Franz Mesmer
Publié le 16/05/2020
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Franz Mesmer1734-1815
Une personnalité singulière de la deuxième moitié du XVIIIe siècle est celle de Franz-Anton Mesmer, qui découvrit le "magnétismeanimal".
Vénéré comme maître et prophète par de nombreux disciples, raillé et combattu par ses adversaires comme escroc etcharlatan, son caractère est resté l'objet d'appréciations diverses dans l'histoire des systèmes médicaux.
Mesmer naquit dans le petit village d'Iznang, sur les rives de l'Untersee, partie inférieure du lac de Constance.
Son père, forestier etchasseur de l'évêché (sa mère était née Michel), l'annonça le 23 mai 1734 au curé de Weiler pour le baptême.
Franz-Anton passa sespremières années dans cette contrée qui devait inciter son esprit éveillé à l'étude de la nature.
Alors qu'il fréquentait encore l'école duvillage, il reçut, grâce à l'intervention du curé Milegg, des leçons de latin et de musique dans un monastère du voisinage.
De sadouzième à sa seizième année, il fréquenta le collège des jésuites de Constance, entra ensuite à l'université des jésuites de Dillingenet, pour finir, à l'université d'Ingolstadt.
C'est là que le jeune homme, destiné à la théologie, semble avoir passé son doctorat enphilosophie.
Mais en 1759 nous le trouvons à Vienne, où il s'était mis à l'étude de la médecine.
Vienne était alors l'un des centres les plus renommés de la science médicale.
Les maîtres de Mesmer étaient le célèbre van Swieten, deHæn, StOerk et d'autres célébrités de la médecine.
A l'âge de trente-deux ans, Mesmer obtint le grade de docteur en médecine.
Sathèse avait pour titre : De Planetarum Influxu.
Mesmer s'efforçait d'y démontrer que le corps humain subit, de même que la marée,l'influence des astres, laquelle détermine la santé et la maladie.
Notre docteur épousa une veuve riche qui possédait une superbe maison à la Landstrasse, où Mesmer ouvrit son cabinet deconsultations.
D'abord, il chercha, suivant l'exemple d'un Anglais itinérant, à obtenir au moyen d'un aimant l'amélioration de l'état d'unejeune fille tourmentée de "crises douloureuses" et il parvint à la guérir.
C'est grâce à de telles cures magnétiques, sur lesquelles il negardait pas le silence, qu'il se fit connaître.
Cependant, bientôt il remarqua que l'aimant n'était pas nécessaire.
Il inventa donc sapropre méthode et obtint les mêmes succès par l'imposition ou même simplement par l'approche de ses mains.
Il nomma la forcemanifestant ainsi son effet : "magnétisme animal".
En peu de temps, le clientèle afflua chez le nouveau docteur-miracle.
Il entreprit aussi des voyages de consultations et sa maison étaitcontinuellement remplie de patients qui espéraient être guéris par cette nouvelle méthode.
Mais il n'arrivait pas à obtenir ce qui luitenait le plus à cOeur, c'est-à-dire la reconnaissance officielle de sa découverte par la Faculté de médecine.
Son maître StOerck lui-même, auquel l'unissaient des liens d'amitié, devint son adversaire.
La Faculté déclara que ses succès étaient dus à la puissance del'imagination.
Et lorsque l'affaire Paradis, qui avait engendré un violent conflit d'opinions, menaça de tourner au scandale, Mesmerquitta Vienne.
Mesmer se rendit alors à Paris.
Cette ville frivole et inconsciente, avide de sensations, était le vrai terrain du magnétisme animal.
Làoù, sous le nom de comte de Cagliostro, Giuseppe Balsamo se livrait à ses exploits et longtemps séduisit les crédules, Mesmer trouva,lui aussi, rapidement des disciples.
Ses débuts furent modestes mais, grâce à une réclame tapageuse, il vit au bout de peu de tempsses salles se remplir d'une foule de patients.
Il devint de bon ton de se faire magnétiser chez lui.
Il inventa les baquets remplis "d'eaumagnétique" d'où s'élevaient des baguettes en métal dirigées par les patients, assis en cercle autour du baquet, vers les "pôles" ducorps, lesquels étaient également une de ses trouvailles.
Les patients formaient, en outre, une chaîne en se tenant par le pouce.
Avecune foule pareille, il était inévitable que, pendant ces séances qui souvent duraient des heures, l'une ou l'autre des patientes devînt laproie d'une crise d'hystérie.
L'exemple était contagieux ; on riait, on pleurait, on criait, on chantait, on avait des convulsions et on seroulait par terre...
Afin de rendre le tout encore plus impressionnant, Mesmer jouait du vermillon ; plus tard, il engagea un petitorchestre.
Secondé par ses élèves, il magnétisait aussi personnellement certaines clientes et il paraît que ces sujets se recrutaient, depréférence, parmi les jeunes et jolies femmes.
A côté de disciples qui avaient en lui une confiance absolue, Mesmer avait aussi beaucoup d'adversaires.
Il est vrai que la Faculté deParis institua une commission spéciale à laquelle fut confié l'examen du magnétisme animal, mais les membres de cette commission nepurent constater aucun fluide.
Cette hostilité se manifestait aussi en dehors de la Faculté : nous avons sous les yeux une brochureintitulée : Mesmer justifié, qui est une mordante satire de toute son activité.
Bien que Mesmer lui-même ait cru en sa découverte, son comportement à Paris ne le distinguait guère d'un charlatan ; il lui arriva, parexemple, d'annoncer qu'il avait magnétisé un arbre dans une promenade, afin qu'en l'embrassant les patients pauvres puissent profitersans frais de la vertu de guérison qui en émanait.
Finalement, Mesmer quitta Paris avant le début de la Révolution, et semble avoir voyagé pendant quelque temps.
Plus tard, nous leretrouvons à Vienne, où il est mêlé à une affaire connue sous le nom de conspiration des Jacobins viennois et avait à sa tête le baronRiedel, une de ses connaissances.
Mesmer fit à cette occasion quelques mois de prison et fut relâché faute de preuves mais relégué surles rives du lac de Constance.
Le village thurgovien de Wagen-hausen lui offrit asile pour un certain temps et il acquit en 1794 le droitde bourgeoisie du canton de Thurgovie.
Il recevait des visites d'amis et de voyageurs et menait une vie tranquille et retirée.
En 1799, iltenta de recouvrer à Paris sa fortune perdue lors de la révolution.
En 1802, il retourna définitivement sur les bords du lac deConstance.
Il passa ses dernières années à Meersburg et y mourut à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Le mesmérisme, nom donné à sa méthode, fut à proprement parler une épidémie psychique, semblable aux cortèges des flagellants dumoyen âge et au somnambulisme du XIXe siècle (avec son parallèle le spiritisme), ainsi qu'aux représentations hypnotiques.
Ce furentClaude Bernard, Aug.
Forel et d'autres qui firent la lumière sur ces phénomènes.
Le mot du psychiatre bernois Paul Dubois est toujoursvrai : "La suggestibilité de l'homme n'a pas de limites.".
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