jeune Fille et la Mort, de 1824, représenté en 1826; enfin l’ample et fiévreux Quatuor en sol majeur, composé en 1826. Dans le vaste inventaire de la musique de chambre schubertienne, il faut au moins citer encore : les Trios — en particulier les trios avec piano n° 1 en si bémol op. 99 et n° 2 en mi bémol op. 100 (1827), le Quintette de la truite ou Quintette en la majeur (1819), le Quintette à cordes en ut majeur (1828), le magnifique Octuor en fa, composé en 1824, mais qui ne fut connu qu’en 1853, les Sonatines pour piano et violon (1825), etc. Quant à la musique de piano, elle comprend d’abord le premier groupe des Impromptus (1826 -1828) — genre encore tout nouveau à l’époque de Schubert qui, libéré de toute formule stricte, peut se livrer ici en toute insouciance à son génie d’improvisateur, des Moments musicals (sic) (1828), des Valses, des Marches (dont les célèbres « Marches militaires »); puis le groupe des Sonates pour piano. Quel que soit l’agrément de ces œuvres pour piano, il ne saurait pourtant être question de les égaler à la Symphonie « inachevée », ni même aux lieder. Mais c’est par elles que les Viennois connaissaient Schubert, en qui ils ne voulaient voir qu’un improvisateur de talent. Quelques mois seulement avant sa mort, Franz put enfin donner, avec un certain succès, son premier concert public. Il commença alors à recevoir des offres d’éditeurs. Mais dès 1823 sa santé était profondément ébranlée et c’est à l’hôpital qu’il écrivit plusieurs des tendres et transparents lieder du cycle intitulé La Belle Meunière. Son état parut cependant s’améliorer, quoique d’inquiétants symptômes nerveux subsistassent, aggravés au mois de mars 1827 par la mort de Beethoven, qui bouleversa Schubert; celui-ci vécut désormais hanté par des pressentiments funèbres dont on retrouve les échos poignants dans un nouveau cycle de lieder, Le Voyage d’hiver . Il ne put profiter de la faveur que lui avait valu son concert. Au mois de septembre 1828, alors qu’il venait de s’installer chez son frère Ferdinand, il tomba malade, et mourut deux mois plus tard, emporté par le typhus. Selon son désir, il fut enterré non loin du tombeau de Beethoven et son ami le poète Grillparzer prononça au cimetière son oraison funèbre. Schubert n’a pas eu les prestiges de l’amour, comme un Liszt, de l’exil, comme un Chopin, de la folie, comme un Schumann. Malheureux, sans cesse traqué par le besoin d’argent, il n’a pas su — il n a même pas songé — comme Berlioz, à tirer de ses échecs une biographie légendaire. Il n’a même pas été détesté. Il a été obscur, et ne semble pas avoir fait beaucoup d’efforts pour sortir de son obscurité. Même pas misérable, mais commun, banal, englué dans une médiocrité petite bourgeoise que peut-être il ne trouvait pas tout à fait désagréable. Un raté ? C’est ce que pouvaient croire, de son vivant, ses meilleurs amis; c’est peut-être ce que lui-même a cru parfois. Seulement ce « raté » a écrit, à la diable, et comme sans s’en rendre compte, une œuvre immense. Et d’abord par la quantité : quand Schubert meurt, à trente et un ans, il laisse neuf symphonies, quinze quatuors, douze opéras, six messes, un Oratorio, de somptueuses œuvres chorales, parmi lesquelles Le Chant de victoire de Myriam [ 1828], le Chant des esprits sur les eaux [ 1821], Hymne au Saint-Esprit, etc., une masse d’œuvres pour le piano et plus de six cents lieder... Ce petit personnage gras et mou, qui semble se laisser porter par la vie, de tous les grands romantiques le plus dépourvu assurément de « volonté de puissance », c’est pourtant lui oui a laissé des exemples de fécondité inégalés dans toute l’histoire de la musique, composant couramment cinq lieder par jour — il lui est arrivé d’aller jusqu’à dix, le 19 septembre 1815. C’est lui encore, ne sachant à peu près rien hors la musique, d’une inculture littéraire étonnante, faisant par exemple du Dernier des Mohicans son livre de prédilection, qui a su comprendre et restituer profondément les plus hauts chefs-d’œuvre du lyrisme allemand et qui a donné leur vraie immortalité à tant de poèmes de Gœthe, de Schiller, de Heine. Schubert présente ainsi, en quelque sorte, le cas extrême du risque couru par tout grand créateur : une vie mangée par l’œuvre, par tous les philtres et les démons du rêve. Et cependant peu de musiciens romantiques ont été aussi « enracinés ». Cette très grande part d’attitude et de littérature qu’il y a dans le nationalisme musical d’un Chopin ou d’un Liszt, on n’en trouve nulle trace chez Schubert. Il est né paysan (son grand-père travaillait encore la terre). Il est paysan dans sa lourde corpulence, dans sa manière de se vêtir, dans cette gaucherie qui l’accable lorsqu’il va dans le monde et qui lui a fait tant de tort. Pourquoi cependant, dans l’œuvre de cet artiste dont la vie timide est restée circonscrite par les coteaux du vignoble viennois, voit-on si souvent revenir Te thème du voyage ? Ainsi dans tant de titres des lieder : Le Voyageur, En voyage , Chant nocturne du voyageur , Le Voyageur à la lune, etc., et non pas exactement : voyage, non pas : reisen mais : wandern, c’est-à-dire aller on ne sait où et on ne sait pourquoi : le voyage sans but, l’errance — cette sorte d’irrésistible et mystérieuse poussée nomade qui se réveille si facilement dans le cœur germanique, un voyage qui ressemble assez à la fuite intérieure d’une âme harcelée par une obsédante Présence. On est alors frappé de l’allure involontaire, dictée, et comme médiumnique de tant de pages de la musique de Schubert. Celui-ci, dans tous les genres qui demandent réflexion, construction, effort conscient et de longue durée, la symphonie et l’opéra en particulier, est imparfait et parfois même franchement médiocre. Où il excelle, c’est dans le lied, courte pièce qui vaut d’abord par la pureté de l’inspiration, la fraîcheur de l’impression, c’est-a-dire par les qualités réceptives, passives, de l’artiste. Dans l’histoire de la musique, Schubert est le premier compositeur (mais chez lui, était-ce audace ? n’était-ce pas plutôt abdication, renoncement ?) qui ait osé se vouer entièrement au monde trouble des « dieux d’en bas », des forces inconnaissables et obscures. Il ne serait pas suffisant de dire que, dans le cas de Schubert, l’œuvre reste en marge de la vie; c’est de l’échec même de la vie, du renoncement de l’artiste à la vie que l’œuvre, ici, n’a cessé de se nourrir. Aussi, dès le début, par son mouvement essentiel, se trouve-t-elle orientée vers la mort; les instants de bonheur, chez Franz Schubert, ne sont que des distractions toujours rapidement recouvertes d’ailleurs par la nostalgie et la mélancolie qui tissent la toile de fond des lieder et de la musique de chambre. N’est-ce pas Schubert lui-même qui nous en a averti ? « Mes créations musicales sont filles de l’intelligence de ma douleur, écrit-il; et celles que ma douleur a engendrées sont aussi celles qui semblent apporter le plus de plaisir à qui les écoute. »

« Franz Schubert. »

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